Elle avait triomphé dans Lohengrin en février 2015 à l’opéra de Rennes. Catherine Hunold y revient mardi 26 avril dans un programme mêlant mélodies françaises et lieds. Heureuse rencontre de deux univers romantiques.
Aucun amateur d’opéra n’a oublié son Ortrud. Elle incarnait avec jubilation la méchante dans Lohengrin, dévoilant son caractère manipulateur et sa duplicité. Il faut dire que Catherine Hunold ne manque pas de ressources. Son jeu d’actrice bien sûr, mais sa voix surtout. Cette voix de soprano dramatique que les Rennais avaient découverte avec enthousiasme lors des représentations de Walkyrie en février 2013, à la fois puissante et délicate, solide d’un bout à l’autre de son registre et secondée par une impeccable diction. Wagnérienne Catherine Hunold l’est sans aucun doute, et c’est avec bonheur que nous l’entendrons dans les Wesendonck-Lieder. Pour la première et unique fois Wagner composait sur des textes qui n’étaient pas les siens, mais sur des poèmes de Mathilde Wessendonck pour qui il éprouvait la plus grande des passions, au point de quitter sa femme Minna. Cette passion a d’ailleurs certainement contribué à la composition de Tristan et Isolde dont le romantisme échevelé est préfiguré dans les Wesendonck-Lieder.
Romantisme. C’est bien le signe sous lequel sera placée cette soirée lyrique. En France, Ernest Chausson en fut l’un des maîtres, trop tôt disparu à 44 ans après une chute de vélo… Celui qui se défendait d’être un Wagner français, comme on aimait souvent le qualifier, sera à l’honneur au travers de La chanson perpétuelle, sa dernière œuvre complète. Le texte de Charles Cros est sans ambiguïté :
… Mes regards étaient pleins d’aveux.
Il me prit dans ses bras nerveux
Et me baisa près des cheveux.
J’en eus un grand frémissement.
Et puis je ne sais plus comment
Il est devenu mon amant…
Romantisme vous dit-on. Voire post-romantisme, en effet Gabriel Fauré s’est également invité à l’opéra de Rennes mardi soir. La bonne chanson est l’œuvre d’un Gabriel Fauré amoureux d’Emma Bardac (cantatrice qui fut l’épouse de Claude Debussy), constituée de neuf mélodies basées sur des poèmes d’un Verlaine lui-même amoureux (de Mathilde Mauté qu’il allait épouser). Occasion de retrouver le baryton Jean-Gabriel Saint-Martin déjà entendu à Rennes lors d’un « Révisez vos classiques ».
Si la cohérence romantique de la soirée est assurée par les œuvres jouées, c’est bien le choix de les accompagner par un quatuor et un piano qui permettra de mettre en lumière les liens, à priori peu évidents, entre les univers allemands et français. La tâche du Quatuor Élysée et du pianiste Hervé Billaut sera donc d’importance : relier deux univers que l’on imagine volontiers séparés.
Une soirée lyrique à ne pas manquer, tant pour l’intérêt que présente son contenu musical, que par la qualité rare des artistes qui le serviront.
Opéra de Rennes, mardi 26 avril 2016 à 20 heures
Tarif de 9 € à 26 €
Ernest Chausson La chanson perpétuelle
Gabriel Fauré La bonne chanson
Richard Wagner Wesendonck-Lieder
Gabriel Fauré 2e quintette en ut mineur
Catherine Hunold soprano
Jean-Gabriel Saint-Martin Baryton
Quatuor Elysée
Hervé Billaut piano