Piégé, thriller réalisé par David Yarovesky et porté par une prestation mémorable d’Anthony Hopkins, divise notre rédaction. À la croisée des chemins entre suspense haletant et mécaniques narratives un peu trop prévisibles, ce film oscille entre réussite esthétique et relative déception sur le fond.
Dès les premières minutes, Piégé capte son public avec une atmosphère tendue et une mise en scène maîtrisée. L’habileté de Yarovesky à installer une tension palpable fait de chaque scène une promesse de révélations inquiétantes. L’intensité du récit, où l’on suit un homme piégé dans un jeu psychologique tortueux, prend rapidement une dimension presque claustrophobique, où la frontière entre le réel et le cauchemar devient floue. Un grand merci à la photographie, qui, par ses ombres et sa lumière crue, amplifie cette sensation de danger imminent.
Au centre du film, Anthony Hopkins livre une performance qui frôle la perfection. Toujours aussi fascinant, l’acteur incarne un personnage ambigu, tourmenté et calculateur, dont les intentions semblent se dévoiler à un rythme parfaitement dosé. Sa présence impose un magnétisme qui, même quand le scénario vacille, maintient l’attention. Il est indéniablement l’élément central qui confère au film sa profondeur émotionnelle. Chaque regard, chaque pause dans ses dialogues, révèle une complexité qui transcende le script.
Le suspense, finement distillé, fait de Piégé un thriller fort agréable à suivre, avec des rebondissements inattendus qui, même s’ils n’évitent pas tous les clichés du genre… offrent tout de même quelques moments de pure tension cinématographique.
Cependant, malgré sa mise en scène efficace, Piégé souffre de quelques failles notables. Le scénario, bien qu’original dans ses grandes lignes, se laisse parfois aller à des raccourcis qui nuisent à la fluidité de l’intrigue. Les motivations du personnage principal deviennent trop claires trop tôt ; ce qui enlève une partie du mystère au cœur du thriller.
Le twist final, attendu avec impatience, tombe un peu à plat. L’habitude des retournements de situation dans le genre policier psychologique rend cet aspect particulièrement difficile à maîtriser sans tomber dans la surenchère. Si le film se veut un jeu de manipulation mentale, il finit par sembler trop mécanique, au risque de perdre de son impact émotionnel.
Enfin, certains aspects narratifs manquent de finesse. Le film privilégie parfois le spectacle au détriment de la profondeur psychologique de certains personnages secondaires, qui semblent relégués au rang de simples figurants. Ce manque de développement secondaire empêche l’univers du film de se déployer pleinement, limitant ainsi l’ampleur de son impact.
En dépit de ses défauts, Piégé réussit à susciter une réflexion intéressante sur la manipulation, la culpabilité et la recherche de rédemption. À travers le personnage incarné par Hopkins, le film explore l’idée de la liberté individuelle, de la prise de décision et du poids de la conscience. Cependant, le message moral reste fort obscur, noyé sous les couches de suspense et de mystère ; ce qui peut frustrer certains spectateurs en quête d’une plus grande profondeur philosophique.