Parti pirate en Bretagne, tentative d’écriture politique collective

La section Bretagne du Parti pirate a invité à sa rencontre samedi 2 juillet un public qui est resté frileux. Pourtant, les Pirates, réunis au centre culturel du Triangle de Rennes, étaient motivés et enthousiastes à l’idée de rencontrer les curieux ou les personnes intéressées par leur démarche. Unidivers était présent afin de présenter la place du Parti pirate en Bretagne : ses actions, ses promesses et ses problématiques…

 

parti pirateLa rencontre proposée par la section locale du Parti Pirate devait répondre aux questions souvent posées à leurs membres : qui êtes-vous et que faites-vous ? Les pirates, au moyen de tracts et d’annonces sur internet, avaient donc convié des sympathisants ou de simples curieux à une rencontre sous la halle du Triangle. Le samedi 2 juillet, à 15 h, ils ont installé trois tables, dans une ambiance chaleureuse et détendue, recouvertes de flyers, de livres ainsi que d’ordinateurs avec des diaporamas relayant leurs actions. Puis, ils ont attendu, attendu, attendu… sans pour autant perdre de leur bonne humeur !

Faire de la politique

parti pirateLe Parti pirate français, né en 2009, est un membre du Parti pirate international. Il est composé de six sections régionales, dont la section Bretagne qui a pris sous son aile la Normandie et les Pays de la Loire jusqu’à récemment. Les sections sont au cœur du parti ; elles élisent les compétences législatives et exécutives à l’échelle nationale, avec l’idée d’une démocratie directe et participative. Leurs luttes sont diverses : contre le fichage abusif et pour la transparence de la vie politique, l’ouverture des données publiques, l’indépendance de la justice ainsi que la légalisation du partage.

parti pirate bretagneSelon leur programme, les valeurs républicaines doivent être affirmées internationalement et le développement durable doit faire partie du projet politique et social qu’ils promeuvent. Lors de la rencontre, les Pirates parlent de leurs nombreuses actions ainsi que de leurs engagements en Bretagne. Entre autres : la dénonciation du dispositif municipal rennais RenCitéZen à propos de la délation forcée, l’organisation de rassemblements et de débats organisés avec la ligue des droits de l’homme contre la vidéosurveillance à Redon, l’appel à voter « non » concernant l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la protestation contre le renouvellement de l’État d’Urgence, la lutte conjointe avec Julia Reda, députée européenne du Parti Pirate, à propos des droits d’auteurs… La section Bretagne du Parti Pirate est donc active et prend position rapidement dans les débats politiques. Pour autant, le Parti ne considère pas devoir se définir comme de droite ou de gauche.

Une écriture politique collective
parti pirateDe nombreux Pirates expliquent qu’ils jouissent d’une grande liberté au sein du Parti. Ils ne sont pas des professionnels de la politique. Le Parti et son programme sont toujours en construction ; les membres font souvent de nouvelles propositions. Samedi, lors de la rencontre, les adhérents avaient pensés proposer aux visiteurs d’écrire sur des post-its des propositions qui auraient pu être examinées lors de l’Assemblée générale de la section locale du dimanche 3 juillet. Ce dynamisme est dû à la jeunesse du parti, mais aussi à ses membres qui pratiquent souvent l’autocritique. L’un des adhérents a apporté, lors de la rencontre, des livres utiles à la réflexion politique et sociale. Même si, pour adhérer, il vaut mieux se retrouver dans les revendications du Parti pirate, il est possible pour les membres d’apporter leur pierre à l’édifice et de réfléchir pour améliorer, à leur sens, le programme ou une procédure politique à l’intérieur du parti. Certains adhérents soulignent qu’ils se sentent utiles de cette manière et qu’ils peuvent, non seulement participer, mais aussi impulser une réflexion.

De nombreuses difficultés

parti pirateNéanmoins, cette rencontre au Triangle semble incarner les difficultés à informer le public qu’aurait aimé rencontrer les Pirates de la section Bretagne. Selon eux, l’image relayée par les médias ou dans les représentations collectives est parfois réduite à celui d’un parti circonscrit à internet. Or, les libertés numériques, par exemple, ne sont que l’un des points abordés dans leur programme.

L’un des pirates indique qu’un autre objectif du Parti est de varier le profil des adhérents, surtout en ce qui concerne le genre. Très peu de femmes adhèrent au Parti selon lui. Les pirates rencontrent aussi un problème financier. Participant à un jeune et à un petit parti à l’échelle nationale, les adhérents n’ont pas les moyens de se représenter eux-mêmes, sans coalition, lors des élections. Enfin, un des pirates évoque des lacunes dans le programme du Parti, notamment sur le plan économique. Il s’agit en effet d’un des seuls partis à ne pas avoir défini son programme sur des bases économiques. Même si les élections de 2017 sont leur horizon, les adhérents sont réalistes sur leur chance de réussite. En plus de toutes ces problématiques que rencontre le Parti, entre en jeu la tentation du repli qui plane en Europe. Elle contraste avec les réponses d’ouverture et de politique internationale du Parti pirate.

Le Parti pirate Bretagne, sis à Rennes, animera la liste Politique autrement aux élections 2017

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Laure Besnier
Laure Besnier est étudiante en sciences humaines à l'Université Rennes 2 et en stage de journalisme à Unidivers.

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