Premier long métrage d’Antoine de Bary, Mes jours de Gloire évoque avec humour un passage à l’âge adulte compliqué, où le sens des responsabilités devient une utopie. Qui de mieux que Vincent Lacoste pour endosser le rôle principal d’un quasi trentenaire paumé ? Antoine de Bary et Vincent Lacoste étaient tous deux présents au festival Travelling 2020 à Rennes. Unidivers les a rencontrés.
Adrien Palatine (Vincent Lacoste) vient de fêter ses 27 ans. Peter Pan parisien, le jeune homme, qui avait connu un succès en tant qu’acteur quand il était petit, se retrouve complètement fauché, évitant toute confrontation avec la moindre de ses responsabilités. La caméra le suit, pendant 1h40, face à ses échecs : du retour chez ses parents (Emmanuelle Devos et Christophe Lambert), en passant par ses problèmes d’érection et un costume (trop grand) du général de Gaulle.
« Bonjour, je m’appelle Antoine, j’ai réalisé Mes jours de gloire, c’est mon tout premier film. C’est une découverte pour moi et je ne sais pas quoi dire d’autre pour me présenter. »
Antoine de Bary approche la trentaine, il a été chouchouté dans son enfance et sa mère est psy (comme Adrien). Il y a un air de déjà vu. L’idée de Mes jours de gloire germe dans la tête du réalisateur 5 ans plus tôt. Il sort alors en 2016 un court métrage : Enfance d’un chef. Le rôle principal ? Vincent Lacoste. L’histoire ? Un jeune, la vingtaine, qui doit apprendre à vivre sans ses parents, alors même qu’il obtient le rôle principal d’un biopic de Charles de Gaulle, jeune. « La ressemblance avec de Gaulle et Vincent est trop magique » précise Antoine de Bary avec enthousiasme. Mais 15 minutes pour raconter une histoire, c’est trop court pour lui : « Tout à coup, j’avais plutôt envie d’en faire un film dramatique sur le passage à l’âge adulte » Entre Enfance d’un chef, Mes jours de gloire, et la vie du réalisateur, on peut jouer au jeu des 7 ressemblances.
Pour sa première comédie parisienne, Antoine de Bary s’est appuyé sur ses amis: « La création d’un long c’est quelque chose de tellement vaste et de vertigineux qu’il faut un point d’accroche. Je travaille avec les producteurs depuis toujours, avec Vincent ça fait longtemps qu’on se connaît, Ulysse Cottin (musique du film, ndlr) est un de mes meilleurs potes d’enfance … Quand on est avec des gens familiers, on se sent plus forts. »
Titre ironique minutieusement choisi, le film (on s’en doute) ne raconte pas les vrais jours de gloire d’Adrien Palatine. « En tant qu’enfant unique, le personnage principal est sur un piédestal toute sa jeunesse, et ce d’autant plus qu’il avait eu du succès, enfant. » Alors, quand il faut grandir, c’est la chute. « On raconte souvent ce passage à l’âge adulte illustré de petites fleurs auréolées de choses magiques, comme quoi grandir c’est merveilleux, on a une voiture, un travail, etc. On ne raconte pas assez ce moment de vertige qu’il peut y avoir. »
Le réalisateur souhaite inscrire le film dans le réel : « En France je suis souvent choqué quand, dans les films, il y a un mec qui vit au SMIC et qui habite dans 300 m2, à Paris. » La métaphore d’une période d’échec est filée tout au long du film à travers un problème d’impuissance angoissant. Vincent Lacoste et Antoine de Bary sont d’accord : « On vit dans une société extrêmement patriarcale. Petits, nos héros c’était des mecs comme Rambo ».
Adrien est l’incarnation même de l’antihéros. La nonchalance a un visage et Vincent Lacoste l’interprète très bien. Trop bien peut-être, à un point où on aimerait bien rentrer dans l’écran et secouer Adrien. Et secouer son père aussi. Tant qu’à faire. Le métier d’acteur dépend du désir des autres. Mais le protagoniste ne désire même plus, impuissant face à tout.
Si le film fait rire par l’absurdité de certaines situations, le scénario gêne un peu. Il faudrait que le monde du Tout-Paris tourne autour d’Adrien et de ce qu’il y a sous sa braguette, pendant 1h40. Cette vision nombriliste d’un « inadapté », comme aiment le dire Antoine de Bary et Vincent Lacoste, ne reste qu’un échantillon d’un adulescent qui pourrait s’en sortir s’il s’en donnait davantage les moyens. Et c’est frustrant.
Mes jours de Gloire. Réalisateur : Antoine De Bary. Durée : 99 minutes. Sortie nationale le 26 février 2020.
Acteurs : Vincent Lacoste, Emmanuelle Devos, Christophe Lambert, Noée Abita
Genre : Comédie dramatique.
Prix / Festival : Sélection Orizzonti à la Mostra de Venise 2019.
EQUIPE TECHNIQUE :
Réalisateur : Antoine de Bary
Acteurs : Vincent Lacoste, Emmanuelle Devos, Christophe Lambert, Noée Abita
Production : Mourad Belkeddar, Nicolas Lhermitte, Charles-Marie Anthonioz, Jean Duhamel et Elias Belkeddar
Photographie : Nicolas Loir
Son : Arthur Simonini
Montage : Joëlle Hache