Paris. Rodin-Bourdelle en corps à corps jusqu’au 2 février 2025

Rodin-Bourdelle
Adam : vu par par Auguste Rodin en 1880 à droite ; vu par Antoine Bourdelle en 1889 à gauche

Rodin-Bourdelle. Corps à corps est l’exposition temporaire que propose le Musée Bourdelle dans le 15e arrondissement de Paris, jusqu’au dimanche 2 février 2025. Le musée invite le public à plonger dans l’univers de deux géants de de l’art, et leur relation.

C’est dans les locaux du musée actuel que le sculpteur Antoine Bourdelle (1861-1929) a vécu et travaillé pendant 44 ans, de 1885 jusqu’à sa mort en 1929.

L’exposition Rodin/Bourdelle. Corps à corps rassemble plus de 160 œuvres, composées de 96 sculptures, 38 dessins, 26 photographies et trois peintures. Toutes mettent en lumière la relation complexe et créative entre les deux artistes de renom, Auguste Rodin et Antoine Bourdelle. L’exposition explore leurs univers créatifs respectifs, tout en révélant leurs connexions et leurs divergences. Elle matérialise la transition : de la dissymétrie originaire, insurmontable entre les deux hommes, à la consécration de Antoine Bourdelle en qualité d’artiste à part entière. Le dialogue est artistique et explore les grandes questions de la modernité.

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la femme slave de Rodin en 1906 et le poète de Bourdelle en 1901 (appelé aussi le jour et la nuit !)

Dès les premières salles, le visiteur est plongé dans l’intimité de la relation particulière entre le maître et son élève. Au début du XXe siècle, Auguste Rodin est le maître incontestable de la sculpture. Cependant pour tailler ses marbres et réaliser ses créations, il s’entoure de nombreux praticiens, des sculpteurs le secondent dans la réalisation de ses œuvres et Antoine Bourdelle fait partie de ces praticiens dès 1893. 20 ans séparent les deux hommes qui s’estiment : Auguste Rodin a 51 ans et mène de front des projets ambitieux, qui consacre sa gloire : la porte de l’Enfer, commencée en 1880 et Les Bourgeois de Calais (1884-1889). Antoine Bourdelle a 31 ans et est encore en quête d’une plus large reconnaissance. Auguste Rodin deviendra pour lui l’éclaireur de l’avenir et leur collaboration perdurera une quinzaine d’années.

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les femmes de Rodin : mère et enfant ; assise en bleu ; nue debout bras croisés ; chute d’un ange !

Antoine Bourdelle est aussi enseignant. Il propose à ses élèves d’être les praticiens sur les commandes d’Auguste Rodin. L’œuvre majeure de cette collaboration est la réalisation de Eve au rocher (1907), une sculpture d’1m70 qui a été prêtée exceptionnellement par la Glyptothèque Ny Carslberg, le plus grand musée de sculptures de Copenhague au Danemark. Plusieurs fois insatisfait du travail de ses élèves, Antoine Bourdelle corrige la statue régulièrement. 

La collaboration entre les deux artistes s’achève lorsque Antoine Bourdelle rencontre le succès à l’âge de 50 ans avec Héraklès Archer, une sculpture qu’il réalise seul en 1909. L’œuvre est exposée au salon de la société nationale des Beaux-Arts de 1910. Elle représente le héros grec bandant son arc pour abattre les oiseaux du lac Stymphale. Des exemplaires de cette sculpture sont acquis par de nombreux musées français et étrangers : en Allemagne, Argentine, Belgique, Corée, Italie, Japon, Etats-Unis, Suède.

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Héraklès Archer : 1909

Le parcours de l’exposition se poursuit autour de l’esthétique du fragment, cette capacité qu’avaient les deux sculpteurs à conférer une autonomie expressive à des parties du corps humain, telles : la tête, la main, le torse. Ces fragments ont eu un impact conséquent sur l’art moderne. Auguste Rodin ne cherche pas la perfection mais le naturel, la grâce expressive du mouvement avec son mystère. La beauté est celle de la volupté qui transforme les corps, vieux ou jeunes, hommes ou femmes. 

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Grand Guerrier de Bourdelle (1896-1900) à gauche et l’Ombre de Rodin (1902)

La dernière partie de l’exposition est consacrée aux métamorphoses et hybridations. Elle met en lumière la fascination qu’ont entretenue ces deux artistes pour la mythologie et leurs figures telles que les centaures, traduisant l’inépuisable potentiel créatif de la forme. Antoine Bourdelle nourrit une véritable passion pour l’Antiquité. Il puise ses sujets dans la mythologie antique et innove un travail net, dépouillé et sans nuance, affranchi de l’esthétique de Auguste Rodin. Il réalise : Tête d’Apollon (1898-1909) ; Pallas Athénée en 1905 ;  Pénélope (1905-1912) ; Centaure mourant en 1914.

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Rodin et sa collection d’antiques

 Grâce à un dispositif numérique interactif, les visiteurs sont également invités à se glisser dans la peau de ces  deux créateurs de deux univers plastiques, porteurs des enjeux majeurs de la modernité…

INFOS PRATIQUES

L’exposition Rodin/Bourdelle. Corps à corps : à découvrir jusqu’au dimanche 2 février 2025
18, rue Antoine Bourdelle – 15e arrondissement de Paris

L’exposition est ouverte du mardi au dimanche de 10h à 18h et  tous les vendredis jusqu’à 20h 

Contact : 01 49 54 73 73

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Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.

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