Le musée de la Compagnie des Indes de Port-Louis (Morbihan) a ouvert ses portes au public samedi 4 février 2023 après une fermeture hivernale. Les visiteurs ont découvert un nouvel agencement des salles, de nouvelles expositions et des objets inédits. L’assistant principal de la conservation du patrimoine Gwenc’hlan Broudic a fait découvrir à Unidivers les nouveautés et le programme.
Le musée de la Compagnie des Indes est un musée d’art et d’histoire dédié à l’histoire de la Compagnie française des Indes occidentales et orientales (1664-1793), unique en France. Il est implanté dans la citadelle de Port-Louis, en face du musée national de la Marine, depuis 1984. Au cours de ces dernières années, il avait été question de déménager le musée de l’autre côté de la rade de Lorient ; certaines personnes y pensent encore ; mais depuis décembre 2021, le projet a été définitivement abandonné par les élus. Le musée de la Compagnie des Indes restera donc à Port-Louis.
Le public est invité à revivre la passionnante histoire des grandes compagnies de commerce aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les maquettes de vaisseaux, les estampes, les cartes anciennes, le mobilier indo-européen, les porcelaines de Chine et les cotonnades indiennes témoignent de cette épopée maritime. C’est la quête de ces précieuses marchandises qui avait conduit les agents de la Compagnie sur les rives d’Afrique, d’Orient, d’Asie et d’Amérique. Ils y ont bâti les comptoirs qui résonnent encore de ce passé aventureux : Ouidah, Moka, Pondichéry, Chandernagor, Pégu, Canton, etc.
« Depuis le 16 décembre dernier, le musée a fermé ses portes au public pendant sept semaines » explique Gwenc’hlan Broudic en charge des expositions. « Pendant cette période, nous avons créé un nouvel agencement pour faciliter la déambulation des visiteurs dans les salles, souvent trop petites. Les endroits ont été réaménagés et les œuvres, peintures et gravures ont été changées. » Sur les 2000 objets conservés, dont 400 porcelaines chinoises d’exportation dites Compagnie des Indes, 600 sont exposés en permanence, mais sont régulièrement changés. Ce roulement permet de préserver les œuvres, de les mettre à l’abri notamment de la lumière, quand d’autres partent en restauration dans les coulisses du musée.
Depuis la réouverture, huit salles du musée sont accessibles. Après la salle d’introduction, venez découvrir la salle dédiée à la Compagnie des Indes avec la maquette du Soleil de l’Orient, premier navire construit par la Compagnie des Indes sur le chantier de Lorient achevé en 1671, et à l’Afrique. Deux autres salles exposent la construction navale et la navigation. Les objets témoins de la vie à bord des navires sont magnifiés dans une nouvelle vitrine et les pièces sont animées. Il y a aussi un pièce dédiée au comptoir africain.
Vient ensuite la salle qui renferme l’exposition sur le café qui s’est déroulée l’année dernière de mai à décembre. « Dans les décennies 1710-1720, la culture des caféiers de Moka est introduite dans de nombreux espaces coloniaux, car ce breuvage nouveau devient très en vogue en Europe. La Compagnie des Indes l’impose littéralement aux habitants de l’Île Bourbon en 1715. » Une partie de l’exposition reste permanente : elle traite de la culture du café, de l’île Bourbon (actuelle île de la Réunion) et de l’esclavage. En 1750, l’île comptait 15 000 habitants dont 80% d’esclaves employés dans 580 caféières. Un diorama et un film d’animation complètent les connaissances.
La plus grande salle du musée est consacrée à l’Inde et ses marchandises. Le mobilier indien est maintenant mis en scène à travers l’habitation d’un agent de la Compagnie des Indes en poste à Pondichéry. Les textiles, buffets et commodes prennent vie dans une pièce ouverte sur une place animée. Le diorama de Pondichéry a rejoint une nouvelle vitrine qui le met en valeur. Dans cette pièce, de petits espaces séparés sont différenciés pour d’autres collections : la partie sur les céramiques, l’exposition Des animaux et des hommes, la salle des porcelaines et les émaux de Canton, ou encore la vitrine réservée au Japon et à son commerce.
Le musée de la Compagnie des Indes a fait de nouvelles acquisitions d’objets. Elles proviennent de lègues de sympathisants et de donateurs généreux. D’autres objets ont été achetés par le musée grâce à des dons. Ces nouvelles collections seront exposées au mois de mars dans une micro-expo. Parmi elles, des porcelaines Contador portugais, des armoires marquetées et fabriquées en Inde, des nautiles montés en orfèvrerie, des tasses de de la dynastie Ming du 17e siècle montées sur argent, des statuettes en porcelaine représentant des personnages féminins et des éléphants.
Une exposition à la fin du mois de juin proposera quant à elle une plongée dans le naufrage de la frégate Prince de Conty et sur les fouilles archéologiques. « Le 3 décembre 1746, pendant une tempête, le navire Prince de Conty s’échoue avec sa cargaison sur les récifs au sud-ouest de Belle-Île-en-Mer en Bretagne. Le voilier revenait de Chine avec 229 marins à bord. Tombée dans l’oubli, l’épave ne fut localisée qu’au milieu des années 1970 puis pillée de ses biens et trésors, dont cinq lingots d’or. Une fouille archéologique fut menée en 1985. »
Infos pratiques
Dates et horaires d’ouverture du musée :
Du 4 février au 30 avril : 13h30 – 18h (tous les jours sauf le mardi)
Du 2 mai au 30 juin : 10h – 18h00 (tous les jours)
Du 1er juillet au 31 août : 10h – 19h (tous les jours)
Du 1er au 30 septembre : 10h – 18h (tous les jours sauf le mardi)
Du 1er octobre au 15 décembre : 13h30 – 18h (tous les jours sauf le mardi)