Paris. Portrait de l’audacieuse Tarsila do Amaral au musée du Luxembourg

tarsila do amaral
Les Ouvriers, 1933

Dans l’exposition Peindre le Brésil moderne, le Musée du Luxembourg de Paris expose plus de 150 peintures de l’artiste brésilienne Tarsila do Amaral (1886- 1973). Jusqu’au 2 février 2025, cette première en France permet de plonger dans l’univers coloré et avant-gardiste de l’une des artistes les plus influentes du Brésil.

De nos jours, le Brésil occupe une place de plus en plus importante dans les discours de l’art mondialisé et pays dans lequel les artistes femmes trouvent leur place dans les récits de l’histoire de l’art. L’exposition rétrospective Peindre le Brésil moderne est l’occasion exceptionnelle de parcourir la richesse et la diversité du travail de Tarsila do Amaral.

Tarsila do Amaral

Tarsila do Amaral est une peintre visionnaire et l’une des artistes les plus influentes et appréciées au Brésil. Elle a peint toute sa vie des images qui rendent compte de l’identité changeante et multiforme de son pays natal en pleine mutation. Dès les années 1920, elle s’est imposée avec un style unique, puisant dans l’imaginaire indigène et les transformations modernistes du Brésil.

Son oeuvre est imprégnée des avant-gardes européennes. Elle a réussi cependant à créer un langage pictural singulier, qui allie le cubisme et le primitivisme avec des influences brésiliennes. Ses peintures sont très colorées, parfois envoûtantes ! Pensée pour les adultes comme pour les plus jeunes, l’exposition avec ses créations souvent ludiques s’adresse à un public intergénérationnel.

Qui était Tarsila do Amaral ?

Tarsila do Amaral vient au monde au Brésil le 1er septembre 1886 à Capivari dans l’État de São Paulo. Ses parents sont de riches producteurs de café, deux ans avant l’abolition de l’esclavage. Elle grandit au sein de l’exploitation familiale et reçoit une bonne éducation. Elle apprend le piano et étudie la langue française. En 1913, après un premier mariage, elle s’installe à São Paulo pour se consacrer à l’art. Elle prend alors des cours de modelage et de peinture auprès d’artistes réputés : Pedro Alexandrino Borges et George Elpons, de 1917 à 1919.

L’année suivante en 1920, elle s’installe à Paris pour suivre les cours de l’académie Julian pendant deux années. Ces cours sont réservés aux femmes, et la jeune artiste se consacre désormais à l’étude de nus qu’elle peut réaliser pour la première fois d’après des modèles vivants. De retour au Brésil en 1922, Tarsila do Amaral fonde le groupe des 5 avec la peintre Anita Malfatti et les écrivains Paulo Menotti del Picchia, Mário de Andrade et Oswald de Andrade. 

Tarsila do Amaral retourne à Paris en décembre 1923 avec le poète Oswald de Andrade (1890-1954) qui devient son compagnon, puis son mari (en 1926) et pour lequel elle illustre un recueil de poèmes en 1925 : Pau Brasil  ! Elle s’intéresse aux avant-gardes européennes et fréquente les ateliers d’André Lhote (1885-1962), de Fernand Léger (1881-1955) et d’Albert Gleizes (1881-1953). Elle appréhende le cubisme et élabore un style véritablement libre et personnel.

En tant qu’artiste brésilienne en France, dans un système où l’art est dominé par les hommes, Tarsila do Amaral fait parler d’elle ! Alors que son physique et son style vestimentaire ne passent pas inaperçus, sa peinture est cependant perçue comme une  fraîcheur exotique et une  délicatesse toute féminine :  c’est ce que l’on peut lire au lendemain de ses premières expositions dans les chroniques parisiennes. Tarsila do Amaral  parvient à inventer son propre langage et décrit un monde mystérieux, sensuel, réel tout en étant ouvert au rêve et à la poésie.

Peindre le Brésil moderne présente des œuvres majeures des mouvements Pau Brasil et anthropophagiques des années 1920, avec autant des paysages aux couleurs vives que des visions mystérieuses et fantastiques, dans une quête d’un Brésil authentique, multiculturel et multiracial.

Après  la crise économique de 1929 qui l’affecte profondément, les peintures de Tarsila do Amaral deviennent politiques dans les années 1930. En 1932, elle est de retour au Brésil et est arrêtée puis emprisonnée un mois à São Paulo, pour avoir participé à des réunions gauchistes en URSS. Ses peintures montrent alors la pauvreté, les inégalités, la souffrance humaine… 

Après cette parenthèse tourmentée, Tarsila do Amaral revient dans les années 1940 aux peintures séduisantes et colorées qui ont fait sa réputation, puis s’oriente progressivement vers des figures géométriques, pour s’orienter vers l’abstrait dans les années 1960.

Elle reçoit à la fin de sa vie de nombreux hommages de reconnaissance pour la contribution de son œuvre au renouveau plastique. Ayant peint jusqu’au bout, l’artiste s’éteint le 17 janvier 1973 à São Paulo à l’âge de 86 ans. Elle laisse derrière elle plus de deux cent cinquante œuvres.

Tarsila do Amaral

Au-delà de sa dimension esthétique, l’exposition soulève des questions sociales et identitaires. Elle invite à repenser les frontières entre tradition et avant-gardisme…

INFOS PRATIQUES

Exposition Peindre le Brésil moderne de Tarsila do Amaral 
Musée du Luxembourg – 19, rue Vaugirard – 6e arrondissement de Paris

A noter :

Les 7 et 8 décembre 2024, le Musée du Luxembourg propose un week-end festif pour célébrer le Brésil en musique : des concerts, des animations et même un défilé coloré seront au programme. L’occasion sera parfaite pour passer un moment mémorable en famille et peut-être même improviser quelques pas de samba 
Contact : 01 40 13 62 00

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Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.

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