Le Portrait dans la peinture en Bretagne s’expose au musée du Faouët

Le Portrait dans la peinture en Bretagne est la nouvelle exposition du musée du Faouët, dans le Morbihan, visible jusqu’au 9 octobre 2022. À travers plus de 130 peintures et dessins, réalisés entre le XIXe et le XXe siècle, l’exposition révèle comment artistes connus et anonymes, en recherche de nouvelles esthétiques picturales, ont servi l’évolution du genre à une période charnière de l’histoire de l’art en France.

Parmi les portraits les plus connus, citons l’intemporel La Joconde de Léonard de Vinci (1503-1506), le baroque La Jeune fille à la perle de Johannes Vermeer (1655), ou plus proche de nous, le pop Marilyn Monroe d’Andy Warhol (1967). Éternellement sous-classé par rapport à la peinture d’histoire en France, c’est à ce genre que le musée du Faouët dédie son exposition actuelle Le Portrait dans la peinture de Bretagne, XIXe et XXe siècle.

Gagnant en légitimité seulement au XVe siècle, au moment de la Renaissance, le genre du portrait jalonne pourtant l’histoire de l’art depuis l’antiquité, même s’il n’est pas reconnu en tant que tel. Jusqu’au 9 octobre 2022, les salles d’exposition temporaire du musée du Faouët sont habitées d’artistes, d’hommes, de femmes, et d’enfants de Bretagne, figés sur fond neutre ou décoratif, en intérieur ou en extérieur. Peints à une époque en rupture avec l’académisme des siècles précédents, ils matérialisent picturalement la preuve d’un changement dans l’approche de la peinture. Et révèlent notamment, au-delà de la recherche esthétique de l’œuvre, l’étude psychologique du modèle de par la posture du corps.

« Un portrait réussi […] rend de façon animée les traits de la personne et les traits de son caractère ; […], une image dans laquelle les traits extérieurs expriment les traits intérieurs. »

Louis Tocqué, discours à l’Académie royale de peinture, 17 mai 1750.

Sans retracer l’histoire du portrait, l’exposition donne à voir une partie de la production d’artistes nés en Bretagne, ou ayant régulièrement travaillé dans la région. Une manière d’appréhender le genre à une période de transition, dans une géographie précise, et de montrer un changement dans son approche. Rappelons qu’à partir de la Réforme protestante au XVIe siècle, d’une fonction sacrée le portrait devient profane. Le critique et essayiste Tzvetan Todorov théorise d’ailleurs cette nouvelle représentation de l’individu dans La Naissance de l’individu dans l’art. Tout comme le modèle, auparavant de profil, se tourne peu à peu vers le spectateur, les artistes, et leur œuvre avec, se détournent du sacré et s’attachent à représenter le monde dans ce qu’il a de plus singulier : le quotidien, la vie des sentiments et l’humain.

Le portrait n’est plus réservé aux personnes illustres, bourgeoises, ou de haut rang social. Le cadrage, orienté autrefois sur la tête, s’élargit au profit d’un portrait en buste et représente l’être dans sa totalité, dans son environnement ou avec ses attributs, ce qui permet une identification. À l’image de Portrait d’un paysan breton d’Émile Guillaume (1900 -1975) ou Jeune Bretonne (1893) d’Alphonse Birck (1859-1942).

Autoportraits et portraits d’artistes, portraits d’hommes, de femmes et d’enfants, ou encore portraits dans le paysage et dans les intérieurs, livrent une approche variée et révèlent une différence des techniques à une même période. Preuve étant que les courants artistiques reconnus et plébiscités par l’histoire de l’art, à juste titre, ont rencontré une production en marge. Sans être pour autant en compétition.

Aux côtés des tableaux miroir de la modernité picturale de la période se trouvent aussi ceux d’une facture plus classique d’un XIXe siècle finissant. En témoignent le Portrait de Marguerite Lacoste par un anonyme, réalisé en 1885, qui fige l’expression de la femme de Fernand Cadoret, figure connue au Faouët, sur un fond neutre. Tête de vieille (1889) d’Albert Durand représente quant à lui une vieille paysanne dont le buste se noie dans l’obscurité du fond. Au même moment, une poignée d’artistes révolutionnent la peinture, avec ce que l’on nommera plus tard l’école de Pont-Aven. Citons les toiles Bretonne de Pont-Aven (1892) d’Henri Delavallée à la touche proche de l’impressionnisme, mais dont la richesse des coloris marque la singularité, ou Bretonnes priant – Guémené-sur-Scorff (Morbihan) (1926) d’Émile Compard. Cet exemple coloré de modernité et de liberté tire particulièrement son influence de « l’art nègre », très présent dans les années 1920-1930.

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L’exposition s’accompagne d’un ouvrage publié aux éditions Coop Breizh et d’un programme de médiation pour tous les publics : visites commentées, conférence, visites flash, visites ateliers familles, visites ados, etc.

Du 9 avril au 9 octobre 2022, Le Portrait dans la peinture en Bretagne, musée du Faouët.

Plus d’informations sur le site

Musée du Faouët

1A rue de Quimper
56320 Le Faouët

02 97 23 15 27
info@museedufaouet.fr

Le Portrait dans la peinture en Bretagne 19e et 20e siècle, Anne Le Roux-Le Pimpec et Christian Bellec, éditions Coop Breizh, 128 pages, 30 €.

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