Le musée de la préfecture de Police de Paris propose de découvrir une exposition temporaire jusqu’au 22 novembre 2025. Consacrée aux sept brigades centrales de la Police judiciaire de Paris, elle est réalisée à l’occasion de deux anniversaires : les 60 ans de la création de la Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI) et les 50 ans de la création de la Brigade de répression du banditisme (BRB).
Face à la montée de la criminalité dans les villes mais aussi en campagne, le préfet de Police Célestin Hennion (1862-1915), soutenu par l’ancien ministre de l’Intérieur Georges Clémenceau (1841-1929), met en place la Direction de la police judiciaire de la préfecture de Police le 3 août 1913. Elle s’avère compétente à Paris et dans trois départements voisins : les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val de Marne.
L’exposition présente la manière dont les problèmes de société liés à la drogue, au proxénétisme, à la grande criminalité et à la gestion des condamnés ont conduit la police parisienne à s’adapter et à créer des brigades spécialisées dans ces domaines particulièrement sensibles. Les sept brigades centrales de la Police judiciaire de Paris sont composées de la Brigade de Répression du Banditisme ; la Brigade criminelle ; la Brigade des stupéfiants ; la Brigade de répression du proxénétisme ; la Brigade d’exécution des décisions de justice ; et la Brigade de protection des mineurs.
L’exposition temporaire est une occasion de célébrer deux anniversaires : les 60 ans de la création de la Brigade de Recherche et d’Intervention, créée en 1964 à l’initiative – et sous le commandement – du commissaire François Le Mouël. Les BRI sont des unités d’enquête et d’intervention de la police judiciaire française. Parmi leurs armes, le HK G36 est un fusil d’assaut utilisé jusqu’aux attentats de Paris en 2015 : 13 agents en étaient équipés. Depuis les attentats de 2015, chaque policier de la BRI possède un HK 416, calibre 5,56.
La Brigade de rétention du Banditisme (la BRB) a quant à elle 50 ans. L’exposition fait un bon dans le temps, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, en relatant l’histoire des apaches qui terrorisent la vie parisienne, sont au nombre de 30 000 rodeurs, contre seulement 8 000 sergents de ville. Le 4 décembre 1891, la baronne Dellard est assassinée par Louis Anastay qui blesse aussi sa domestique. Il sera guillotiné le 9 avril 1892. Plus tard, un autre exemple : le gang des postiches sévit de 1981 à 1986…
Parmis les autres brigades, citons la Brigade des Stups. Issue de la brigade mondaine, elle lutte contres les fumeurs d’opium. Les drogues dures, telles que l’héroïne arrivent dans les années 1980. En 1989, la Mondaine se divise en deux pour former deux brigades : l’une pour combattre le proxénétisme et l’autre pour lutter contre les stupéfiants.
Unique en France, la Brigade d’exécution des décisions de justice (BEDJ) a pour mission de localiser, interpeller et parfois incarcérer des personnes condamnées qui échappent à la sanction judiciaire.
La Brigade de Protection des mineurs (BPM) : En 1826, le roi Charles X fait construire la prison de la Petite Roquette pour mineurs, la correctionnelle, elle, est créée en 1840. En 1850, la France compte 13 000 enfants criminels, du à l’absence d’éducation, au vagabondage et aux mauvaises rencontres. Le 28 décembre 1934, sont créés deux postes d’assistantes auxiliaires de Police. Le premier juge pour enfants fait son apparition en 1945 avec une irresponsabilité pénale à 13 ans. La BPM devient une brigade autonome en 1953. Les poupées sexuées dotées d’organes génitaux sont créées en 1998 aux États Unis afin de lutter contre les violences et abus sexuels des enfants et sont préconisées en France depuis 2015.
Aujourd’hui, la police judiciaire lutte contre le terrorisme, les organisations criminelles, le banditisme spécialisé et organisé, la grande délinquance, la criminalité économique et financière et la cybercriminalité. Elle collabore avec l’île de France pour les trafics de stupéfiants, les vols à main armée, les cambriolages et les trafics d’armes. À Paris, elle assure aussi des missions de police administrative relevant des attributions du préfet de Police, telles les contrôles des cabarets et des établissements de nuit.
Depuis septembre 2017, les brigades centrales sont implantées au 36 rue du Bastion dans le 17e arrondissement de Paris ; seule la BRI est restée au mythique 36, quai des Orfèvres.
Histoire du musée de la préfecture de police
Niché au cœur du 5e arrondissement de Paris, le musée de la préfecture de Police a été créé en 1909 par Louis Lépine (1846-1933) : il commence par réunir des pièces, pour l’Exposition universelle de 1900, car son objectif est de rapprocher la police de la population. Le préfet de Police souhaite transmettre aux visiteurs du monde entier l’humanité de la police parisienne à travers des portraits de préfets et des objets patrimoniaux. Le musée est officiellement inauguré le 20 décembre 1909, installé sous les combles du 36 quai des Orfèvres. Le musée déménage au 4, rue de la Montagne Sainte-Geneviève dans le 5e arrondissement de Paris en juin 1975.
Quelques années avant la première Guerre mondiale, c’est l’automobile qui fait son entrée au sein de la préfecture de police de Paris, devenue nécessaire pour lutter contre le grand banditisme : pour exemple la Bande à Bonnot qui a sévi en décembre 1911 et en mai 1912. En 1920 a lieu la première formation de neuf motocyclistes.
Louis Lépine est né à Lyon le 6 août 1846. Après le lycée à Lyon, il rejoint la faculté de droit de Paris puis les universités d’Heidelberg et de Berlin en Allemagne de 1867 à 1869. Après l’obtention de sa licence en droit, Louis Lépine s’engage le 15 août 1870 dans la garde mobile du Rhône. Sergent-major à la défense de Belfort, il est blessé à Bavilliers (90) et renvoyé dans ses foyers le 26 mars 1871 avec la Médaille militaire.
Après la guerre, Louis Lépine exerce la profession d’avocat dès 1873, avant d’entamer une carrière dans l’administration : il est tour à tour sous-préfet de Lapalisse dans l’Allier, de Montbrison dans la Loire, de Langres en Haute Marne et de Fontainebleau en Seine et Marne. Il est ensuite préfet de l’Indre en 1885, de la Loire en 1891, puis de Seine-et-Oise en 1893…
La même année, Louis Lépine devient préfet de police de la Seine. A 46 ans, il crée le service de collecte des objets trouvés. Au cours de sa carrière de préfet de police, il met en place la permanence dans les commissariats ; il équipe les gardiens de la paix d’un bâton blanc et d’un sifflet. Il crée aussi la brigade fluviale, les brigades cyclistes en 1901 et les chiens sauveteurs. Louis Lépine fait aussi installer 500 avertisseurs téléphoniques, rouges pour alerter les pompiers et police-secours ; il instaure les passages cloutés pour piétons, les sens uniques et les sens giratoires.
Louis Lépine est leader dans les premiers développements de la police scientifique. Toujours en 1901 et pour lutter contre la crise qui touche les petits fabricants parisiens de jouets et de quincaillerie, il crée un concours-exposition qui deviendra plus tard le concours Lépine : concours français d’inventions
Louis Lépine s’éteint le 9 novembre 1933 à Paris, à l’âge de 87 ans et sans avoir pris de retraite ! Sa tombe est située dans le cimetière des Gonards à Versailles (78).
INFOS PRATIQUES
Le musée de la préfecture de police, 4 rue de la Montagne-Sainte-Geneviève – 5e arrondissement de Paris
Contact : 01 44 41 52 50
Le musée est ouvert les mardis, mercredis et vendredis de 9h30 à 17h, le jeudi de 9h30 à 19h00 et les 1er et 3e samedis de chaque mois de 10h30 à 17h30. Bien qu’il soit gratuit, la réservation en ligne est obligatoire pour toute visite.
Durant l’année 2025, des visites guidées et des conférences thématiques sur chaque brigade centrale seront proposées. Un cycle de conférences exceptionnelles sera aussi organisé :
Jeudi 9 janvier à 17h30 : conférence de René-Georges Querry sur l’histoire et l’évolution de la BRI et de ses missions ;
Jeudi 16 janvier à 17h30 : conférence sur les victimes du devoir avec la présence d’Orpheopolis ;
Samedi 18 janvier à 15h30 : conférence de Charles Diaz sur Les brigades centrales du 36 quai des Orfèvres dans les romans de Georges Simenon : Maigret entre réalité et fiction ;
Jeudi 6 février à 17h30 : conférence de Philippe Grandcoing, historien et écrivain. Il présentera comment l’Histoire, en particulier la naissance des brigades du Tigre et la modernisation de la police, l’ont inspiré pour écrire ses romans ;
Jeudi 6 mars à 17h30 : conférence de Sophie Hovanessian sur les premières femmes assistantes de police, accompagnée de Véronique Béchu, commandante de police à l’Office Mineurs de la DNPJ ; elle parlera du traitement judiciaire des violences faites aux mineurs ;
Jeudi 20 Mars à 17h30 : conférence de Christophe Molmy, actuel chef de la Brigade de protection des mineurs ;
Jeudi 5 juin à 17h30 : conférence de Virginie Dreesen, actuelle cheffe de la Brigade de répression du proxénétisme ;
Jeudi 19 juin à 17h30 : Conférence du chef de la Brigade des stupéfiants.