Public Service Broadcasting, un duo archiviste…

Difficile pour les usagers du service public à la française de passer à côté de la formation Public Service Broadcasting. Nous avons rencontré les deux Londoniens qui ont grandi dans le Sud de Londres quelques heures avant un concert en France. Non sans appréhension. Ils pour habitude ne pas adresser un mot à leur public sur scène

C’est J. Willgoose – Esq, le guitariste, qui a commencé le projet avant de rencontrer Wrigglesworth, le batteur. Ils aiment depuis faire croire qu’ils se seraient rencontrés alors que ce dernier travaillait sur un bateau de pêche. Une tempête l’aurait fait passé de l’autre côté du bateau avant que J. Willgoose – Esq ne le sauve, lui-même étant un sauveteur en mer volontaire. C’est lors de visites à l’hôpital qu’ils auraient parlé musique et choisi de former ce duo atypique. Le mystère est ainsi partie prenante de leur oeuvre. Ils reconnaissent d’ailleurs leur volonté consciente de paraître énigmatiques et hors-norme. En témoigne le fait qu’ils ne parlent pas sur scène ; durant le concert auquel nous avons assisté, ils s’adressent à leur public au moyen de voix préenregistrées dans un style années 1940.

L’une des particularités du duo tient dans l’utilisation d’archives dans leur composition. Leur premier album, sorti au mois de mai 2013, s’intitule d’ailleurs Inform Educate Entertaining  – un des slogans de la BBC. Ils avouent non sans sourire que l’accent est mis sur l’objectif « entertaining », et s’amusent à l’idée que des spectateurs viendraient prendre des notes. Cette utilisation des archives dans les enregistrements sonores mais, également, dans leurs vidéos  n’est guère le fruit d’une passion pour l’histoire, mais une adoration du son vieilli de ces samples. Inspirés du hip-hop et d’artistes très divers – allant de DJ Shadow à Radiohead  –, ils revendiquent l’absence d’une séparation franche entre la musique électronique et le reste : « moins il y a de barrières, mieux c’est ! »

De fait, leur concert livre une expérience rétroactive où est accordée une place particulière à la scénographie. Plusieurs écrans de télé bombés sont empilés de chaque côté de la scène ; ils participent à la pesanteur envoutante qui se dégage du son électronique. S’y mêlent guitare, banjos et batterie… Le public semble assez réceptif, notamment au très bon morceau « London can take it ». Un groupe à suivre. Et qu’importe son degré d’intérêt pour l’histoire…

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