Paris. Une seconde vie dans l’espace public pour les statues de femmes du tableau Sororité des JO Paris 2024 ?

statues femmes sororité

Anne Hidalgo, la maire de Paris, a fait part de son souhait de conserver trois symboles forts des Jeux Olympiques Paris 2024. Après les anneaux olympiques sur la Tour Eiffel et la vasque olympique, ce sont les dix statues de femmes du tableau Sororité qu’elle aimerait voir installer le long de la rue de La Chapelle dans le 18e arrondissement de la capitale.

Le 26 juillet 2024, au cours de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques 2024 de Paris, des statues monumentales de dix féministes et militantes ont émergé de grands socles installés dans la Seine au son de l’hymne national français, près du pont Alexandre-III. Ces sculptures monumentales et dorées représentent des personnalités féminines issues du monde des lettres, du sport, de la politique et des arts ayant vécues à différents siècles 

À Paris, le statuaire est encore majoritairement masculin, et ne compte actuellement que 40 statues de femmes contre 260 de figures masculines. Tony Estanguet, le patron des JO de Paris 2024, a indiqué que des discussions sont en cours pour que les dix sculptures de femmes célèbres du tableau Sonorité rejoignent l’espace public de manière permanente, comme le souhaite la maire de Paris. Le concepteur de ce spectacle, Thomas Jolly, a voulu que cette séquence soit non seulement divertissante et spectaculaire, mais aussi porteuse de sens.

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26 juillet 2024

Le tableau Sororité représente ce moment poignant de la cérémonie, où dix statues en or de femmes françaises ont été honorées pour leurs contributions exceptionnelles. La sororité, qui signifie fraternité entre femmes, symbolise le soutien mutuel, l’inspiration et l’encouragement…

Les dix statues du tableau Sonorité par ordre chronologique :

1) Christine de Pizan (1364 – 1431) est considérée comme étant la première femme de lettres professionnelles de la langue française du Moyen Âge. Née pourtant en Italie à Venise, elle est bilingue, parce que Tommaso son père est nommé à la cour du roi de France Charles V. Elle fait des études en France. Elle écrit des œuvres poétiques, historiques et philosophiques. A la fin de sa vie, Christine de Pizan rédige une ode sur Jeanne d’Arc

2) Jeanne Barret (1740-1807) est célèbre pour avoir été la première femme botaniste à faire le tour du monde, à voyager des jungles d’Amérique du Sud aux îles tropicales, de l’Indo-Pacifique en passant par le détroit de Magellan. Déguisée en homme, elle participe à l’expédition de Bougainville de 1766 à 1769 et contribue de manière significative à la collecte et à l’identification de nombreuses plantes. Elle a été une exploratrice intrépide !

3) Olympe de Gouges (1748-1793) est née Marie Gouze. Elle se démarque en qualité d’écrivaine et activiste politique au cours de la Révolution française. Avant-gardiste, elle mène des combats humanistes avec deux siècles d’avance sur son époque. En 1791, elle rédige la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, un texte visionnaire plaidant pour l’égalité des sexes. Parce qu’elle lutte aussi ardemment pour l’abolition de l’esclavage, elle est guillotinée en 1793.

4) Louise Michel (1830-1905) est d’abord en 1852 institutrice et écrivaine. Avant de partir sur Paris, elle crée deux écoles libres en Haute-Marne, puis devient une figure clé de la Commune de Paris en 1871. Après sa déportation en Nouvelle-Calédonie, elle continue de lutter contre la politique coloniale française. Louise Michel est une révolutionnaire et une militante anarchiste, devenue une icône du mouvement féministe.

5) Alice Guy (1873-1968) débute en tant que secrétaire de Léon Gaumont avant de devenir une réalisatrice de fiction pionnière du cinéma narratif. Elle entrevoit alors la possibilité d’utiliser les appareils de prise de vue cinématographiques pour imaginer des histoires que l’on raconterait en cinéma. En 1896, elle réalise La Fée aux choux, un film qui marque le début de sa carrière dans le cinéma, posant les bases pour les réalisatrices futures. (voir notre chronique : BD. Alice Guy, une pionnière du cinéma oubliée)

6) Alice Milliat (1884-1957) est une athlète française qui pratique, la nage, le hockey et la navigation. Elle devient une figure cruciale dans l’avancement du sport féminin, car en 1922, elle organise les premiers Jeux mondiaux féminins, un événement historique qui incite les Jeux Olympiques à ouvrir davantage de disciplines aux femmes. (voir notre article : Nantes. Alice Milliat, pionnière du sport féminin aux JO)

7) Paulette Nardal (1896-1985) est une journaliste et une écrivaine martiniquaise. Elle est aussi professeure d’anglais et musicienne. Activiste, elle devient une figure pionnière du féminisme noir et du mouvement de la négritude. Elle est la première femme noire à étudier à la Sorbonne à Paris, et en 1931 elle est cofondatrice de La Revue du monde noir : une publication essentielle pour la communauté noire francophone.

8) Simone de Beauvoir (1908-1986) est une figure centrale du féminisme contemporain. En 1949, elle publie Le Deuxième Sexe, un ouvrage qui explore la condition féminine et devient une référence mondiale qui redéfinit le mouvement féministe. Simone de Beauvoir est une philosophe existentialiste et une écrivaine engagée

9) Simone Veil (1927-2017), rescapée de la Shoa, est une figure politique défendant les droits des Femmes. Magistrate et femme politique, elle présente en 1974 la loi sur la dépénalisation de l’IVG (Interruption Volontaire de Grossesse) devant l’Assemblée nationale. Elle contribue de manière cruciale à la légalisation de l’avortement en France. Engagée dans la construction européenne, elle est la cinquième femme à être inhumée au Panthéon, le 1er juillet 2018. (voir notre article : L’aube à Birkenau, Simone Veil ou un malentendu)

10) Gisèle Halimi (1927-2020) est une avocate et une militante inébranlable pour les droits des femmes. Elle a défendu des causes majeures, telles que la lutte contre les crimes de guerre et le colonialisme. Elle a notamment joué un rôle déterminant dans la légalisation de l’avortement en France et dans la reconnaissance du viol comme crime.

Les dix statues monumentales et dorées ont été réalisées par l’entreprise d’imprimerie et de travaux graphiques Marie Frères et Maris 3D, de Sartrouville dans les Yvelines. Leur création a été saluée comme une avancée significative vers la reconnaissance des participations féminines dans l’espace public. Si les discussions en cours concernant leur devenir aboutissent positivement, ces œuvres deviendront une partie intégrante du paysage parisien, offrant aux habitants et aux touristes un rappel constant de l’importance des contributions féminines dans l’histoire et dans la culture…

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Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.

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