Patrick Faigenbaum, photographe français, est venu à Rennes donner une conférence sur l’art. Dans une atmosphère feutrée et intimiste, il a présenté son propre travail sur le mode de la rétrospective. Zoom sur un grand nom de la photographie française.
Patrick Faigenbaum, auditorium des Beaux-arts de Rennes, 10 janvier 2017 en fin d’après-midi. Le photographe, né en 1954 à Paris où il vit et travaille, demande au projectionniste de faire la mise au point sur les diapositives. Pas question de présenter des photographies floues ! Dans le noir de l’auditorium, comme dans une chambre, la conférence passe au fil des images. D’abord, les années 70 et les premières prises, « des portraits de famille ou de mes proches ». Dans les années 80, Patrick Faigenbaum voyage, en solitaire ou en résidence. Il se fait notamment connaître avec une série de portraits en noir et blanc des grandes familles aristocrates italiennes. Les temps changent, le photographe y ajoute alors des couleurs. Les portraits continuent, mais ils s’encadrent de plus en plus dans la ville et plus généralement, dans le réel. Il expose un peu partout dans le monde, au Musée d’Art moderne de Paris ou au Metropolitan Museum of Art de New York.
Jean-François Chevrier (historien, critique d’art et commissaire d’expositions), un complice de Patrick Faigenbaum, dit de son œuvre : « La notion même de personnage évoque un récit, une histoire, un travail de la mémoire. Mais Faigenbaum ne raconte pas, il préfère suggérer ou, à la rigueur, produire une amorce de récit ». Son art du portrait, en effet, met aussi en lumière l’ombre et suscite l’interprétation du regardant. Sa série en noir et blanc sur les familles aristocrates italiennes, non sans rappeler la thématique du clair-obscur et du déclin du Guépard de Lampedusa, crée une intemporalité puissante et ouvragée. La tension du noir sur le blanc, de l’ombre sur la lumière, ne disparaît pas avec la couleur : elle s’insère simplement dans un contexte plus temporel, presque documentaire dans le cadre de sa série sur la ville de Tulle ou le quartier de Besós.
Patrick Faigenbaum, comme il le confesse lors de la conférence, a d’abord suivi une formation de peintre. Les tirages de certaines photographies se font sur des formats tableaux. On retrouve, autant dans la composition que la construction, une dimension plastique importante. Le corps dans l’espace, et dans son rapport direct à l’environnement, trouve une valence dans la peinture ou la sculpture, parfois incrustée à l’arrière-plan d’une photographie. Chaque portrait, par son étrangeté, rappelle la sidération de l’apparition dans les yeux de celui qui photographie. Patrick Faigenbaum, par un retour sur sa carrière, ne délivre pas seulement des techniques, mais raconte un cheminement, un parcours fait de réussites et d’échecs, et surtout, de ces instants qui font la photographie. Le « bonheur d’être vivant en cette aube », comme l’écrivait le poète William Wordsworth.
Le photographe Patrick Faigenbaum donnait une conférence à Rennes le 10 janvier 2017 dans le cadre d’un cycle sur la photographie à l’EESAB. Voir le site du photographe Patrick Faigenbaum
Prochaine expo :
PATRICK FAIGENBAUM. IMAGES ET SCULPTURES
28 janvier – 19 mars 2016
Vernissage 28 janvier / 18h – 20h
GALERIE DE FRANCE
54, Rue de la Verrerie – 75004 Paris