Paul Cézanne > Un provencal à Paris

Ils sont drôles ces Parisiens. Ils ont toujours besoin d’évoquer les choses à la lumière de leur ville ! L’économie, c’est Paris, le foot, c’est Paris, la culture, c’est Paris. En proposant une exposition Cézanne et Paris, le Musée du Luxembourg réussit même le tour de force de faire de Cézanne (1839-1906) un artiste parisien « pur jus ».

Loin de nous l’envie de jeter l’opprobre sur la cité lumière, mais convenons-en, elle n’a pas séduit le Maître d’Aix. Le peintre n’a jamais peint le Paris de son époque. Tout juste a-t-il croqué ce qu’il voyait de sa fenêtre : les toits. « Il faut un exception, » note l’auteure de la présentation de l’expo, Marguerite Moquet. « Ce sera la Rue des Saules, à Montmartre. Mais encore la rue est déserte. »

Cézanne trouvait son inspiration à l’extérieur de Paris sur les bords de Marne ou encore à Auvers sur Oise. Le Pont de Maincy en est le meilleur exemple… Il recherche au-delà de la ville lumière le silence de la nature, la fraîcheur d’une rivière ou les couleurs de la campagne. Paris le tente uniquement pour la…sexualité. Il y peint des nus à sa manière ; comme cette fameuse Moderne Olympia ou encore La Lutte d’amour...

A Paris, Cézanne fera pourtant des séjours réguliers. Plus de vingt fois, il fera l’aller-et-retour entre la Provence et la capitale. La cité des arts l’intéresse par ses aspects pédagogiques. Lors de ces venues, il trouve des « formules » auprès d’artistes afin de les exporter du côté d’Aix. « Durant toutes ces années parisiennes, il s’approprie les traditions anciennes et modernes. Ses carnets de dessin attestent d’un regard attentif sur les grandes maîtres,» ajoute-t-elle..

Précurseur de l’art moderne, le peintre du Nègre de Scipion se montra vigilant à l’égard de la reconnaissance de Paris et de ses marchands. Mais vivant retiré et solitaire en Provence, ses visiteurs venaient beaucoup plus le voir là-bas que lui ne se rendait à Paris… Il fallait bien une exposition pour réparer l’affront.

Pratique : L’exposition est organisée en collaboration avec le Petit palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Elle est ouverte jusqu’au 26 février, de 9 h à 22 heures, du vendredi au dimanche et de 10 h à 20 h du mardi au jeudi. Tarif : 12 euros. Tarif réduit : 7, 50 euros. Elle réunit environ 80 œuvres majeures issues du monde entier.

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