Tout le monde s’accorde sur un point en matière d’utilisation des « Navigateurs » internet : l’ère d’Internet Explorer est terminée. Mais doit-on s’en réjouir ? L’offre a beau être pléthorique, la navigation internet a beaucoup changé et pas toujours en bien…
Une nouvelle répartition
Selon les zones géographiques, les habitudes sont totalement différentes. Le smartphone continue a conquérir des parts de marché, mais les utilisateurs se contentent souvent du navigateur préinstallé sur le téléphone. Chez Apple, c’est Safari et chez Android c’est maintenant Chrome ou l’Android Browser. Opera n’est pas parvenu à sortir du giron des « Features Phone » ou « Dumb Phone » pour s’imposer. L’heure étant à la synchronisation entre son téléphone et son ordinateur, Google et Apple profitent de ce changement pour gagner des parts de marché sur les ordinateurs. Voilà pourquoi Firefox s’est décidé à lancer son navigateur sur mobile.
Tous pistés, tous esclaves
En Chine, les géants de l’internet développent es logiciels implémentés sur les ordinateurs, tablettes ou mobiles. En fait, savoir pister et synthétiser les données qui transitent par le Web est au moins aussi important que la possession du réseau physique. En sus de ces logiciels, des routeurs (le modem ou la box) d’origine étrangère comprennent des « backdoors » qui rendent accessibles votre navigation, voire le contenu de votre ordinateur, à des personnes mal intentionnées.
Le seul outil de navigation indépendant de tout groupe commercial ou politique est Mozilla Firefox |
Qui plus est, si nos comportements sont déjà traqués avec les cookies et toutes les traces que nous laissons en naviguant, les navigateurs ont leurs rôles dans la collecte de données à la valeur marchande grandissante. Le cas du navigateur Chrome est exemplaire qui ne demande même plus l’autorisation à l’utilisateur de mettre à jour ses composants. Pire : la réinterprétation des pages (comme sur Opera Mini ou Baidu Browser) pour s’adapter au format du périphérique (PC, smartphone, tablette) ouvre la porte à un traçage massif des comportements des utilisateurs. Ce traçage se retrouve dans ce qui est appelé par le terme fourre-tout de Big Data.
En l’espèce, le seul outil de navigation indépendant de tout groupe commercial reste Firefox et, éventuellement, le confidentiel et limité Opera.
L’internaute démuni ?
L’internaute paraît bien démuni face à cette architecture d’espionnage. A sa disposition, un petit navigateur, un filtrage possible des cookies et l’utilisation du HTTPS ou protocole sécurisé. En pratique, cela fait plusieurs mois qu’un programme de la NSA a déjà cassé le code de ce protocole et réussi à ouvrir les backdoors des routeurs. Or, on imagine aisément que la NSA n’est pas la seule à réaliser cette prouesse.
Alors que faire ? Et après tout, pourquoi se protéger si l’on n’a rien à cacher ? C’est effectivement ce que beaucoup de personnes se disent, résignées. Que le contre-espionnage puisse espionner ce que la célèbre Madame Michu peut manger tous les matins ou regarder comme série TV via les données internet semble peu important. Que l’on vende ces données à des marques prêtes à débourser des millions pour mieux cibler leurs produits… certains diront pourquoi pas ? Mais, au final, sait-on qui va acheter ces données ? Non. La porte est donc ouverte à toute forme de voyous, voyeurs, bandits, criminels. Et puis, attention au mythe de la transparence totale ; il a souvent au final pour maître l’ombre, les zones d’ombre, où de fieffés spécialistes du commerce, de la finance et de l’exploitation se cachent pour échapper au droit des Etats de droit démocratique.
Bref, sans aller jusqu’à l’utilisation de TORBrowser, il est possible de reprendre la main sur ses propres données en choisissant par exemple les cookies que l’on accepte ou non. Allez-y, regarder dans vos préférences, dans l’ongle « privé » ; vous y découvrirez un nombre incalculable de sites qui tracent vos comportements à travers votre navigation. Bien sûr, vous pouvez décider de demander à votre navigateur de refuser l’implantation de tout cookie, malheureusement la navigation ne sera plus possible sur de nombreux sites… De fait, une bonne partie de ces sites vivent de la publicité et des données collectées quand bien même vous n’avez rien acheté ou enregistré chez eux. Une solution intermédiaire, bancale, mais quasi satisfaisante par défaut, est d’activer le mode « anonyme » ou « confidentiel » qui se trouve désormais proposé par tous les navigateurs.
Et les smartphones ?
La sécurisation des données est encore plus compliquée sur un smartphone, parent pauvre de la navigation anonymisée. Les applications installées se servent allègrement dans vos données stockées à votre insu. Mais il est possible d’installer des filtrages pour autoriser ou non chaque application à échanger des données et puiser dans nos ressources. Si Google en a empêché certaines dans sa dernière version d’Android, officiellement pour des raisons de failles de sécurité, d’autres s’adaptent à Android 4.1 et supérieur, comme Online Privacy Shield. C’est aussi à l’utilisateur de bien regarder le contrat lors de l’installation du logiciel, l’étendue de l’autorisation d’exploitation des données est souvent abusive.
C’est donc bien à l’utilisateur d’être conscient du fonctionnement de l’internet et de reprendre la main sur la machine et ces nombreux robots pourvoyeurs de données. Quelques précautions élémentaires qui apportent un niminum de contraintes pour un maximum de sécurité.