L’artiste Jean Puy (1876-1960) est mort le 6 mars 1960, il y a 65 ans. Considéré comme un pionnier de l’utilisation de teintes vives, il connaissait le plaisir de peindre sans chercher à plaire. Après s’être orienté vers le fauvisme et l’impressionnisme, il revient vers une peinture plus intimiste qui va au cœur de l’objet, du paysage, du modèle, pour en retenir la vie, le rêve, le secret et la nature, et notamment celle de la Bretagne…
Originaire de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Jean Puy est né le 8 novembre 1876 à Roanne dans le département de la Loire au sein d’une famille d’industriels fortunés. Enfant, Jean Puy est un garçon sensible, poète, rêveur et bercé par les écrits de Jules Verne, qui lui donnent aussi le goût de la navigation. Plus tard, il possèdera plusieurs bateaux et partira tous les étés en solitaire au large des côtes bretonnes…


Les lettres françaises et latines l’intéressent et c’est ainsi qu’il obtient son baccalauréat section Lettres et Philosophie. Il épouserait bien une carrière de marin, mais sa famille s’y refuse. C’est en 1895 que Jean Puy découvre la peinture. Après un passage à l’école des Beaux Arts de Lyon et à l’atelier de Tony Tollet, un portraitiste lyonnais réputé, il poursuit ses études à Paris à l’Académie Julian, puis à l’Académie Camillo. Il travaille dans différents ateliers et rencontre les peintres Eugène Carrière (1849-1906), Pierre Laprade (1875-1931) et Henri Matisse (1869-1954).
Dès 1901, à 25 ans, Jean Puy possède son propre atelier. Il commence à exposer, trouvant un écho favorable dans la presse. En parallèle, il découvre la Bretagne, où il séjourne chaque été.
Libre d’esprit et libre dans sa peinture, Jean Puy peint la vie, les femmes, la nudité. Pourtant, en 1905, le Salon d’Automne de Paris fait scandale quand Jean Puy, Henri Matisse et d’autres peintres y exposent des œuvres colorées, bariolées avec des corps dénudés aux formes libres. Les critiques hostiles à cette modernité inventent l’expression de « cage aux fauves ». Jean Puy devient alors un peintre membre du mouvement fauviste.


Cependant après la Grande Guerre, dont il revient traumatisé, Jean Puy se détourne peu à peu de la peinture d’avant-garde. Moins audacieux, il devient un artiste indépendant qui ne s’ancre plus dans la modernité. Il demeure un peintre d’importance dans les grandes collections de l’entre deux guerres, mais son tempérament mélancolique le pousse à rester en retrait du monde.
En 1940, marié puis divorcé sans enfants, il quitte Paris et s’installe définitivement à Roanne. Il passe les vingt dernières années de sa vie à peindre et à exposer, en animateur dévoué de la vie culturelle locale. Il aide et assiste de nombreux jeunes artistes, dont le dessinateur Pierre Etaix (1928-2016). Il partage les expositions, suivant les saisons, entre le sud, Paris et la Bretagne, dont il peint passionnément la violence des flots…


Jean Puy et la Bretagne
En 1904, Jean Puy est à Bénodet dans le Finistère. Il réalise la peinture Bord de mer à Bénodet, qu’il vendra plus tard au musée d’Alger en Algérie en 1929. Cette œuvre offre une vue élargie du lieu, animée d’une figure féminine allongée sous un parasol. Elle est peinte sur le même site que la toile Crique en Bretagne où l’on retrouve le pin, le petit deux-mâts et le groupe d’habitations sur la presqu’île.

La toile Crique en Bretagne présente un traitement de surface très contrasté. Toute la partie inférieure est peinte avec une grande liberté qui rappelle le meilleur de la peinture fauve. Jean Puy se livre tantôt à un coloriage de remplissage, tantôt à une manière saccadée qui anime le paysage au premier plan. À mesure que le regard se dirige vers le ciel, la technique se précise, héritière de l’impressionnisme. Les parties blanches de certains nuages ont été façonnées au couteau, les empâtements sont plus nombreux qu’au bas de l’œuvre. Sur l’ensemble de la surface, les traits de fusain cernent le contour des formes à peindre. Cette œuvre témoigne des recherches de l’artiste qui cherche à affirmer sa personnalité entre impressionnisme et fauvisme…

En 1912, Jean Puy réalise Quai à Audierne, une toile à l’huile sur carton marouflé et Paysage à Bénodet. Puis en 1913, Plage de Bénodet.
En 1924, le peintre est à Belle-Île-en-Mer dans le Morbihan. Il réalise Le port de Palais à Belle-Île-en-Mer et La Roche Percée (une toile peinte à l’huile sur papier doublé). En 1926, Jean Puy peint à l’huile une toile sur carton marouflé Rochers à Belle-Île.




Jean Puy s’éteint le 6 mars 1960 à Roanne à l’âge de 84 ans. Le peintre laisse derrière lui, en cette seconde moitié du XXe siècle, une œuvre mal connue, pourtant voluptueuse, charnelle, tendre, gourmande, audacieuse et sensible… Mais aujourd’hui, les peintures de Jean Puy font partie de la collection permanente du musée d’Orsay à Paris, de l’Institut d’art à Chicago, du musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg en Russie et de l’Institut Courtauld à Londres.