En plein Salon de l’agriculture, la nouvelle fait mal. La Commission de Bruxelles vient d’assigner la France devant la Cour de justice européenne pour « son incapacité à lutter contre la pollution des eaux par les nitrates ». Le gouvernement et le monde agricole auraient souhaité une autre date…
Mauvais moment pour une décision pourtant attendue de longue date. Rappelons que la directive européenne qui impose aux États membres de lutter contre la pollution par les nitrates d’origine agricole date de… 1991.
Qu’ont fait les gouvernements et nombre d’élus, notamment bretons, qui se sont succédé depuis 20 ans ainsi que le monde agricole ? Aggraver la contamination de la ressource en eau, rivières et nappes souterraines. Soixante-quatorze départements et plus de la moitié de la surface agricole utile sont classés en zones de contamination aux nitrates.
« Les données relatives à la qualité de l’eau montrent que certaines zones de France sont, dans les faits, vulnérables à la pollution par les nitrates, mais ne sont pas, à l’heure actuelle, désignées comme telles », réprouve la Commission. En outre, « la législation et les programmes d’action présentent de nombreuses lacunes : les périodes d’interdiction d’épandage sont inappropriées et les restrictions concernant l’épandage des effluents d’élevage et des fertilisants sont insuffisantes ».
Le temps n’est plus à la langue de bois : au coeur de la cible, comme l’explique, l’association Eau et Rivières de Bretagne, se trouve la bonne région porcine dont les écosystèmes se dégradent d’année en année au vu et au su de tous. Il aura fallu attendre l’hégémonie des marées vertes pour que les élus bretons acceptent de prendre conscience de l’étendue du problème.
Devant des pénalités financières à venir des plus couteuses, les ministères concernés, ceux de l’Agriculture comme de l’Écologie, vont-ils enfin cesser cette aberration qui consiste à favoriser la réglementation sur les nitrates au lieu de la durcir ? Entre le traitement de l’eau, l’impact environnemental, humain et touristique, la facture dépasserait les 2 milliards d’euros par an…