L’influenceuse Rym Renom, suivie par 1,8 million de personnes sur Instagram, a été condamnée le 11 février 2025 par le tribunal de Versailles à un an de prison ferme et 25 000 euros d’amende pour pratiques commerciales trompeuses. Cette décision s’accompagne de la confirmation de la saisie de 40 000 euros sur ses comptes bancaires et de l’émission d’un mandat d’arrêt à son encontre.
Les faits reprochés
Entre 2022 et 2023, alors qu’elle résidait dans les Yvelines, Rym Renom a promu sur ses réseaux sociaux des injections d’acide hyaluronique destinées à augmenter le volume des lèvres. Ces interventions étaient réalisées par une esthéticienne non autorisée à pratiquer de tels actes médicaux. De plus, l’influenceuse n’a pas clairement indiqué que ces publications avaient une intention commerciale, induisant ainsi ses abonnés en erreur.
Conséquences judiciaires
La préfecture des Yvelines a souligné que cette condamnation résulte du travail d’enquête de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP). Les autorités ont mis en avant que la promotion de telles pratiques pouvait avoir des effets néfastes sur la santé des abonnés de l’influenceuse.
Réactions et implications
Cette affaire met en lumière les responsabilités des influenceurs dans la promotion de produits ou services sur les réseaux sociaux. Elle rappelle également l’importance pour les consommateurs de vérifier la légitimité et la sécurité des pratiques recommandées en ligne. Les autorités insistent sur le fait que la loi s’applique à tous, indépendamment de la notoriété ou du nombre d’abonnés.
Précédents similaires
Rym Renom n’est pas la première influenceuse à être sanctionnée pour de telles pratiques. D’autres personnalités des réseaux sociaux ont également été condamnées pour des faits similaires, soulignant la nécessité d’une régulation accrue dans ce domaine.
En conclusion, cette condamnation souligne la vigilance accrue des autorités envers les pratiques commerciales des influenceurs et la nécessité pour ces derniers de respecter la législation en vigueur afin de protéger les consommateurs.
La promotion commerciale trompeuse par les influenceurs : un enjeu de confiance et de régulation
À l’heure où les réseaux sociaux façonnent les comportements d’achat et les représentations sociales, les influenceurs occupent une place centrale dans l’écosystème médiatique. Mais ce pouvoir d’influence soulève de nombreuses interrogations éthiques, notamment lorsqu’il s’exerce au travers de pratiques commerciales trompeuses. Le manque de transparence dans les contenus sponsorisés n’est pas un simple détail : il a des conséquences économiques, sociales et juridiques majeures.
Une relation de confiance exploitée
Les influenceurs et influenceuses tirent leur pouvoir de la proximité qu’ils entretiennent avec leur communauté. Contrairement aux figures médiatiques traditionnelles, ils se présentent comme des personnes ordinaires partageant leur quotidien. C’est précisément cette authenticité perçue qui rend leurs recommandations si puissantes. Lorsqu’un produit est présenté comme une « découverte personnelle » alors qu’il fait l’objet d’un partenariat rémunéré non déclaré, le consommateur est induit en erreur.
Ces pratiques brouillent la frontière entre expression personnelle et communication commerciale. Le public n’est plus en mesure de distinguer ce qui relève du conseil sincère et ce qui relève de la publicité, ce qui peut affecter durablement la confiance dans les créateurs de contenus et, au-delà, dans l’ensemble des messages véhiculés en ligne.
Des risques concrets pour les consommateurs
La promotion trompeuse n’est pas seulement un problème de transparence : elle peut mettre en danger la santé ou la situation financière des abonnés. Les scandales récents autour de produits amaigrissants, de compléments alimentaires non contrôlés, de services financiers risqués ou encore de formations douteuses en témoignent.
Les jeunes, particulièrement sensibles à l’influence numérique, peuvent être exposés à des contenus qui orientent leur comportement sans qu’ils aient les outils critiques pour en comprendre les ressorts publicitaires. Cela pose un problème de protection du consommateur, mais aussi d’éducation aux médias et à l’information.
Une distorsion de la concurrence
Sur le plan économique, la promotion déguisée introduit une forme de concurrence déloyale. Les entreprises qui investissent dans une publicité transparente, en respectant les règles en vigueur, se trouvent désavantagées face à celles qui exploitent les zones grises du marketing d’influence. Ce déséquilibre nuit à l’équité du marché et favorise les pratiques commerciales peu scrupuleuses.
Vers une régulation plus stricte
Face à ces dérives, les autorités de régulation se sont saisies du problème. En France, la DGCCRF peut sanctionner les pratiques commerciales trompeuses. L’ARPP publie des recommandations précises sur la nécessité de signaler tout partenariat commercial par des mentions explicites comme « #sponsorisé » ou « #partenariat ». Depuis juin 2023, une loi encadre spécifiquement l’activité des influenceurs, les obligeant à plus de transparence sous peine de sanctions civiles ou pénales.
Certaines plateformes elles-mêmes ont commencé à intégrer des outils permettant d’identifier les contenus sponsorisés, mais l’efficacité de ces dispositifs reste inégale.
Une responsabilité sociale à interroger
Enfin, cette question renvoie à une réflexion plus large sur la responsabilité sociale des influenceurs. En devenant des prescripteurs, ils endossent une fonction qui dépasse le simple partage d’opinions. Leur discours peut façonner des comportements, créer des normes, influencer des choix intimes. Une telle puissance appelle à une vigilance accrue, tant de la part des professionnels eux-mêmes que des pouvoirs publics et des citoyens.