Le Festival de cinéma Les Passeurs de Lumière aura pour thème cette année l’exil. L’équipe bénévole est mobilisée depuis des mois autour du réalisateur Michel Dupuy pour accueillir du 25 au 27 novembre 2016 les amoureux du cinéma. Amoureux du cinéma ? Oui, mais sous le chapiteau qui occupe désormais le temps d’un week-end la place de Bannalec chaque année.
Pour cette 8e édition, le programme abordera le thème de l’exil, des exils, sous le parrainage de l’écrivain Ricardo Montserrat. Films, expos, conférences et concerts feront de ces rencontres autour de l’art de l’image un moment de convivialité privilégié pour rencontrer celles et ceux qui disent le monde à travers le prisme de réalités qu’ils savent interroger à travers l’acte de création.
Écrivain, Ricardo Montserrat consacre sa vie à mettre des mots sur l’indicible. C’est aussi cela l’art de l’image, le pouvoir de l’imagination. Pour présenter le festival dont il est le parrain cette année, il a accepté de répondre aux questions d’Unidivers.
Unidivers : Qu’est-ce qui vous séduit le plus dans ce festival Les passeurs de lumière ?
Ricardo Montserrat : Fellini a dit qu’on ne peut plus changer le monde, mais si on change les images, alors le monde peut encore changer. Le festival de Bannalec, c’est Noël avant l’heure. C’est l’expression de notre capacité, de notre responsabilité à proposer d’autres images que celles qui voudraient nous faire croire que tout est noir. Dans cette campagne du Finistère, dont j’apprécie à la fois la beauté des paysages, celle des gens et de leur capacité à résister, ce programme de trois jours témoigne d’un engagement qui me parle. Le nom du festival explique à lui seul qu’il est possible de s’inscrire dans l’histoire avec la volonté de redonner du sens à ces images qui envahissent le quotidien avec des discours qui banalisent, nous renvoient à une fatalité, une forme d’abstraction, quand chaque histoire d’exil est avant tout une histoire singulière. Parler d’exil au pluriel, c’est rappeler qu’il n’y a d’humanité que dans notre capacité à penser la fraternité, la liberté, comme les traductions premières des droits humains. Aujourd’hui, l’actualité nous confronte à des enjeux qui obligent à revenir à l’alphabet du droit, à interroger même la question du droit aux droits.
U. : Quel est votre propre rapport à l’image en tant qu’auteur ?
Ricardo Montserrat : Tout mon travail est basé sur la rencontre. Avant de me lancer dans l’écriture, j’ensile les images à travers des voyages, ce sont les gens croisés ici et là qui font naître les images dans lesquelles s’incarne le récit. Je m’inscris dans mon époque et de fait mon travail d’écriture évolue avec l’évolution des images. Dans ma dernière création avec Culture commune, par exemple, il s’agit de confronter différentes formes de langage à travers le multimédia. Ce que je dis avec les mots, ce n’est pas ce que dit l’acteur avec son corps. Dans l’actualité cinématographique, « Réparer les vivants » traduit bien ce qui est en jeu. Au départ, il y a des mots pour dire l’indicible. C’est aussi, pour revenir à la question de l’exil, une façon de dire que chaque histoire individuelle porte en elle son degré d’universalité. Quant à l’image, j’ai comme l’impression que plus la société nous sert des vies virtuelles, plus le cinéma se rapproche de la peau, de la chair.
U. : Qui espérez-vous rencontrer sous le chapiteau les 25, 26 et 27 novembre ?
Ricardo Montserrat : Des gens qui découvrent le cinéma ce jour-là. Nous avons accès aux films par la télé, par internet, mais là, on revient aux fondamentaux. La proximité, découvrir les films ensemble, c’est ça qui m’intéresse. Grâce au festival, on peut aussi rencontrer l’acteur, le technicien, le réalisateur, hommes et femmes qui font le cinéma d’aujourd’hui sans oublier des générations de professionnels qui nous ont laissé un patrimoine si riche.
À Bannalec, Ricardo Montserrat croisera également Mehdi Charef, l’invité d’honneur de cette 8e édition. Le réalisateur du célèbre film « Le Thé au harem d’Archimède », sorti en avril 1985, est enthousiaste à l’idée de travailler avec des collégiens bretons comme il le fait régulièrement en Ile de France, où il réside. Bientôt il publiera un roman autobiographique.
Ils s’appelaient ou s’appellent Mohamed, Victor, André, Sigmund, Ovide, Alexandre, Mahomet, Fiodor, Walter, Lluis… Ces exilés à qui on aimerait, dans cette édition 2016, donner la parole, adoucir les arrivées. Bien sûr ce ne sont que des mots, que des moments, que des images, mais au moins ce sont les leurs que nous vous invitons à partager. Ceux de personnes condamnées à errer, le plus souvent sans procès, au milieu de frontières barbelées. Il ne s’agit pas ici d’inventorier, mais de sauvegarder et faire vivre la mémoire, de celles et ceux qui n’ont plus pour seul bagage et pour seul héritage, que leurs souvenirs. (Michel Dupuy, Président du festival)
Mehdi Charef et Ricardo Montserrat ont tous les deux hérité d’une histoire d’exil, celle de leur famille et à travers elle, celle de tant d’autres, qu’ils partagent dans des récits qui s’attaquent à la portée universelle de ces destins singuliers.
Le Festival de cinéma Les passeurs de lumière aura lieu à Bannalec, Finistère, les 25, 26 et 27 novembre 2016 et aura pour thème l’exil. Le festival OFF du festival commencera le 21 novembre à 20H30 avec la projection du film FUOCOAMMARE, PAR DELÀ LAMPEDUSA au cinéma La Bobine à Quimperlé
Cette huitième édition du festival est organisée par l’association Label Image
Michel Dupuy, Association Label Image
Kerdudou – 29310 Locunolé
Portable : 06 48 99 64 01
festival.lespasseursdelumiere[@]gmail.com
http://https://www.youtube.com/watch?v=fKrOcoebRYI
******************************
Les Tarifs du festival Les passeurs de Lumière :
TARIF A LA JOURNÉE : 5€
LE PASS – 7€ : Il donne accès aux expositions, projections (inclus les cinémas),rencontres et débats sur toute la durée du festival. Gratuit pour les enfants de moins de 13 ans.
BILLETERIE : Espaces culturels Leclerc de Quimperlé / Offices de tourisme inter-communal de Terre Océane / Office du tourisme, Bannalec (à partir du 21 novembre)
LE PUBLIC : Tous publics, toutes générations. Accueil et animations spécifiques en direction du jeune public.
LES ORGANISATEURS DU FESTIVAL : C’est avec la volonté d’associer tous les acteurs de la chaîne image, que s’est constituée l’Association « Label – Image ». Elle rassemble des professionnels (réalisateurs, photographes, journalistes, exploitants, producteurs TV, décorateurs,…) et des personnalités choisies pour leurs compétences (responsables d’organisations culturelles, enseignants,…). Elle a pour but de promouvoir et de défendre des écritures cinématographiques innovantes.