Le Breton Paul Masson a ouvert Maison Richou en décembre 2024. Dans son atelier, il transforme les anciens meubles bretons avec une touche de couleurs flamboyante dans le but d’apporter de la gaieté aux intérieurs et de sauver ce patrimoine régional. Une puce électronique permet aussi de découvrir l’histoire dont le bois est empreint…
Massifs et austères, les meubles bretons n’ont plus la côte aujourd’hui bien que le bois soit souvent chargé d’une histoire familiale. « Les gens s’en débarrassent, les brocantes n’en prennent plus, Emmaüs non plus », introduit Paul Masson. C’est ce patrimoine, menacé de disparaître petit à petit, que l’artisan d’art a choisi de valoriser dans une pratique artistique moderne et originale.

Paul Masson a toujours baigné dans le milieu du meuble. Son grand-père maternel d’abord, Jean Richou, était ébéniste de carrière. Il possédait un magasin traditionnel relativement connu après-guerre dans lequel il vendait des meubles bretons. Son père et sa mère ensuite, qui ont travaillé pour les grands-parents une partie de leur vie. « Mon père s’est orienté dans un autre type de mobilier après, il a ouvert une des premières franchises de Fly, une enseigne de meubles jeune habitat. » Paul Masson pour finir : après ses études, dans les années 90, il a travaillé avec eux et a consacré 25 ans de sa carrière professionnelle à ce milieu avant de se réorienter suite à des problèmes de santé. On était en 2019 et il ne connaissait pas le meuble breton, mais a appris à le connaître. « Le meuble breton a quelque chose de différent par rapport au mobilier ancien d’autres régions françaises. Il a un côté familial qui me plaît beaucoup aussi, il y a aussi l’idée de transmission. »
Parallèlement, l’artisan d’art a toujours adoré personnaliser des objets, et ce depuis qu’il est jeune. Objets décoratifs ou imposants – comme sa mobylette achetée neuve par ses parents… -, il passait d’objet à objet pour leur apporter une touche personnelle et originale. « C’était un plaisir du quotidien », précise-t-il. « Dans la personnalisation, on apporte une différence par rapport à ce qu’il peut se faire au quotidien. » En créant Maison Richou, dont le nom est un clin d’œil au nom de famille de son grand-père, il mélange ces deux activités comme il mélange dorénavant les couleurs et les matières sur le mobilier breton.


Il chine aujourd’hui d’anciens meubles bretons dans des brocantes ou en fouillant sur le site Le Bon Coin dans l’idée d’apporter une touche contemporaine, mais aussi de perpétuer ce patrimoine régional. « C’est important pour moi que le meuble soit conservé. » Comment fonctionne-t-il pour la customisation ? Paul Masson s’est d’abord intéressé à l’aérogommage, une technique qui permet de décaper les surfaces. « Les meubles sont la plupart du temps vernis ou teintés de couleur sombre, ils sont trop imposants pour les intérieurs d’aujourd’hui. » Une fois le décapage effectué, le meuble change de visage pour retrouver sa couleur d’origine, plus claire. Autodidacte, il est accompagné par un menuisier une fois par semaine afin d’être formé sur la partie bois ancien. « Le meuble est rarement en bon état, nous sommes souvent obligés de remplacer des pièces. Quand je les remplace, j’utilise des matériaux nobles d’aujourd’hui. »
Il passe ensuite à la deuxième étape et lui redonne un coup de pep’s. Pour cela, il l’enduit d’une peinture souvent tirée de la palette du tuning automobile. « Le milieu automobile est souvent précurseur de certaines teintes. » La touche pop art, le fluo, les paillettes ou encore les effets caméléons sont autant de moyens qu’il a trouvé pour se diversifier des peintures classiques. Avec sa méthode, Paul Masson crée un décalage entre l’ancien et le moderne : il contrecarre l’austérité du meuble avec une touche de gaieté colorée, comme un remède aux hivers bretons souvent sombres. Si des personnes peuvent trouver son mobilier trop tapageur, il voit les meubles de la Maison Richou comme une touche de déco dans un intérieur. L’utilisation de planches de verre ou de marbre donne aussi une modernité nouvelle. « Ce qui m’intéresse dans le meuble breton, ce sont les décors, les personnages et les scènes de la vie quotidienne. » S’il travaille aussi à partir de meubles néo-bretons, conçus à la machine, il souhaite surtout valoriser le savoir-faire d’exception des ébénistes du XIXe siècle qui travaillaient à la main.


Le meuble porte un nom breton et possède un sceau en gage de fiabilité et d’authenticité. Dans la fusion d’un lys royal et d’une hermine apparaît, dans une belle coïncidence, un coq, symbole de la France.
Paul Masson ne redonne pas seulement de la couleur à des meubles laissés-pour-compte, il a souhaité créer un concept :il communique aussi autour l’histoire dont le bois est empreint grâce à un dispositif de puce électronique mis en place sur le meuble. Elle permet de connaître la vie de chaque meuble, selon les informations qu’il a pu glaner. L’acquéreur, en scannant la puce avec son téléphone, découvre la période ou la date de fabrication quand il la possède, le lieu de création, la finition du bois (chêne, châtaignier, etc.), la fonction originelle du meuble et sa modification. Car au-delà de la customisation, l’artisan d’art redonne une nouvelle fonction à ces meubles-là pour qu’ils s’intègrent dans la vie de tous les jours. « Les personnes savent ce que c’était et ce que c’est devenu. Si une personne veut céder le meuble, grâce à cette puce, on peut retrouver l’origine du meuble », pour qu’il continue à vivre dans les intérieurs et que son histoire se transmette.
Maison Richou 9 rue Alain Le Berre 29200 Brest
+33 6 137 157 03
contact@maison-richou.com