Picasso SDF ? Alors que le dossier semblait être définitivement bouclé, le CNEA lance une nouvelle alerte quant au Grenier des Grands Augustins. En cause cette fois l’utilisation des lieux, pour laquelle rien n’est réglé. Le CNEA demande de mettre fin aux tergiversations afin de permettre au plus grand nombre l’accès à ce lieu hautement symbolique.
On savait depuis quelques semaines (voir notre article) qu’un accord avait été trouvé quant au devenir du fameux Grenier des Grands Augustins. Particulièrement célèbre pour avoir servi d’atelier à Pablo Picasso (notamment, mais pas seulement : voir notre article), le lieu était devenu l’enjeu d’une bataille judiciaire féroce. Destiné à devenir une résidence hôtelière, il a fait l’objet d’une vaste campagne de soutien pour sa préservation.
Le propriétaire du bâtiment, la société des huissiers de justice de Paris avait décidé, sans tenir compte du caractère culturel de ce lieu, de le transformer en résidence hôtelière, mais, grâce au combat du Comité National pour l’Education Artistique (CNEA), les deux derniers étages avaient fini par être inscrits le 13 mai 2014 à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Ce qui n’avait pas, au début, entravé la volonté du groupe Helzéar chargé de l’opération immobilière. Le groupe finalement débouté, l’affaire semblait dans une impasse. Fort heureusement, un accord avait pu être trouvé avec la famille du peintre pour sauvegarder les lieux, via une fondation au nom de Maya Picasso, la fille de Pablo, qui vécut elle-même une partie de son enfance dans cet endroit.
Le CNEA vient pourtant tirer une nouvelle fois la sonnette d’alarme: se félicitant de l’accord intervenu (qui permet une sauvegarde du Grenier), le CNEA reste extrêmement « vigilant sur les suites pratiques de cet accord ». Appuyé par un groupe de soutien important, mais aussi par le maire du VIe arrondissement de Paris, Monsieur Jean-Pierre Lecoq, le CNEA veut un réel accord « d’utilisation au bénéfice du plus grand nombre ». Le groupe ne voulant pas se contenter de belles paroles après toutes les actions entreprises.
En effet, comme le rappelle leur communiqué, il est pour l’instant seulement stipulé que le grenier sera « un lieu hôtelier polyvalent » réservé à « quelques hôtes privilégiés ». Une dimension qui n’a rien de rassurant et qui va à l’encontre de tout le travail effectué par le CNEA. C’est en effet ce dernier qui avait sauvé le bâtiment du délabrement (et grâce au mécénat de 27 entreprises) pour permettre au grand public et particulièrement aux élèves de tous niveaux de bénéficier d’activités gratuites au sein de ce lieu emblématique. Le CNEA a pourtant été écarté de toute négociation: souhaitant à tout prix un accord, le CNEA désire cependant bien mieux que le maigre local de 30 m² mis à la disposition de la fondation Maya Picasso au rez-de-chaussée.
Le CNEA appelle ainsi les pouvoirs publics, qui érigent l’éducation artistique comme un enjeu essentiel, et les différentes parties à prendre les dispositions nécessaires pour la sanctuarisation d’un lieu classé. Il demande de lever toute ambiguïté sur les termes du contrat, et donc son accès au plus grand nombre, au premier rang duquel les scolaires. Le Grenier des Grands Augustins doit rester un lieu culturel pour tous et non une résidence hôtelière dans laquelle auraient lieu de rares événements culturels destinés à quelques privilégiés. À défaut d’accord, un appel contre le permis de construire est envisagé par le comité de défense pour ne pas voir ce lieu sombrer petit à petit dans le giron hôtelier, bien loin du public.
Comité de défense des Grands-Augustins c/o Cabinet d’architectes CANTAL-DUPART, 5 rue de Savoie, 75006 PARIS