Bahrein et Québec sont sous les feux de l’actualité, bien que distants de dizaines de milliers de kilomètres…. Ou plutôt ignorés par nos médias alors que les deux territoires sont annexés. Oh bien sûr, la situation n’a rien à voir puisque l’un est en train de se faire annexer par son puissant voisin saoudien et l’autre par la dictature des puissants. Pas si loin finalement ?
Bahrein est un émirat riche en pétrole qui est en proie à des troubles depuis plus d’un an maintenant. Cette petite île au large de l’Arabie Saoudite peuplée d’un peu plus d’1 million d’habitants ne comprend pourtant que 600 000 habitants réellement natifs de Bahrein. Le non-respect des droits de l’homme, la torture des opposants y est monnaie courante et l’objet d’une révolte populaire menée par la minorité chiite (proche de l’Iran politiquement). Il faut rappeler que l’Iran revendiquait en 1957 Bahrein comme 14e province du pays du fait d’une histoire commune avec la Perse. Ce qui explique aussi la proximité historique des deux pays et le fait que la minorité (en réalité une majorité de 60-70%) chiite vive mal la main mise des sunnites sur le pays. Le voisin saoudien a apporté son soutien au régime Barhaini en envoyant des troupes et c’est finalement la rivalité Arabie Soudite / Iran qui se cristallise autour de cette petite île. C’est tout autant les réserves de pétrole que la position privilégiée dans le golfe persique qui attisent les convoitises de ces deux blocs, au mépris évidemment des intérêts des populations. Le projet d’union avec l’Arabie Saoudite est donc l’objet de manifestations qui peuvent elles même être récupérées par l’opposition chiite.
De l’autre côté de l’atlantique, chez nos « cousins » québécois, les droits de l’homme sont aussi en danger. Le gouvernement québécois, non content d’avoir un traitement des députés particulièrement dispendieux (avec parachutes dorés à la clé), a voulu augmenter graduellement les frais de scolarité des étudiants, les faisant passer de 2000 à 3625 dollars par an en 5 ans. Une mesure d’austérité qui a mené à la révolte de ces étudiants, à des manifestations, des blocages des universités pendant déjà plusieurs semaines. Pour mettre fin à ces manifestations, le gouvernement de monsieur Charest n’a rien trouvé de mieux qu’une loi baptisée « Loi 78″. Il s’agit ni plus ni moins que d’une atteinte au droit de grève, avec des mesures obligeant à prévenir tout rassemblement de plus de 50 personnes 8 heures avant avec « la date, l’heure, la durée, le lieu ainsi que, le cas échéant, l’itinéraire de la manifestation, les moyens de transport utilisés à cette fin”, ou encore “Une association de salariés est solidairement responsable du préjudice causé à un tiers par la faute d’un salarié qu’elle représente en raison d’une contravention à l’article 10 ou à l’article 11, à moins qu’elle ne démontre que le préjudice n’est pas attribuable à la contravention ou que celle-ci ne fait pas partie d’une action concertée”. À cette loi s’ajoute une répression policière particulièrement dure, où la prévention du risque aboutit à des arrestations pour le moins arbitraires sur des terrasses de café par exemple et à des arrestations de journalistes, heureusement libérés rapidement. Et il n’est évidemment pas question d’audit sur les dépenses publiques ou la gestion des universités.
Tout cela n’est évidemment pas visible depuis plusieurs semaines que cela se déroule. Autant cela était compréhensible lors des élections présidentielles, autant cela l’est moins quand l’actualité n’est tenue que par le Festival de Cannes.
Ice