Pour fêter son cinquantième anniversaire, la bibliothèque Andrée Chedid dans le quartier Beaugrenelle du 15e arrondissement de la capitale, propose à son public de découvrir sept œuvres du Fonds d’art contemporain Paris Collections, visible gratuitement jusqu’au jeudi 12 décembre 2024.
Le 2 mai 1974, la bibliothèque Andrée Chedid ouvrait ses portes pour la première fois dans un quartier alors en pleine rénovation urbaine. En 2024, elle fête ses cinquante ans ! La collection du Fonds d’art contemporain Paris Collections est un témoignage du soutien de la Ville de Paris à la création artistique depuis le XIXe siècle. Elle réunit 23 400 œuvres, dont plus de 4 800 pour la période contemporaine. La collection du Fonds, complémentaire de celle des musées parisiens, entretient l’objectif de sortir de ses murs pour irriguer le territoire parisien en allant à la rencontre de publics diversifiés : des crèches aux lycées, en passant par les écoles et les collèges, dans les espaces sociaux et culturels, etc.
Dans le hall d’entrée de la bibliothèque, les visiteurs découvrent en ce moment, trois sérigraphies : toutes ces œuvres les replongent dans l’esthétique des années 1970, avec leurs couleurs vives et leurs motifs abstraits et géométriques. Utilisée massivement dans l’industrie, la sérigraphie, technique d’impression à partir de pochoirs, séduit les artistes dès les années 1960 aux États-Unis puis en France après mai 1968.
1) Le peintre italien Eugenio Carmi (1920-2016) est considéré comme l’un des principaux représentants de l’abstractionnisme en Italie. Dès 1950, il abandonne le style informel pour adopter une rigueur géométrique. Dans ses œuvres il utilise souvent des matériaux industriels comme l’acier et le fer soudé. En 1963, il cofonde la coopérative d’artistes Galleria del Deposito.
2) L’artiste roumaine Maria Mesterou, née en 1941 est diplômée de l’Institut des Arts Plastiques de Bucarest. Elle commence sa carrière d’artiste dans des expositions officielles. Elle s’installe en France en 1970 à l’occasion d’une exposition. Un atelier de la Ville de Paris lui permet de se consacrer pleinement à la peinture et à l’estampe pour laquelle elle utilise une technique unique et personnelle pour la réalisation des dégradés. Maria Mesterou se consacre aussi à la restauration de tableaux anciens. Elle explore une vaste gamme de techniques : la peinture sur toile, sur plaques de cuivre et sur bois…
3) Le public peut apprécier la sérigraphie de Yves Millecamps, peintre et sculpteur français d’Armentières (59), né en 1930 et qui travaille à Poissy (78). Diplômé de l’école des Arts décoratifs de Paris en 1954, il crée dans les années 1960-70 beaucoup de cartons pour des tapisseries, réalisées ensuite à Aubusson ou aux Gobelins. Il fait partie du courant de l’abstraction géométrique, tout comme l’artiste plasticien Hongrois Victor Vasarely (1909-1997). Dans les années 1970, Yves Millecamps produit plusieurs sérigraphies avec des motifs géométriques ; le rythme de ses peintures et œuvres textiles se retrouvent sur le papier.
D’autres œuvres sont plus récentes, issues d’artistes contemporaines : Mimosa Echard et Maïder Fortuné. Elles font référence à des livres et des films.
Mimosa Echard est née à Alès (30) et travaille à Nogent-sur-Marne (94). Elle est diplômée de l’École nationale des arts décoratifs de Paris. Elle travaille d’abord la céramique. Sa pratique évolue ensuite vers des médiums très divers, avec un goût très marqué pour l’utilisation de matériaux hétérogènes, organiques, minéraux, naturels et d’autres issus d’industries. Dans ses sculptures-assemblages, Mimosa Echard s’inspire de la science-fiction et ses assemblages donnent naissance à des univers rétro futuristes. Le public peut s’attarder sur deux de ses œuvres Species réalisé en 2019 et Vaughan réalisé en 2018.
Maïder Fortuné, une des artistes phares de l’exposition, expose son œuvre la série Characters : une particularité dans la carrière de l’artiste, car il s’agit d’une installation. Dans des boîtes en verre, des lettres noires émaillées sont rassemblées. L’émail a été appliqué à froid sur des pâtes de blé en forme de lettres, une technique qui ne nécessite pas de passer par le four.
Maïder Fortuné est une artiste vidéaste et performeuse française. Née en 1973 à Toulouse (31), elle se destine d’abord à une carrière de comédienne et effectue des études littéraires avant de fréquenter l’école dramatique Jacques Lecoq. De 2000 à 2002, elle étudie au Fresnoy, studio national des arts contemporains à Tourcoing (59), qui lui permet de développer un projet professionnel audiovisuel et numérique. Familière de l’univers du théâtre, elle se consacre depuis 2019 à des films de fiction.
A noter : Le maire de Paris Bertrand Delanoë rend hommage à Andrée Chedid (1920-2011) le lundi 19 octobre 2012 en rebaptisant à son nom l’ancienne bibliothèque Beaugrenelle.
Portrait : d’origine libanaise, Andrée Chedid est une romancière et poétesse franco-égyptienne. Après son diplôme de journalisme obtenu en 1942 à l’Université américaine du Caire, elle s’installe à Paris après la guerre avec sa famille et commence à écrire toutes ses œuvres en français. Son style est unique, fluide, libre, travaillé. Il traite toujours d’humanité et de l’Orient avec la guerre au Liban. Grâce à son œuvre, elle reçoit plusieurs prix comme le prix Goncourt de la Poésie ou encore le prix Mallarmé. Andrée Chedid devient Grand officier de la Légion d’honneur en 2009. Elle meurt à Paris, le 6 février 2011, touchée par la très longue maladie d’Alzheimer. Andrée Chedid est la mère des chanteurs Louis Chedid, et la grand-mère de Matthieu Chedid.
Infos pratiques
Bibliothèque Andrée Chedid – 36, rue Emeriau – quartier de Grenelle dans le 15e arrondissement de Paris
Contact : 01 45 77 63 40 et/ou bibliotheque.andree-chedid@paris.fr
La bibliothèque annonce deux rencontres à ne pas manquer
-Vendredi 22 novembre à 19h : conférence-ciné Les accidents au cinéma, inspirée de la sculpture Vaughan, de Mimosa Echard, la sculpture étant exposée à la bibliothèque.
A travers un large choix de films de fiction, le thème de l’accident au cinéma sera exploré ! Du burlesque jusqu’aux films-catastrophes, de La vie est belle de Frank Capra (1946) à Crash de David Cronenberg (1996), la notion d’accident, et surtout l’événement qu’il est, s’ouvre à de nombreuses interrogations. Pour ceux et celles qui le subissent, il apparaît comme le contingent par excellence. Pour l‘enquêteur qui reconstitue, il revêt d’un caractère de nécessité. Dans le film policier, l’accident arrive à la victime, mais aussi au criminel qui laisse une trace malgré lui. Enfin, dans la comédie romantique, l’accident est le plus souvent heureux…
-Samedi 23 novembre à 15h : atelier linogravure avec le Fonds d’art contemporain-Paris Collections – dès 12 ans et sur inscription.