Olivier Guilbaud est un artisan en or. À tout le moins c’est cette noble matière qui est au cœur de l’art qu’il pratique à merveille dans son atelier de Rennes, l’Atelier du doreur. Restauration ou création contemporaine, ce qui importe est la dextérité et l’amour du travail bien fait afin que la matière solaire continue de nous éblouir.
Un vieil adage nous incitant à la méfiance nous indique que « Tout ce qui brille n’est pas d’or ». Dans le cas d’Olivier Guilbaud, c’est le contraire. Il ne s’agit pas d’un or en lingots lourds et épais, mais en feuilles d’une épaisseur infinitésimale (4 microns), plus légères encore que la plus délicate des plumes. Ne vous lancez pas dans de grands calculs, nous les avons faits pour vous, pour 1000 feuilles, il suffit de 14 grammes.
Ce passionné d’antiquités exerce son art à Rennes, pour être plus précis, au 4 de la rue Louis Tiercelin. Non seulement il redonne vie aux cadres anciens, aux miroirs, aux boiseries – qu’elles soient murales ou qu’elles composent l’armature de fauteuils – mais il étend sa perpétuelle recherche vers des objets plus contemporains : éléments de meubles design, miroirs, sculptures… L’or exerce toujours la même fascination. Inaltérable, il nous fait approcher l’idée d’éternité, mais pas seulement, il est l’apanage de ce qui est beau, luxueux, royal.
Pour dominer cette technique, Olivier Guilbaud a dû étudier et apprendre la patience, car l’extrême méticulosité de son métier exige des nerfs d’acier. C’est à l’école Pivaut de Nantes, établissement privé d’arts appliqués et de dessin narratif, qu’il a acquis l’ensemble des techniques, qui à force d’heures, redonnent leur éclat aux objets qu’il restaure. Il lui aura fallu trois années de cette école de minutie pour dominer la technique des décors peints, du trompe-l’œil et de l’art de la fresque. La dorure c’est à Rennes, où il arrive en 1990, qu’il en apprendra les finesses. Sous la direction de Sophie Tessier (dont le magasin Réflexions situé en haut de la place des Lices, reste présent dans la mémoire des Rennais), il fera son apprentissage de doreur. Il le rappelle avec un peu d’humour, mais venu pour un stage de trois mois il y restera sept ans. L’atelier finit par fermer, pas d’autres choix donc que de devenir indépendant pour continuer son activité. Il saute le pas en 2000 et rapatrie l’atelier situé à Pacé vers son emplacement actuel, rue Tiercelin.
Mais comment se déroule une restauration ? Le côté un peu magique lié à la présence de l’or nous fait toujours écarquiller les yeux de convoitise. Prenons l’exemple d’un cadre ancien, souvent en bois stuqué, recouvert de moulures en plâtre. Ce sont en majorité les angles qui ont subi l’injure du temps ou des déménagements peu soigneux. Le premier travail va consister en un nettoyage minutieux du support à l’aide d’un pinceau ou d’une éponge très peu humectée, afin d’éviter que l’eau ne pénètre dans le plâtre et ne l’amollisse. Dans un second temps, on créera le moule élastomère d’un autre angle en bon état afin de restituer la partie manquante. Parfois, c’est une re-sculpture complète qu’il faudra envisager.
Après séchage, le nouvel élément sera replacé sur le cadre afin d’y être adapté, il sera ensuite « réparé », c’est-à-dire que la sculpture en sera affinée pour ne pas jurer avec les autres angles. Arborant jusqu’alors la couleur blanche du plâtre, il est ensuite teinté par un mélange de pigment jaune et de colle de peau de lapin. Ce n’est qu’après cette opération qu’intervient la pose de l’assiette, composée d’argile rouge et de colle de peau, dont le but est d’offrir à l’or une base sur laquelle il pourra s’accrocher avec efficacité.
C’est à l’eau que va s’effectuer la pose des feuilles d’or, ce qui lui vaut le nom de pose « à la détrempe », immédiatement suivie du brunissage à l’Agate. Il ne faut pas se tromper sur le sens du mot brunissage, dans le cas des métaux, il faut le comprendre comme faire briller. Vient ensuite le matage, pour lequel on utilise encore la fameuse colle de peau de lapin et dont le but est d’établir un subtil jeu de mat et de brillant, ce qui fait la différence entre le beau et le clinquant. L’ultime opération consiste à patiner la pièce et à la rendre strictement semblable aux autres éléments du cadre, rendant ainsi la restauration invisible.
Olivier Guilbaud reconnaît volontiers que 70 % de son activité est liée à la restauration, il aime pourtant explorer de nouvelles possibilités d’exercer son art et cela se traduit par la collaboration avec des designers, des architectes d’intérieur, quand il ne s’agit pas directement de commandes d’artistes. Il compte au rang de ses clients la créatrice Matali Crasset qui ne fut rien moins que l’assistante de Philippe Starck.
Les mœurs évoluent peu à peu et de nouveaux horizons s’ouvrent pour la dorure, n’hésitez pas à prendre rendez-vous avec Olivier, cet homme discret et souriant (quoique surchargé de travail) aura toujours quelque conseil intéressant à vous donner!
Olivier Guilbaud, L’Atelier du Doreur
4 rue Louis Tiercelin
35000 Rennes – France
Du lundi au vendredi : 9H/12H – 14H/18H.
Après 18H et le samedi : sur rendez-vous
02.99.31.64.28 ou 06.16.44.00.73
atelierdudoreur(at)gmail.com
Photos du diaporama extraites du site de l’Atelier du Doreur à Rennes
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