On connaissait le covoiturage, et même le cobaturage. Voici le dernier né de la famille collaborative : le copiétonnage. Lancé il y a quelques mois, l’application web et mobile Mon Chaperon propose un service pour raccompagner ou se faire raccompagner.
Chaperon, nom masculin : se dit d’une personne qui accompagnait dans le monde une jeune fille, le plus souvent pour la protéger et la surveiller. Que dire alors de cette application Mon Chaperon ? Délègue-t-elle à la technologie la fonction de chaperonnage ? Est-elle destinée, encore, à surveiller les jeunes filles ? Il convient de ne pas prendre au pied de la lettre cette nouvelle application web et mobile. Créé par Fabien Boyaval à Montpellier, Mon Chaperon a gagné Paris puis les grandes métropoles françaises. Et, au passage, présente un nouveau concept emprunté au covoiturage et autre phénomène dit collaboratif. Efficace ?
Il suffit de télécharger gratuitement l’application et de créer un profil. Envie de copiétonner ? L’utilisateur note son départ et sa destination puis choisit un chaperon parmi une liste. Il est possible de choisir son chaperon parmi des profils. Si aucun chaperon n’est disponible à cette heure ou à cet endroit, demeure la possibilité de copiétonner avec une autre personne cherchant elle aussi son chaperon. Autre alternative : devenir chaperon et indiquer son trajet sur son profil. Se faire raccompagner par un ami ou une simple connaissance n’est pas nouveau : Mon Chaperon réalise technologiquement un phénomène déjà préexistant. Comme le covoiturage, d’une certaine manière, a remplacé le stop ou le cobaturage le convoyage.
Voilà sans doute la nouveauté, et en même temps le souci, de Mon Chaperon. Ce chaperon 2.0 n’a plus rien à voir avec l’ancien chaperon : il n’est sélectionné que sur la base d’un profil virtuel. L’utilisateur ne saura pas précisément, avant de le voir, ce qu’il est vraiment, ni quelles sont ces intentions. On pourrait même aller jusqu’à se demander si Mon Chaperon ne ferait pas office, pour certains, de site de rencontres. L’échange relationnel risque même d’être déréalisé par la technologie. D’ailleurs, si le chaperon peut chaperonner gratuitement, il peut également devenir chaperon pour obtenir un complément de revenu. L’ubérisation toucherait-elle jusqu’à la promenade nocturne ? Copiétonner coûte moins cher que de prendre un taxi et favorise ceux qui ne peuvent se payer un Uber. Au-delà de ces considérations financières, on pourrait reprocher à Mon Chaperon son discours alarmiste : l’application se pose en rempart contre l’insécurité, tout en précisant n’être pas un service de sécurité. De même, il paraît étrange de souhaiter toucher un public féminin en réactivant le terme même de chaperon. Piétons, piétonnes de tous les pays, unissez-vous !
Consulter le site de Mon Chaperon