Paris. Le Panthéon raconte les origines inclusives des JO Paralympiques jusqu’au 29 septembre

Histoires paralympiques

À l’occasion des Jeux Paralympiques 2024, le Panthéon de Paris met en lumière l’histoire de ce combat pour l’émancipation et l’égalité avec son exposition Histoires paralympiques. Jusqu’au dimanche 29 septembre, elle présente celles et ceux qui, à travers leur participation au mouvement paralympique, ont écrit l’histoire fondée sur la fierté de la différence et la revendication d’une société plus inclusive. 

Histoires paralympiques

Les Jeux Paralympiques sont apparus à la moitié du XXe siècle. Ils ont connu un essor important et bouleversé la perception du monde envers les personnes handicapées. A travers des archives, des affiches, des photographies et des documents audiovisuels, des objets et du matériel sportif, l’exposition, organisée à l’initiative des commissaires Anne Marcellini et Sylvain Ferez, met d’abord en évidence l’intégration progressive d’athlètes avec sa diversité de handicaps. Elle explique ensuite la mutation des discours, des images et des matériels associés aux pratiques compétitives.

Cette exposition dévoile de nouveaux héros qui incarnent la réussite et la valeur sociale dans la diversité. Les athlètes paralympiques de haut niveau d’aujourd’hui sont le résultat d’une histoire et  d’un combat militant qui a construit la reconnaissance. 

L’exposition fait aussi écho aux grands hommes et femmes qui reposent au Panthéon et qui ont mérité la reconnaissance de la Patrie par leur engagement citoyen et leur défense des valeurs républicaines.

Louis Braille (1809-1852), l’inventeur du braille, l’écriture tactile pour les non voyants, est mis à l’honneur. Il repose au Panthéon depuis le 20 juin 1952, soit un siècle après sa mort survenue à l’âge de 43 ans des suites de la tuberculose.

  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques

Louis Braille est né le 4 janvier 1809 à Coupvray en Seine-et-Marne dans une fratrie de quatre enfants avec des parents aimants et protecteurs. Son père est bourrellier. C’est dans son atelier, que Louis Braille va perdre la vue, suite à un accident tragique survenu à l’âge de trois ans : en voulant imiter son père, avec une serpette dans les mains, il se blesse très gravement à l’œil droit. Les moyens de la médecine de l’époque ne permettent pas de soigner sa blessure et l’infection gagne l’autre œil. A  cinq ans, le jeune Louis devient totalement aveugle. Malgré son lourd handicap, très entouré familialement, il apprend l’alphabet, réalisé à l’aide de clous plantés dans une planche de bois. Il va à l’école du village, se révèle doué ! Avec une vive intelligence, il s’affirme comme l’un des plus brillants élèves. En février 1819, encouragé par le maire et le prêtre de sa commune, Louis Braille a dix ans quand il quitte sa famille pour l’Institution Royale des Jeunes Aveugles de Paris. Là aussi, il est l’un des meilleurs élèves : il remporte 29 prix en huit ans ! Du coup, l’Institution l’engage comme professeur alors qu’il n’a que 17 ans ! Il y enseigne la  grammaire, les mathématiques, l’histoire, la géographie et la musique.

Depuis l’âge de 12 ans, Louis Braille expérimente la sonographie de Charles Barbier de la Serre (1767-1841), l’inventeur de plusieurs méthodes de sténographie et de la sonographie  ; cette dernière permet de transcrire des sons à l’aide de douze points en relief.  Louis Braille s’attèle alors à adapter et perfectionner le système de Charles Barbier de la Serre qui est uniquement phonétique. A 19 ans, Louis Braille réussit à créer un alphabet complet, avec les signes de ponctuation, les chiffres, les symboles mathématiques et même les notes de musique, car il est aussi musicien (organiste). Plus tard, il invente aussi le décapoint qui permet aux personnes aveugles d’écrire facilement aux voyants, en formant les lettres noires au moyen de points en relief. 

Louis Braille ne connaîtra pas la gloire de son vivant. Après son décès, il est enterré à Coupvray (77) avant de rejoindre le Panthéon. Cependant, ses mains sont conservées dans l’urne posée sur la tombe de Coupvray. Il faudra attendre une vingtaine d’années avant que l’alphabet de Louis Braille ne soit accepté…

Histoires paralympiques
le buste de Louis Braille au Panthéon

L’exposition Histoires paralympiques se compose de quatre périodes

Préface : première moitié du XXe siècle

  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques

1) 1948-1960 : Des jeux à l’hôpital

Les premiers Jeux, dit Jeux hospitaliers, sont organisés en Angleterre dans un hôpital militaire à Stoke Mandeville, à 60 km de Londres. Le médecin neurologue allemand Ludwig Guttmann (1899-1980) réfléchit à comment accélérer le rétablissement de ses patients paraplégiques, tous vétérans de la Seconde Guerre mondiale : il y a des pilotes de la Royal Air Force, des blessés médullaires ; ils sont tous en fauteuil roulant. Le neurologue imagine alors des épreuves sportives au moment où les Jeux Olympiques se déroulent à Londres. Seize vétérans en fauteuil roulant s’affrontent dans une compétition de tir à l’arc et de netball qui ressemble à du basket-ball : une discipline que les vétérans américains pratiquaient à leur retour du front. Un peu par hasard, le Docteur Ludwig Guttmann vient de créer, grâce au sport rééducatif, un nouveau mouvement sportif !

  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques

En 1952, une équipe d’anciens combattants néerlandais se joint aux Britanniques. A partir de cette même année, les Jeux Internationaux de Stoke Mandeville vont se dérouler chaque année, jusqu’en 1960. Ils constituent un rassemblement international de plus en plus important, mais uniquement pour les personnes en fauteuil roulant : en 1954, 14 nations sont engagées ; en 1955, il y en a 18 avec 200 compétiteurs…

2) 1960-1989 : Sortir de l’hôpital

Les premiers Jeux, qui portent l’appellation Jeux Paralympiques, se tiennent à Rome en Italie, six jours après la clôture des Jeux Olympiques au mois de septembre 1960. 5 000 personnes assistent à la cérémonie d’ouverture au stade Acqua Acetosa. 23 nations sont présentes, avec 400 athlètes, tous en fauteuil roulant. Huit épreuves sportives sont au programme : para-athlétisme ;  basket-fauteuil ; para-natation ; tennis de table ; tir à l’arc ; billard ; escrime-fauteuil et dartchery (à la fois disciplines du tir à l’arc et des fléchettes)

En 1964, les Jeux Paralympiques se tiennent du 3 au 12 novembre au Japon. À Tokyo, 21 pays et 375 athlètes sont présents. L’haltérophilie et la course 60 mètres en fauteuil font leur entrée dans le programme

En 1968, les Jeux Olympiques ont lieu à Tel-Aviv au mois de novembre, l’occasion de fêter le 20e anniversaire de l’État d’Israël. 29 pays et 750 athlètes sont engagés. Le basket féminin en fauteuil et l’épreuve du 100 mètres fauteuil, devenue aujourd’hui la discipline  phare des Jeux Paralympiques, font leur apparition.

En  août 1972, les Jeux Paralympiques sont organisés à Heidelberg en Allemagne avec 984 participants, uniquement en fauteuil roulant, venus de 43 pays. Durant ces Jeux, des sportifs amputés manifestent pour obtenir le droit de participer aux épreuves, et pour la première fois, les chefs de délégation et entraîneurs optent pour la création de sous-comités par sport au sein du comité d’organisation des Jeux. Cette décision offre à chaque discipline plus d’autonomie dans son développement et ouvre la voie aux futures classifications de handicap par sport.

Progressivement, les aveugles et les malvoyants obtiennent leur participation au goalball (jeu de ballon sonore) : les Jeux Paralympiques de Toronto au Canada en août 1976 réunissent 1657 athlètes, dont 253 femmes, pour 40 pays. Pour la première fois, 187 athlètes avec un handicap visuel et 261 athlètes amputés ont le droit de participer. Arnie Bold, un Canadien de 18 ans, consacre l’entrée des athlètes amputés aux Jeux, car amputé fémoral, il frappe les esprits avec une performance de 1,86 mètres au saut en hauteur. Il fut honoré lors de la cérémonie de clôture au titre de l’athlète des Jeux.

  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques

En juin 1980, les Jeux Paralympiques ont lieu aux Pays-Bas à Arnhem. 1973 sportifs venus de 43 pays sont présents ; parmi eux 125 athlètes sont atteints d’une infirmité motrice cérébrale et obtiennent, pour la première fois, le droit de participer aux J.O.

En 1984, les Jeux Paralympiques de New York intègrent également des sportifs ayant une infirmité motrice cérébrale.

Les Jeux Paralympiques de 1988 se déroulent en Corée à Séoul avec 3057 athlètes et 60 nations. Deux sportifs se démarquent : Le Français Mustapha Badid remporte le 1500 m, le 200 m, le 5000 m et le marathon ; Denis Oehler, premier athlète amputé tibial, descend sous la barre des 12 secondes sur 100 m, avec un chrono de 11’73.

3) 1989-2012, le nouveau paralympique

Le 22 septembre 1989, le Comité Paralympique International est fondé. La période est propice pour élargir et rassembler toutes les fédérations sportives internationales représentant des sportifs avec différents types de déficience. Elle ouvre la porte aux sportifs sourds et à ceux ayant des déficiences intellectuelles.

En septembre 1992, les Jeux Paralympiques ont lieu en Espagne. Barcelone accueille 2 999 athlètes, venus de 83 pays. Le programme officiel compte quinze disciplines parmi lesquelles le tennis-fauteuil. Deux participants se font remarquer : Heinz Frei, coureur suisse en fauteuil, établit une performance exceptionnelle au marathon réalisé en 1h30 ; Ajibola Adeoye, coureur nigérian amputé d’un bras, réalise des chronos de 10’’72 sur 100 m et 21’’83 sur 200 m.

Les Jeux Paralympiques de 1996 à Atlanta aux États-Unis accueillent pour la première fois, 56 sportifs déficients intellectuels qui participent aux côtés de leurs homologues handicapés physiques et visuels, sur des épreuves d’athlétisme et de natation.

En 2000, 11e Jeux Paralympiques d’été à Sydney en Australie reçoivent 3 879 athlètes pour 123 pays. 18 sports sont au programme : le basket et l’escrime-fauteuil ; la boccia (sorte de pétanque) ; le football à sept athlètes handicapés moteur ; le goalball ; les para- athlétisme ; le cyclisme ; l’équitation ; l’haltérophilie ; le judo ; la natation ; le tir à l’arc ; le tir sportif ; le tennis de table ; le rugby et le tennis- fauteuil ; la voile et volley-ball assis. Les femmes participent pour la première fois aux compétitions de para haltérophilie. 300 millions de téléspectateurs assistent à ces Jeux  Paralympiques dans plus de 100 pays.

  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • lame junior

En 2004, à Athènes en Grèce, pour la première fois, les Jeux Olympiques et Paralympiques ont un comité d’organisation commun. C’est un record de médiatisation avec la présence de 50 chaînes internationales et 1 103 médias qui assurent la couverture. Le para-judo et le volley-ball sont ouverts aux femmes.

Le para-aviron fait son entrée dans le programme officiel des compétitions des Jeux Paralympiques de 2008 à Pékin en Chine, qui passe la barre des 20 sports.

4) 2012-2024, Vers le Grand Spectacles de la fierté

 Les Jeux Paralympiques britanniques, de Londres en 2012 marquent un point de bascule où les médias s’emparent des Jeux Paralympiques pour mettre en scène des performances sportives. Ces Jeux permettent également la réintégration des athlètes en situation de déficience intellectuelle dans trois disciplines para-sports. Les tribunes sont combles : un record avec 2,7 millions de tickets vendus !

Les Jeux Paralympiques de 2016 se tiennent pour la première fois en Amérique du Sud, à Rio au Brésil. 160 nations et 4 328 athlètes sont en compétition. Deux nouveaux sports intègrent le programme : le para-canoë en course en ligne et le para triathlon. Ils poussent à 22 le nombre de sports au programme. Ces Jeux furent les plus diffusés de l’histoire avec une couverture télé, radio et web dans 154 pays.

Les jeux Paralympiques de Tokyo en 2021 voient l’apparition de nouvelles disciplines :  le para badminton et le para taekwondo ( Sport de combat d’origine coréenne), et l’émergence de nouvelles figures paralympiques…

  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires Paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques
  • Histoires paralympiques

L’accessibilité de l’exposition Histoires paralympiques à tous les publics, et particulièrement aux publics en situation de handicap, est un enjeu majeur pour le Panthéon. 

La scénographie a été pensée pour assurer un confort de visite pour tous les publics : la hauteur des mobiliers, l’inclinaison des écrans, les espaces de circulation ont été adaptés ; des stations de consultation sont prévues en position assise pour l’écoute des contenus audio (les portraits sonores d’athlètes et les textes de l’exposition lus) ; un espace est dédié à la consultation de vidéos en langue des signes française et en langue des signes internationale ; des dessins tactiles et des objets à toucher sont accompagnés de légendes en braille et en gros caractères. Les textes de l’exposition sont traduits dans des vidéos en langue des signes française et en langue des signes internationale et disponibles via des QR codes tout au long du parcours et sur un écran dédié. 

En parallèle de l’exposition, la visite virtuelle de la crypte du monument est présentée sur un dispositif de consultation adapté aux personnes à mobilité réduite.

INFOS PRATIQUES

 Histoires paralympiques, exposition jusqu’au dimanche 29 septembre 2024

Panthéon – place du Panthéon – 5e arrondissement de Paris (au cœur du Quartier latin, au sommet de la montagne Sainte-Geneviève)

Ouvert tous les jours de 10h à 18h30

Tarifs : Inclus dans le billet d’entrée du Panthéon – gratuit pour les moins de 26 ans

Article précédentBD. Un Sombre manteau de Jaime Martin, un conte fantastique et féministe
Article suivantRennes. Rendez-vous à La Cavale pour le marché de la création indépendante de DeadBird Production
Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici