Les cimetières sont des lieux de recueillement avant tout, mais aussi des espaces de méditation et de respiration. C’est également des lieux de patrimoine et d’architecture insoupçonnés, et aussi un endroit de calme et de repos où la nature est vivante, avec le végétal et le chant des oiseaux. Depuis une dizaine d’années, Le Printemps des cimetières est un événement dédié au patrimoine funéraire et ponctué de visites commentées, d’expositions, de conférences, qui se déroulent partout dans les cimetières de France et de Belgique.
Le patrimoine funéraire désigne les monuments, les objets et les sites liés à la mort : les cimetières, les pierres tombales, les sites archéologiques, les cénotaphes. Comme tout type de patrimoine, il mérite d’être sauvegardé, car à contrario des idées reçues et des préjugés, se promener dans les allées d’un cimetière n’a rien de morbide. Les cimetières sont de véritables musées à ciel ouvert, où se côtoient des sculptures et des gravures. Le Printemps des Cimetières, aujourd’hui encore quelque peu méconnu est un rendez-vous au coeur des jardins de pierres !
Après les thèmes des deux dernières années du Printemps des cimetières : Les mémoires de guerre et la Symbolique funéraire, la thématique pour l’édition 2024 portera sur Les femmes dans les cimetières, l’occasion de découvrir des personnalités féminines célèbres ou méconnues, mais qui se sont démarquées par leurs actions : des artistes, des femmes politiques, des savantes, des sportives…
A Nantes en Loire-Atlantique, l’Arboretum Cimetière Parc à l’extrême nord de la ville (2, chemin de la Justice), renferme plus de 6000 espèces végétales. Il est l’exemple du cimetière de demain mêlant patrimoine et nature. Nantes participe pour la seconde fois au Printemps des cimetières.
A Nantes, des visites guidées sont proposées : à l’Arboretum Cimetière Parc le samedi 25 mai à 10h30 ; au cimetière de la Chauvinière le dimanche 26 mai à 15h (20, bd de la Chauvinière) ; et au cimetière Saint-Jacques le vendredi 24 mai et le dimanche 26 mai à 15h (39 bd, Joliot Curie). Les visites seront réalisées à trois voix : un guide du patrimoine pour le côté historique, un agent de l’urbanisme pour la gestion quotidienne des lieux et un agent de Nature et Jardin pour la végétalisation.
L’exposition : Les femmes qui ont fait rayonner Nantes, inhumées à Nantes sera présentée samedi 25 et dimanche 26 mai 2024 de 14h à 19h au Cimetière Miséricorde (4 rue de la Pelleterie). Le cimetière de trois hectares abrite 16 000 tombes et près de 30 000 corps et parmi eux les pionniers qui ont participé à l’essor de la ville, dont de nombreuses femmes. Pour n’en citer que quelques unes : Anne, la soeur de l’écrivain Jules Verne et ses parents (Jules Verne 1828-1905 est né à Nantes mais décédé et enterré à Amiens) ; la femme médecin spécialisée dans le traitement de la tuberculose Yvonne Pouzin (1884-1947). Elle fut aussi la première femme praticienne hospitalière en France ; au cimetière de la Miséricorde de Nantes reposent aussi les sœurs Amadou : Coquette et Papillon, de leurs véritables identités : Madeleine et Clotilde Chéreau étaient lingères et surtout chanteuses et guitaristes de rue de chansons d’amour à la fin du XIXe siècle. Elles étaient vêtues de robes style Louis Philippe.
Ursule Chevalier, l’infirmière et herboriste de métier qui a été la première femme élue au conseil municipal de Nantes en 1947, réelue en 1953 est enterrée au cimetière de la Gaudinière. Quant à Claude Cahun (1894-1954), de son vrai nom Lucy Schwob, est enterrée dans le cimetière juif à Nantes. Elle était écrivaine, poétesse, photographe et résistante pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle a participé au mouvement des surréalistes.
A Brest dans le Finistère : trois cimetières brestois seront mis en lumière en ce rendez-vous printanier
Pour sa troisième édition, Le cimetière de Lambézellec se transformera en un espace de théâtre, en lien avec la Maison du théâtre, le vendredi 24 mai à 19h30 et le samedi 25 mai à 16h. Ce sera l’occasion pour le public d’assister au spectacle Echos en sous-sol, joué par l’Atelier des possibles : un parcours artistique qui interrogera sur la vie et sur la manière dont les morts pourraient avoir encore des choses à dire aux vivants…
Le cimetière de Kerfautras proposera un spectacle réjouissant, le jeudi 30 mai à 21h30 : Hiboux pour s’interroger sur nos représentations du deuil et offrir la possibilité de rencontrer le fantôme que nous allons devenir…
A ne pas oublier, le cimetière Saint-Martin où reposent deux femmes qui ont fait parler d’elles : la résistante Alice Coudol (1923-1944) déportée et fusillée. On l’appelait La Jeanne d’Arc de la résistance bretonne ; la femme de lettres et poétesse du XIXe siècle Léocadie Hersent-Penquer (1817-1889). Il y a aussi la tombe du chevalier de Fréminville (1787-1848), un homme, capitaine de frégate du roi, mais qui se travestissait en femme et qui a d’ailleurs écrit un premier manuscrit sur le sujet !
A Rennes en Ille-et-Vilaine, le cimetière Saint-Laurent est le plus petit des cimetières rennais. Aménagé autour de l’ancienne église du même nom, il a été déplacé à son emplacement actuel après la Première Guerre mondiale, en 1920. Les sépultures de l’église Saint-Laurent ont été déplacées vers le nouveau cimetière. La visite guidée permettra de connaître les personnalités qui y sont enterrées, puis d’accéder à l’intérieur de cette église désaffectée à laquelle le cimetière est lié : il évoque les cimetières paroissiaux d’autrefois. Dès l’entrée, à droite près du calvaire, se trouve la sépulture d’Auguste-François Pointeau du Ronceray (1792-1872), ancien chirurgien militaire qui a légué toute sa fortune aux hospices civils de Rennes. Quant à l’église Saint-Laurent, elle appartient aujourd’hui depuis 2018 à la sculptrice Delphine Lecamp qui l’a transformée en un atelier d’artiste ! Samedi 25 mai à 10h30, avenue de Saint-Laurent à Rennes
A Sainte Anne d’Auray dans le Morbihan
L’Office National des Combattants et des Victimes de Guerre invite le public à venir visiter la Nécropole nationale de Sainte Anne d’Auray. D’une superficie de plus presque deux hectares, cette nécropole nationale, cimetière militaire est sous la responsabilité de l’État (ONACVG) est la seule de Bretagne. Elle regroupe au total 2 106 sépultures de militaires morts, pour la majorité décédés des suites de leurs blessures ou de maladies contractées en service dans les hôpitaux de l’ouest de la France.
Créée en 1959, elle aborde quatre grands conflits de notre histoire contemporaine : la guerre franco-prussienne de 1870-1871, la Grande Guerre 14/18, la Seconde Guerre mondiale 39/45, et également la guerre d’Indochine du 19 décembre 1946 au 22 juillet 1954.
Ploërmel dans le Morbihan s’associe pour la première fois à l’événement national du Printemps des Cimetières. Pour sa première édition, en partenariat avec l’association ploermelaise de sauvegarde du patrimoine Traces d’Histoire présidée par René Le Goff, elle proposera des visite guidées sur trois horaires le samedi 25 mai à : 14h30, 15h30 ou 16h30. Le public est convié à découvrir les tombes connues du cimetière Fontilo et plus précisément celles des victimes de la Seconde Guerre mondiale et notamment celles des victimes civiles lors des bombardements de la libération en juin 1944.
A Versailles dans les Yvelines: Le cimetière des Gonards est le plus riche de Versailles en célébrités féminines ! Le Printemps des cimetières permettra de découvrir, le vendredi 24 mai à 15h puis à 16h30, la vie et la dernière demeure d’illustres Françaises et Américaines établies en région parisienne à l’époque du Gilded Age (la période prospère entre 1877 et 1896 qui a généré une croissance économique fulgurante aux États-Unis), telles la romancière Edith Wharton (1862-1937) et Eléonore Ruffin-Bonaparte (1832-1905), l’épouse du prince Pierre-Napoléon Bonaparte.
On y trouvera aussi les tombes des personnalités du monde artistique comme : Maria Hahn la sœur du compositeur Reynaldo Hahn (1874-1947) ; l’artiste peintre Louise Hervieu (1878-1954) ou encore l’actrice Hélène Dieudonné (1887-1980). Une promenade riche en surprises attend les visiteurs…
Toujours dans le département des Yvelines, à Boissy-sans avoir, repose l’actrice Romy Schneider (1938-1982), l’occasion de se recueillir pour le 42e anniversaire de sa mort (le 29 mai). Elle a vécu ses dernières années dans la petite commune de Boissy-san-avoir avec son mari Daniel Biasini.
Infos pratiques
Le Printemps des cimetières
Pour consulter la liste complète des animations proposées les 24, 25 et 26 mai à l’occasion de la 9e édition du Printemps des cimetières et pour trouver un cimetière à visiter près de chez soi :
près de chez soi…