Switch 2 : pourquoi Nintendo s’apprête à vendre sa console très très chère

nintendo switch 2

Avec la Switch 2, Nintendo s’apprête à faire ce qu’on croyait jusque-là réservé à Sony ou Apple : faire payer très cher une machine pas encore sortie, avec des specs pas tout à fait révolutionnaires, et un capital sympathie en guise de caution. Explications.

Une première : plus de 400 € pour jouer à Animal Crossing 2.0

La première Switch coûtait 299 $ à sa sortie, un prix presque nostalgique aujourd’hui. Pour la Switch 2, tout indique un tarif de 399 à 449 $, soit bien plus que n’importe quelle console Nintendo avant elle. Pour une entreprise qui s’est toujours targuée d’être « accessible », c’est une bascule stratégique. Et disons-le : un pari sur la patience (et le portefeuille) des fans.

Nintendo fait le choix de l’augmentation de prix sans trop se forcer sur l’innovation. Pas de révolution VR, pas d’écosystème cloud surpuissant : juste une Switch ++, plus musclée, un peu plus jolie, et probablement avec des Joy-Con qui driftent un peu moins vite.

Bond technologique ou simple rattrapage ?

Ce que Nintendo vend comme un grand saut en avant est surtout un alignement minimal sur ce que le marché propose déjà depuis cinq ans. Écran OLED, puce Nvidia plus costaude, 4K dockée via DLSS : autant d’éléments qui existaient déjà sur des PC ou des consoles concurrentes bien avant 2025. Et pourtant, Nintendo vous le facturera comme si c’était de la recherche militaire. Pourquoi ? Parce que « c’est Nintendo », et parce que la nostalgie se monétise très bien.

L’inflation a bon dos

Oui, le prix des composants a grimpé. Oui, l’Asie souffre de pénuries stratégiques. Mais Nintendo n’est pas une association caritative. En vérité, l’argument de l’inflation cache une volonté simple : ne plus se priver de marges confortables. Contrairement à Sony ou Microsoft qui vendent souvent leurs consoles à perte pour miser sur les jeux, Nintendo aime gagner de l’argent dès le hardware. Et vu qu’une Switch 2 coûtera sans doute à peine 20–30 % plus cher à fabriquer que la précédente, l’écart de prix se transforme surtout en rentabilité record.

Une stratégie premium… sans premium

Nintendo veut changer d’image : celle du constructeur sympathique mais fauché, pour celle d’un marqueur culturel haut de gamme. Sauf que la Switch 2 reste une console portable qui va proposer des Mario, des Zelda, et probablement encore un portage de Skyrim. Le haut de gamme façon Nintendo, c’est un monolithe en plastique, avec une batterie moyenne, mais des couleurs pastel.

Le plus fort ? Ça marche. Parce que la concurrence (Steam Deck, ROG Ally…) reste soit trop technique, soit trop peu implantée culturellement. Et que personne n’a su refaire un Mario ou un Zelda, aussi simple que ça.

La puissance de la nostalgie

Au fond, la vraie technologie miracle de Nintendo, ce n’est pas le DLSS : c’est la capacité à faire passer un produit rétro-tech pour un objet de désir contemporain. La Switch 2 sera sans doute moins puissante qu’une PS5 Slim. Mais elle aura un Mario Galaxy 3, une compatibilité avec les cartouches de 2017, et le logo rouge de l’enfance imprimé sur la boîte.

Et puis surtout : les parents achèteront. Parce que c’est moins violent qu’un jeu Xbox, plus coloré qu’un PC gamer, et que les enfants veulent “la nouvelle Switch”.

Un hold-up affectif bien rôdé

Nintendo réussit l’exploit de lancer sa console la plus chère avec le moins d’effort marketing. Pas besoin de discours sur l’avenir du jeu vidéo ou la révolution de l’IA. Il suffit d’un logo, de deux trailers et d’un leak orchestré pour que les précommandes s’envolent.

C’est ça, le génie de Nintendo : vous faire racheter, au prix fort, ce que vous avez déjà — mais en un peu mieux, et sans râler.