Cet été, Unidivers vous embarque dans ses valises et vous fait voyager avec lui… aujourd’hui Montauban, dans le Tarn-et-Garonne ! Avec l’exposition Ingres et Delacroix-Objets d’artistes, le musée Ingres Bourdelle invite, jusqu’au dimanche 10 novembre 2024, le public à entrer dans l’univers de deux des plus célèbres peintres du XIXe siècle : Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) et Eugène Delacroix (1798-1863).
Après avoir été présentée à Paris du 27 mars au 10 juin 2024, l’exposition Ingres et Delacroix-Objets d’artistes est à découvrir en version adaptée au musée Ingres Bourdelle de Montauban, en partenariat avec le musée du Louvre et le musée Eugène-Delacroix de Paris. La version est enrichie d’une cinquantaine d’œuvres, pour un total de 173 œuvres à découvrir. Florence Viguier-Dutheil et Claire Bessède, commissaires de l’exposition, ont choisi une thématique plus intimiste à travers les objets et les goûts personnels des deux peintres, pour leur permettre de prendre une dimension humaine incarnée.
L’exposition explore dans le détail l’univers des deux géants de la peinture qu’une génération sépare. Ils ont cependant tous les deux traversé l’art du XIX siècle et la bataille entre le néoclassicisme et le romantisme.
Des objets prennent vie et racontent leur intimité d’homme et d’artiste : des objets familiers et du quotidien, des objets décoratifs, des souvenirs de voyage et bien sûr ceux de leur création : des palettes, des pinceaux, des chiffons, tous les accessoires et meubles à peintures. Des vues d’ateliers ou encore des tableaux représentatifs de leur art, des différents portraits des deux peintres, des images et des caricatures qui illustrent leur affrontement sont également exposés ! Tous ces objets montrent aux visiteurs les différences mais aussi les rapprochements inattendus des deux artistes, d’une autre manière !
Les visiteurs apprennent par exemple que Jean-Auguste-Dominique Ingres aimait s’entourer de moulages d’antiques et de vases grecs, qu’il vouait un véritable culte au peintre italien Raphaël (1483-1520). Le public peut admirer une grande amphore qu’il avait offert à Madeleine son épouse, une couronne de laurier dorée et aussi son violon.
Ils retiendront aussi que Eugène Delacroix avait conservé des objets rapportés de son voyage au Maroc : son pot à tabac en forme de poisson et un encrier d’enlumineur en faïence de Fès et qu’il se passionnait pour l’Orient et pour les bibelots animaliers.
Portrait de ces deux peintres du XIXe siècle
Même si l’anticipation de Jean-Auguste-Dominique Ingres et la fougue d’Eugène Delacroix s’opposent, les deux artistes partagent la même rigueur. En 1855, lors de la première Exposition Universelle de Paris, les deux peintres arborent une médaille d’or.
Jean-Auguste-Dominique Ingres vient au monde à Montauban le 29 août 1780. Son père est peintre et sculpteur. Il enseigne à son fils la peinture et le piano dès l’âge de onze ans. Jean-Auguste-Dominique Ingres entre à l’Académie royale de Toulouse en 1797 et suit les cours du peintre néoclassique Jacques-Louis David. A 21 ans, Les Ambassadeurs d’Agamemnon lui valent le prix de Rome. En 1806 Jean-Auguste-Dominique Ingres rejoint la Villa Médicis, dans laquelle il séjourne quatre ans. Il exerce son art essentiellement en exécutant des portraits. A Rome, il découvre sa source d’admiration et d’inspiration dans les œuvres du peintre Raphaël. Cette période est très féconde et lui permet d’affermir son style. Il peint la Grande Odalisque en 1814, il prend le parti de l’esthétique et du style contre le réalisme. Pour atteindre un dessin parfait, il allonge le dos de la femme nu avec trois vertèbres. En France, cette toile reçoit un accueil mitigé ! Imprégner de la culture italienne d’une part et d’autre part en raison de l’absence de succès rencontré en France, le peintre s’installe à Florence en 1820.
Cependant, cette même année, le gouvernement français lui commande Le Vœu de Louis XIII. Jean-Auguste-Dominique Ingres mettra quatre années pour honorer la demande et présenter son tableau au Salon de 1824. La critique annonce enfin le succès et le retour de l’artiste à Paris, qui y installe son atelier. Il va former des peintres tels Hippolyte Flandrin (1809-1864). Au Salon de 1827, l’opposition entre le néoclassique et le romantique trouve son expression dans l’affrontement entre son l’Apothéose d’Homère et la Mort de Sardanapale d’Eugène Delacroix. Jean-Auguste-Dominique Ingres devient chef de file des académiques, mais après dix ans sans embûches, le succès s’arrête violemment car le Martyre de Saint Symphorien se heurte à un mauvais accueil. Vexé, l’artiste décide de repartir en Italie et accepte en 1835 la direction de la Villa Médicis. De retour en France en 1841, il poursuit la réalisation de portraits tout en consacrant une part de son temps à l’art décoratif. La pureté de ses dessins illumine ses toiles, à l’image de la Comtesse d’Haussonville en 1845 ou Vénus Anadyomène en 1848. En 1862, il réalise avec le Bain Turc un de ses plus beaux tableaux. Devenu le maître néoclassique, certaines de ses œuvres provoquent un scandale. Il réalise aussi une importante série de toiles religieuses restée inachevée. Jean-Auguste-Dominique Ingres meurt le 14 janvier 1867 à l’âge de 86 ans dans le 7e arrondissement de Paris. Il repose au cimetière du Père Lachaise à Paris.
Eugène Delacroix est né le 26 avril 1798 à Charenton-Saint-Maurice dans le département du Val de Marne. Son père est avocat et député, puis ministre des affaires étrangères. Le jeune Eugène Delacroix suit d’abord une formation musicale. Mais quand il a 16 ans, son oncle Henri-François Riesener, car il a perdu ses parents, l’incite à intégrer l’atelier du peintre Pierre-Narcisse Guérin. Malgré son apprentissage technique assez limité, Eugène Delacroix rencontre un immense succès lorsqu’il expose au Salon sa première grande toile La Barque de Dante. Pour beaucoup, il incarne une nouvelle génération d’artistes en s’éloignant progressivement des thèmes classiques. Son œuvre est plus moderne. Eugène Delacroix développe une esthétique qui lui est propre et devient une tête de file du romantisme. À l’âge de 40 ans, sa réputation est établie. Il reçoit d’importantes commandes de l’État. Il peint sur toile et décore les murs et plafonds des monuments publics.
Les compositions d’Eugène Delacroix sont synonymes de désordre, de liberté et de couleurs propres au romantisme. Son œuvre la plus célèbre est La Liberté guidant le peuple de 1830, un grand symbole de la démocratie. À travers son œuvre, Eugène Delacroix se livre sur ses sentiments intérieurs et réalise des œuvres vigoureuses qui reflètent ses états d’âme dans une société confrontée aux guerres impériales et aux combats révolutionnaires. Au début des années 1830, Eugène Delacroix réalise un voyage en Afrique du Nord et s’oriente vers la peinture orientaliste. Il découvre les harems, les femmes et les hommes avec leurs couleurs et leurs costumes traditionnels, toute une culture qui est pour lui une véritable source d’inspiration. À cette époque, il crée un grand nombre de croquis d’aquarelles et de toiles qui ont pour thèmes les scènes et paysages marocains et algériens. Eugène Delacroix meurt d’une crise d’hémoptysie provoquée par la tuberculose le 13 août 1863 à Paris, à l’âge de 65 ans. Il repose au cimetière du père Lachaise à Paris. Eugène Delacroix est toujours un peintre très apprécié en Afrique du Nord.
INFOS PRATIQUES
Exposition Ingres et Delacroix-Objets d’artistes, jusqu’au 10 novembre 2024
Musée Ingres Bourdelle – 19, rue de l’Hôtel de Ville à Montauban (82)
Contact : 05 63 22 12 91