Créée en 2017, l’APPAN du Cap Sizun et du Pays Bigouden tente de redonner ses lettres de noblesse à l’abeille noire de nos régions. L’association milite pour faire connaître l’espèce afin d’éviter le phénomène d’hybridation. L’APPAN a donc lancé un financement participatif sur la plateforme Kengo, en ligne jusqu’au 10 septembre prochain, afin d’ouvrir un site internet et poursuivre son objectif de sauvegarde de l’abeille noire.
Entre les abeilles jaunes, les grises et les noires, les spécialistes ont répertorié pas moins de 20 000 espèces d’abeilles dans le monde. Selon les études, on compte entre 951 et 970 espèces d’Apoidea apiformes en France, réparties en six familles : les apidés (dont font partie les méllifères), les mégachilidés, les andrenidés, les halictidés, les collétidés et les melittidés. Pourtant, il n’existait jadis qu’une seule espèce d’abeilles en France et en Europe du Nord : l’Apis Mellifera Mellifera, aujourd’hui menacée.
La présence de l’abeille noire sur nos terres est difficilement datable, mais nous estimons qu’elle pourrait remonter à un million d’années, au maximum. Cette abeille ancestrale a survécu aux deux périodes de glaciation, mais est aujourd’hui rare. La raison ? Le phénomène d’hybridation qui entraîne sa disparition sur le continent français. Si ce n’est pas la mortalité des abeilles, l’hybridation impacte également leur capacité à faire du miel. « Pendant longtemps, on a espéré un arrêté qui aurait permis de protéger l’abeille noire dans le site, car seul le côté est du Cap Sizun possédait un pôle avec de la terre. Le reste, c’était la mer », introduit Dominique Le Doaré, président de l’association. « Mais les lois internationales autorisent tous les croisements que l’on veut donc ce n’était pas faisable politiquement et juridiquement. »
Fondée en 2017 par d’irréductibles apiculteurs bretons, l’APPAN – Association pour la Protection et la Promotion de l’Abeille Noire – du Cap Sizun et du Pays Bigouden milite pour faire connaître et protéger le patrimoine génétique de l’Apis Mellifera Mellifera de nos régions.
Comparée aux trois autres races d’Europe centrale – la carniolienne, l’italienne et la caucasienne, l’Apis Mellifera présente des caractéristiques morphologiques particulières. Elle est assez trapue et velue à poils long. Considérée comme peu productive, elle ne fait pas le poids face à ces concurrentes – la buckfast, la caucasienne, la carniolienne, la lingustica ou l’iberica, beaucoup plus productives. Mais tout est relatif. « 60 kg de miel ont été produits avec une partie de celles que nous avons testé cette année… On ne peut pas dire qu’elles ne produisent pas beaucoup. Toutes les lignées sont différentes, mais certains sont très productives », insiste Dominique Le Doaré.
Jugée agressive et taquine quand on la dérange, l’abeille noire n’a pas bonne presse et semble le vilain petit canard face aux autres espèces, malgré ses qualités. « Elle négocie avec le vent comme personne, elle n’a pas peur de se mouiller, elle n’est pas frileuse (elle sort de sa ruche avant ses copines jaunes), et elle est économe (pour l’hiver pas d’angoisse : elle gère ses réserves mieux qu’aucune autre) », écrit l’APPAN sur le site de financement participatif Kengo.
L’Apis Mellifera évolue avec sa faune et sa flore et s’adapte génétiquement à son environnement. « Celle que vous trouvez dans le Finistère n’est peut-être pas tout à fait la même que celle que vous avez dans les Côtes d’Armor. Elles sont de la même famille, mais n’ont pas les mêmes gênes. » L’APPAN cherche donc à limiter l’achat d’essaims d’abeilles jaunes afin d’éviter l’hybridation et de préserver le patrimoine génétique de l’abeille noire du Cap Sizun. « Une fois née, la reine part faire un vol de fécondation. Elle peut voler jusqu’à 7 km loin de sa ruche de naissance et les mâles peuvent parcourir jusqu’à 25 km, voire plus s’il fait très chaud. Une reine est fécondée entre 8 et 15-20 mâles et, si le site n’est protégé, cela entraîne des difficultés dans la gestion des lignées. »
Récemment, l’association a envoyé 23 échantillons de ses ruches à Thoune, en Suisse, dans le but de tracer le marqueur génétique de ses abeilles. « Sur les 23, une s’est révélée être caucasienne ou carniolienne. Elle était noire physiquement, mais son génotype n’était pas Apis Mellifera Mellifera. Elle venait de Yougoslavie ou d’Europe de l’Est », déclare-t-il. « Ca fait partie des hybridations que l’on rencontre. La première génération peut être très bonne, mais dès la deuxième ou troisième, le patrimoine génétique des abeilles commencent à s’étioler. » D’où l’intérêt d’avoir une race avec une génétique pure, pour qu’elle ne perde pas ses qualités héréditaires. Le reste des échantillons a révélé qu’une quinzaine était à 100 % Apis Mellifera et d’autres se situaient entre 97-98 %, soit considérées comme pures.
L’abeille noire sur la toile grâce au financement participatif
Pour poursuivre son objectif et soutenir cette noble cause, l’APPAN part à la conquête d’Internet et lance un financement participatif dans le but d’ouvrir un site Internet.
La création du site Internet permettra à l’association de donner une meilleure visibilité à sa « championne », mais également de planifier des formations et conférences, de créer une plateforme de vente en ligne (essaims, reines, miel), la possibilité d’adhérer en ligne, de mettre en place un maillage des pièges à frelons asiatiques et de suivre l’évolution de la menace et un moyen d’échanger avec les adhérent.e.s. L’objectif est de 2000 € sur un budget estimé à 5000 €.
Pour participer au financement participatif sur le site Kengo – Bretagne participative
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