Le pansement Hemarina, conçu et fabriqué par le biologiste Franck Zal à Morlaix dans le Finistère est un gel contenant des molécules de sang d’un ver marin, l’arénicole. Il permet à la peau abîmée de respirer et de cicatriser plus rapidement. Cette innovation médicale ouvre d’heureuses perspectives pour le soin des plaies, notamment les brûlures. S’il n’est pas encore autorisé sur le marché, l’équipe du professeur Pierre Perrot, chef du centre de traitement des brûlés au CHU de Nantes, a testé avec succès son efficacité sur un grand brûlé.
Franck Zal est un scientifique et docteur en biologie marine à Morlaix dans le Finistère. Pendant une quinzaine d’années, il a étudié les pigments respiratoires des invertébrés des milieux extrêmes au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) de Paris. En 2007, il fonde la société d’Hemarina à Morlaix (29). Il se spécialise alors dans le domaine de l’hémoglobine des invertébrés marins et étudie leur transport d’oxygène. Il crée un laboratoire biopharmaceutique spécialisé dans le développement de produits de santé à partir des propriétés de l’hémoglobine de ce ver marin, appelé l’Harenicola Marina. Il conçoit un pansement-gel à partir de l’hémoglobine de ce ver marin, présent sur les plages de l’Atlantique et de la Manche, car sa molécule a une très forte capacité à se recharger en oxygène. Elle transfère l’air depuis le haut du pansement, jusqu’à la cellule de la plaie. L’oxygène accélère la cicatrisation. A contrario des cicatrisations habituelles qui forment une croûte, celle-ci se transforme dans une zone humide en une peau neuve. Ce nouveau pansement permet de transporter 156 molécules d’oxygène, soit 40 fois plus que l’hémoglobine humaine. Elle est 250 fois plus petite qu’un globule rouge et capable d’atteindre des zones difficiles d’accès.
En 2018, l’entreprise Hemarina est élue entreprise innovante. Franck Zal est l’auteur et co-auteur d’une centaine d’articles scientifiques et a réalisé des centaines de conférences.
Le pansement, qui n’est pas encore commercialisé, est réservé aux médecins qui font face à un cas désespéré, sans issue thérapeutique possible. Son utilisation nécessite une demande auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), comme cela a été le cas pour le CHU de Nantes afin de voler au secours d’un grand brûlé :
Le 14 juillet 2023, un trentenaire navigue avec son bateau sur la Loire, quand celui-ci explose, un bidon d’essence en cause. L’homme est brûlé à 85 % aux deuxième et troisième degrés, de plus contaminé par l’eau du fleuve. Il est admis au service des grands brûlés du CHU à Nantes avec un pronostic vital engagé et des brûlures profondes. Alors que son état empire et que la cicatrisation ne se fait pas, le professeur et chef de service Pierre Perrot fait appel à l’équipe d’Hemarina qui répond immédiatement à cette urgence et achemine les pansements au CHU de Nantes. Les médecins soignent son thorax, son abdomen et son dos avec ce nouveau pansement oxygénant. le patient cicatrise de façon spectaculaire, en seulement trois semaines. Il faudra seulement cinq semaines, pour qu’il soit entièrement guéri, alors qu’avec un pansement classique, une brûlure a besoin de cinq semaines pour que la peau devienne épaisse, inflammatoire et se rétracte.
Jusqu’à ce jour d’été, le pansement innovant n’avait été testé que sur des brûlures locales, comme sur des doigts, des jambes ou sur un crâne. C’est une première en France sur une surface cutanée aussi importante, une formidable réussite qui mérite d’être saluée ! Le sauvetage exemplaire du patient de Nantes a fait avancer la recherche médicale. Aujourd’hui, il fait sa rééducation, après plusieurs mois de soins. Les perspectives d’avenir pour ce nouveau traitement sont immenses car ce pansement vise à soigner les plaies hypoxiques comme les ulcères du pied diabétique, les escarres, ou autres plaies pour lesquelles il n’existe aujourd’hui aucune solution thérapeutique véritablement satisfaisante.
On est loin de l’invention du premier pansement ouaté en 1870, déjà découvert par un Breton !
Il y a plus de 150 ans, que le docteur et chirurgien Alphonse Guérin (1816-1895) a marqué la France et le Morbihan, sa région natale. Le grand médecin qu’il a été, lui a valu l’appellation : le Père de la méthode aseptique pour son invention du pansement ouaté ! Alphonse Guérin voit le jour, à Ploërmel (56) le 9 août 1816. En 1830, Thérèse, sa mère, est veuve et décide de s’installer à Vannes (56), pour permettre à ses enfants de faire des études. La réussite scolaire d’Alphonse est remarquable. Après l’obtention de son baccalauréat, le jeune Alphonse Guérin aimerait devenir soldat ou marin. Il entre à l’école navale de Lorient. Cependant, sous les conseils familiaux, il accepte de faire des études de médecine à l’hôpital de Bourbon, en Saône-et-Loire. Il rejoint ensuite la faculté de médecine à Paris. En 1840, il est interne des hôpitaux à 24 ans. En 1847, il est diplômé médecin. À l’âge de 31 ans, il rédige sa thèse sur la fièvre purulente. Trois ans plus tard, il est chirurgien du Bureau Central des Hôpitaux de Paris et exerce à Cochin, à Saint-Louis et à l’Hôtel Dieu. Pendant la guerre de 1870, le chirurgien est confronté aux plaies purulentes et infectées des blessés. Il invente le pansement ouaté, pour éviter que les germes n’atteignent la plaie et aussi pour réduire la douleur. L’usage de deux à trois pansements ouatés permet alors à une jambe amputée de guérir sans douleur et sans fièvre. Le docteur Guérin découvre les microbes et indique la voie de la science bactériologique. C’est à ce moment-là qu’il va prendre le nom de Père de la méthode aseptique. Il publie deux ouvrages Les Leçons cliniques , en lien avec les recherches du scientifique Louis Pasteur. Plus tard, il se spécialise en urologie et en 1878, il étudie l’appareil génital de la femme. En 1884, il est nommé Président de l’Académie de Médecine et fait commandeur de la Légion d’honneur.
Il repose dans son tombeau au sein de la forêt de Brocéliande à Néant-sur-Yvel (56), commune d’où été originaire Anaïs son amie d’enfance et épouse. De nos jours, le buste de bronze d’Alphonse Guérin, sculpté par le Breton Georges Barreau, trône dans le hall d’accueil de l’hôpital de Ploërmel, baptisé Centre hospitalier Alphonse Guérin
Alphonse Guérin reste une grande figure de l’histoire du pays et de la région Bretagne