Pollution atmosphérique, les responsables cachés derrière les nuages

Pollution atmosphérique : une histoire de particules ? Loin d’un retour à l’ancien régime, on note une soudaine prise de conscience des politiques et d’anciens dirigeants du Medef. Il est urgent d’agir contre la pollution ! Notamment les particules fines, ces infimes matières qui s’infiltrent partout. De fait, plus personne ne peut ignorer que Paris est pris dans le « fog » comme Pékin. Mais comme souvent, ces milieux bien informés ont la mémoire courte et l’imagination luxuriante… Jusqu’à en oublier l’abandon, pardon, la suspension récente de l’écotaxe. Et proposer une circulation alternée, mesure des plus inadaptées étant donné ses dérogations multiples. Et si les médias parlent des automobiles, qu’en est-il du reste ?


Diesel, fruit d’une politique irréfléchie

Dans Unidivers, nous avons rappelé plusieurs fois que le diesel n’est pas compatible avec la ville. Questions autant de santé, d’écologie que d’intérêt économique pour l’utilisateur et les industriels de l’automobile. Coïncidence, les constructeurs ont tous abandonné le diesel sur les petites voitures au profit de nouveaux petits moteurs 3 cylindres essence.

L’abaissement de la vitesse est aussi une mesure hypocrite et contre-productive. Aux heures de pointe, cela ne change que peu de choses aux embouteillages.  Quant aux autres heures, les polluants sont toujours là, car l’émission est liée pour beaucoup aux « régimes-moteur », des moteurs qui doivent jongler avec des contraintes réglementaires de plus en plus strictes.

Et puis il y a ces bonus-malus ciblant le seul CO2 et qui ont poussé massivement les consommateurs vers plus de diesel, signant la mort de modèles de véhicules pourtant intéressants et par la même d’usines (rappelons PSA Rennes et les modèles haut de gamme qui y étaient fabriqués), puisque les bonus poussent à acheter de petits modèles fabriqués hors de France. Au point de montrer du doigt le seul diesel comme responsable des particules avec de faux arguments ou en oubliant les bons arguments (cf. nos différents articles sur le sujet).

La situation du diesel est bien le fruit de mauvaises politiques de droite, de gauche et des écologistes, notamment la taxation du carburant. Mais aussi du manque de maturité des clients qui s’obstinent à ne pas calculer le coût réel d’un véhicule à l’achat, la revente et à l’entretien.

Diesel, seul responsable ? Loin de là ! Mais touchons du bois !

En Rhone Alpes, le chauffage au bois 1er responsable
En Rhone Alpes, le chauffage au bois 1er responsable

Mais, le diesel est loin d’être le seul coupable. Si la pollution s’est soudainement développée cette semaine en France, notamment à Paris, c’est à cause d’une conjonction de facteurs et non à un afflux soudain de voitures. Oui, de voitures. Car, étonnamment, personne ne parle des camions. Pourquoi ? Pour éviter que le lobby des transporteurs ne menace de se mettre en grève et paralyse une fois de plus notre beau pays. Aujourd’hui,  la situation est la suivante : les portiques « écotaxe » ont été démontés pour calmer le jeu avec une loi mal ficelée, mais rien n’est résolu. On importe de denrées, on importe et donc on transporte.

Qui ne consomme plus local, fait parcourir des distances de plus en plus longues aux marchandises. Avec des camions venant de l’Europe entière, aux entretiens mal contrôlés. Si le transport routier est responsable de « 30% de la pollution », c’est d’une manière disparate.  10 à 20 % pour les particules fines et jusqu’à… 50 % dans l’agglomération parisienne (chiffre AIRPARIF), soit le deuxième facteur. Mais, même en calculant d’une manière pessimiste, la responsabilité qui incombe aux voitures particulières s’élève au maximum à 25 %. Alors, d’où viennent-elles ces fameuses particules ?

Elles viennent principalement du chauffage, tant particulier qu’industriel (du moins si l’on ne raisonne pas uniquement pour Paris). Entre autres, du bois. Qui plus est, les particules peuvent rester en suspension, venir de loin avec le vent jusqu’à ce qu’un phénomène concourt à leur concentration. Ainsi, dans cette période de fin d’hiver, il fait encore froid le matin, ce qui pousse à chauffer. Mais avec peu de vent et une bonne chaleur en journée, il en suit un afflux de particules. À cela s’ajoutent les particules des matériaux de construction qui occupent la troisième place. Là, par contre, personne ne propose de stopper les chantiers en cours, ni même les camions qui les approvisionnent. De fait, nous n’avons pas entendu de mesure pour baisser les chauffages, arrêter les chantiers ou les alterner en fonction des jours pairs ou impairs.

Des solutions existent pourtant

Des solutions françaises comme l'hybridation à air comprimé (PSA)
Des solutions françaises comme l’hybridation à air comprimé (PSA)

Elles sont multiples. Par exemple, bouleverser le transport routier et le recours aux camions, d’abord. L’écotaxe est passée de l’état d’une bonne solution à un traquenard. Dommage, car l’idée de base est bonne. À condition que les gains ne soient pas dilués dans d’autres dépenses et sujets au clientélisme.

L’évolution des transports en commun est nécessaire autant que le changement des mentalités. Par exemple, en matière de courses au quotidien. Il faut repenser ces grands centres commerciaux qui concentrent la pollution. Le gain pour les consommateurs est contrebalancé par les pertes pour la communauté. C’est là que la concertation régionale doit jouer son rôle au-delà des étiquettes politiques. C’est donc bien une question d’aménagement du territoire.

C’est aussi une question de politique énergétique. Il convient de regarder à deux fois lorsqu’on promeut des sources d’énergie, car on ne gagne jamais sur tous les tableaux. Il est nécessaire de sortir de cette stérile taxation sur le CO2 et traiter les polluants dans leur globalit. Il faut accompagner cette sortie du transport routier vers d’autres métiers de la logistique et en améliorer les interactions. Il est urgent que les émissions des industries et du chauffage évoluent sans pénaliser la compétitivité. Enfin, il s’agit de soutenir la transition énergétique à l’échelon des besoins locaux : autopartage, covoiturage, ferroutage, véhicule électrique, pile à combustible, solaire, hybridation à l’air comprimé.

Est-ce possible ? Oui. Notamment, car les constructeurs automobiles français qui sont devenus les boucs émissaires ont dans leurs besaces nombre de solutions de rechange (ils sont les plus grands dépositaires de brevets). Voilà un grand chantier qui ne doit pas disparaitre avec le vent qui chassera bientôt cet épisode de pollution et ce sujet dans les médias.

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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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