Paris. L’audacieuse Suzanne Valadon s’expose au Centre Pompidou

Suzanne Valadon
La Tireuse de cartes, 1912

L’exposition Suzanne Valadon est à découvrir au Centre Pompidou de Paris jusqu’au lundi 26 mai 2025. Cet événement met en lumière cette artiste emblématique du tournant du XIXe au XXe siècle qui a renouvelé la représentation du corps, en plaçant les nus féminins et masculins au cœur d’une œuvre réaliste et profondément moderne.

Le Centre Pompidou s’est donné l’objectif d’approfondir l’étude et la connaissance du travail et des œuvres des artistes femmes. Et parce qu’aucune monographie de Suzanne Valadon n’a été consacrée à Paris depuis 1967, l’institution rend hommage cette année à cette artiste ostensiblement libérée des conventions de son temps, avec une version enrichie de nouveaux prêts et augmentée d’archives inédites, grâce notamment à des prêts exceptionnels du musée d’Orsay et du Musée de l’Orangerie de Paris et du Metropolitan Museum of Modern Art de New York. Cette exposition a été conçue par le Centre Pompidou-Metz en Moselle en 2023, puis présentée au Musée d’arts de Nantes puis au Museu Nacional d’Art de Catalunya à Barcelone en Espagne en 2024, sous le titre de Suzanne Valadon. Un monde à soi.

Suzanne Valadon (1865-1938) a su braver les conventions et les carcans esthétiques pour imposer sa vision. En cette fin de XIXe siècle, la peintre défend avec ardeur la nécessité de peindre le réel et place le nu au centre de son œuvre en représentant les corps à la fois sans aucun artifice et sans voyeurisme. 

Avec la présentation de 200 œuvres, le Centre Pompidou met en lumière le rôle précurseur de cette artiste, souvent sous-estimé dans la naissance de la modernité artistique. Elle révèle la grande liberté de Suzanne Valadon qui n’adhère qu’à un seul courant : le sien.

L’exposition retrace un itinéraire unique, depuis les débuts de Valadon, quand elle est modèle favorite du tout-Montmartre, jusqu’à sa reconnaissance artistique où elle embrasse la ferveur parisienne des cafés, des bals musettes et des cabarets. Sa révolution artistique, intellectuelle et sociétale met en évidence le caractère moderne de son œuvre ; elle est la première femme à peindre en grand format un nu masculin de face. Cette plongée inédite dans son œuvre dévoile aussi ses relations amicales sur la scène artistique parisienne et le soutien de ses amis artistes et galeristes.

Biographie de Suzanne Valadon :

De son vrai prénom, Marie-Clémentine Valadon vient au monde à Bessines-sur-Gartempe en Haute Vienne le 23 septembre 1865 ; sa mère, Madeleine Valadon, exerce le métier de lingère et son père est inconnu. Marie-Clémentine travaille dès l’âge de onze ans comme couturière, blanchisseuse, serveuse et même trapéziste dans un cirque. Elle n’a que quinze ans, quand en 1880, elle commence à poser comme modèle pour de nombreux peintres : Jean-Jacques Henner (1829-1905) ; Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898) ; Auguste Renoir (1841-1919) ; Toulouse Lautrec (1864-1901), etc.

Devenue Suzanne Valadon, prénom choisi par Toulouse Lautrec, elle fréquente le milieu artistique parisien et fait de nombreuses conquêtes. Le 26 décembre 1883, son fils Maurice voit le jour, l’enfant étant reconnu par le peintre espagnol Miquel Utrillo en 1891.

La même année, elle réalise son autoportrait au pastel, sa première œuvre connue. Pendant une dizaine d’années, Suzanne Valadon réalise de nombreux dessins, à la mine de plomb, fusain et sanguine, puis se lance dans la peinture. Elle expose à la galerie Le Barc de Boutteville puis au Salon de la Nationale des Beaux Arts à Paris en 1894.

La vie privée de Suzanne Valadon connaît du changement : le 5 août 1896, elle épouse Paul Mousis, un riche banquier, avec lequel elle mène une vie aisée à Montmartre puis à Pierrefitte-sur-Seine. Mais en 1909, Suzanne Valadon, alors âgée de 44 ans, fait la rencontre d’un ami de son fils, le peintre André Utter (1886-1948) 23 ans, avec lequel elle emménage, avant de se marier avec lui en 1914. André Utter exerce sur elle une influence stimulante, et Suzanne Valadon se met à exécuter des portraits de grands nus…

À partir de 1918, Suzanne peint de nombreuses toiles : des portraits, des nus, et des natures mortes, des paysages. Ses œuvres sont vendues aux enchères pour la première fois en 1920. De nombreuses expositions lui sont consacrées… Dès 1928, le succès de Suzanne est international ; elle participe à des expositions à l’étranger. En 1933, elle rejoint le groupe des Femmes Artistes Modernes (FAM) avec lequel elle exposera jusqu’à la fin de sa vie. En 1937, le musée du Luxembourg de Paris achète plusieurs de ses œuvres.

Suzanne Valadon s’éteint soudainement à l’âge de 73 ans, le 7 avril 1938 dans le 16e arrondissement de Paris. Elle repose au cimetière extra muro de Paris Saint-Ouen

Suzanne Valadon
Suzanne Valadon sur son lit de mort : dessin
réalisé par le peintre tchécoslovaque Georges Kars (1880-1945)

Infos pratiques :

Jusqu’au lundi 26 mai 2025, exposition Suzanne Valadon au Centre Pompidou, place Georges Pompidou – 4e arrondissement de Paris.

Contact : 01 44 78 12 33.

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Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.

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