Après la médiocre Terra Nova (sans parler du pitoyable Think tank), M6 présente une nouvelle série le samedi soir, Once Upon A Time. En quittant un discours pseudo-écolo-bidon aux accents de greenwashing, le spectateur y gagne-t-il au change ? C’est possible.
Et si des personnages de contes de fées partageaient notre vie de tous les jours ? Voilà que dans un lointain royaume, une méchante reine lance une malédiction à Blanche-Neige et son Prince charmant : leur monde va disparaître. Leur bébé, Emma, est alors envoyée dans un arbre magique. Elle est censée revenir le jour de ses 28 ans pour les sauver. Emma se retrouve ainsi dans le monde dit « réel » où elle retrouve le jour de ses 28 ans l’enfant qu’elle a abandonné 10 ans auparavant. Il lui montre un livre de conte de fées et lui affirme qu’elle vient de ce monde qui serait réel. Voilà Emma propulsée dans la petite ville de Storybrookee à la rencontre de ces… personnages.
Avec un tel paradoxe abracadabrantesque, on pouvait craindre le pire. Et pourtant, l’équilibre est trouvé entre le kitsch assumé des flashbacks dans le monde des contes et l’atmosphère sombre de notre monde moderne. Si les effets spéciaux ne sont pas d’une grande tenue, ils rajoutent à l’ambiance « factice » du conte, en rappelant en ce sens le culte « Caverne de la Rose d’Or ». Dans ce cadre, la ville de Storybrookee fait figure de paisible ville américaine traditionnelle avec ce soupçon de secret bien gardé qui semble prêt à déchirer le bon vivre ambiant.
Les scénaristes, issus de Lost, prennent bien sur quelques libertés avec les contes comme l’introduction d’un Rumpelstiltskin bien éloigné du nain du conte. Les 3 premiers épisodes sont prometteurs malgré une opposition convenue entre la blonde héroïne et la brune sorcière/maire de la ville. Nul doute que les personnages classiques des contes arriveront au compte-goutte… comme le Jiminy Cricket psy avec Pinocchio et Gepeto.
Mais la véritable question que pose cette série est l’évaluation de l’influence des contes. Le rôle éducatif et formateur du conte a été étudié par des éducateurs, linguistes et psychanalystes, notamment Bruno Bettelheim dans sa Psychanalise des contes de fées. Hollywood s’est approprié les contes en les détournant souvent de leur but, Walt Disney a introduit une dimension politique et commerciale. Cette série de pur divertissement déviera-t-elle ? À suivre… dans quelques épisodes.