Connu principalement en tant que grande figure héroïque de la Résistance au nazisme durant la Deuxième Guerre mondiale, Jean Moulin était aussi un dessinateur et un graveur. Sous-préfet de 1930 à 1933 à Châteaulin dans le Finistère, il a partagé son art avec la population bretonne. Pour les 80 ans de sa mort, le Musée des Beaux-Arts de Quimper propose de découvrir l’exposition De l’ombre à la lumière le 13 mai 2023 à 20h.
Le Musée des Beaux-Arts de Quimper dans le Finistère proposera au public de découvrir une série de plaques de cuivre gravées de la main de Jean Moulin, dont certaines sont inédites et qui ont été réalisées pendant qu’il travaillait à la sous-préfecture de Châteaulin (29). Le Musée des Beaux-Arts de Quimper avec le musée de Béziers sont les deux seuls musées de France à conserver des œuvres réalisées par Jean Moulin, connu en qualité d’artiste, sous le pseudonyme de Romanin. Ces collections proviennent des dons faits par son unique sœur, Laure Moulin. Cette exposition a été entièrement financée par l’Association des Amis du musée des Beaux-Arts de Quimper.
Jean Moulin est né à Béziers dans l’Hérault le 20 juin 1899. Antonin, son père, était professeur d’histoire-géographie. Jean Moulin aimait dessiner déjà enfant. A partir de l’âge de 16 ans, il publie des caricatures dans la presse satirique en prenant le pseudonyme de Romanin.
L’année suivante, il commence ses études de droit, mais il est mobilisé en avril 1918. Il ne participe pas aux combats, car l’armistice met fin à la première guerre mondiale avant sa montée au front à Charmes dans les Vosges.
En 1919, Jean Moulin rejoint alors la préfecture de l’Hérault où il obtient, grâce aux relations paternelles, un poste d’attaché de cabinet du préfet. Il est titulaire d’une licence en droit en 1921 et devient en 1922 chef de cabinet du préfet de Chambéry (73). Il expose, la même année, au Salon de la Société savoisienne des beaux-arts et s’initie à la peinture, tout en continuant de publier dans des revues satiriques. En 1925, il devient sous-préfet d’Albertville, le plus jeune de France.
Jean Moulin quitte Albertville le 26 janvier 1930 pour rejoindre le Finistère. Quatre jours lui seront nécessaires pour rejoindre la sous-préfecture de Châteaulin où il prend son poste le 2 février 1930 et qu’il occupera jusqu’en 1933. Son travail de sous-préfet lui laisse du temps pour lire, et surtout pour dessiner et graver, pour renouer avec sa passion première. Il trouve le climat breton agréable, aime se promener dans le département et sur la presqu’île du Crozon. Dans l’ensemble, il s’adapte bien à la vie bretonne et fait beaucoup de connaissances. Il se lie d’amitié avec Jean-Baptiste Lucas, un jeune secrétaire qui travaille à ses côtés et qui deviendra son proche collaborateur. Il rencontre aussi le docteur Augustin Tuset (1893-1967), médecin-chef d’hygiène à la préfecture de Quimper et qui est aussi un talentueux graveur et sculpteur. Celui-ci lui présente un groupe d’artistes et d’écrivains : Giovanni Léonardi, peintre et céramiste ; Lionel Floch, peintre et graveur breton ; le poète moderne et dessinateur Max Jacob ; le peintre Nicolas Pesce ; le poète et journaliste Robert-Louis Pillet. Le talent de Jean Moulin pour le dessin et la gravure est également apprécié de tous. En 1932, il réalise une pietà en faïence de Quimper. Il crée des dessins humoristiques qu’il propose à plusieurs journaux humoristiques. Jean Moulin voyage fréquemment à Paris vers la capitale, fréquente Montparnasse, une source d’inspiration pour ses dessins. Il participe également au salon des humoristes de la capitale.
Ses amis artistes disaient de Jean Moulin qu’il était un homme sensible, de qualité exceptionnelle et un spécimen hors classe d’humanité. Cette grande humanité, Jean Moulin va la mettre au profit de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale.
Au moment de la déclaration de guerre en 1939, il est en poste à Chartres. Il est arrêté en juin 1940 pour avoir refusé de faire porter un crime de guerre à une compagnie de tirailleurs africains. Maltraité, il tente de se suicider en se tranchant la gorge avec un bout de verre. Pour cacher sa cicatrice, il porte une écharpe. Révoqué par le régime de Vichy six mois plus tard, il rédige un journal très détaillé sur la Résistance en pleine formation et visite les différents réseaux afin d’évaluer leurs compétences. En septembre 1941, il rejoint Londres via l’Espagne et le Portugal.
De son nom de code Max, Jean Moulin sera ce héros de la Nation, chargé dès 1943 par Charles de Gaulle, d’unifier les mouvements de la Résistance et de créer le Conseil National de la Résistance. Sa tâche est de constituer une véritable armée secrète, sous le commandement des Forces Françaises libres. Tragiquement tombé le 21 juin 1943 entre les mains de Klaus Barbie, le chef de la Gestapo de Lyon, Jean Moulin est torturé. Il ne parle pas, ne trahit pas, mais meurt des suites de ses blessures le 8 juillet 1943, dans le train à hauteur de Metz (57), train qui le conduisait à Berlin en Allemagne. Son corps n’a jamais été retrouvé, ce sont donc ses présumées cendres qui ont été transférées au Panthéon à Paris en 1964
Infos pratiques
Exposition Jean moulin : De l’ombre à la lumière
Samedi 13 mai, 20h00
Musée des Beaux-Arts de Quimper
Accès libre, au 1er étage, salle 20
A noter également : Projection du film documentaire de Daniel Ablin : Romanin, l’autre Jean Moulin, en présence du réalisateur
Samedi 6 mai 2023 à 14 h
Médiathèque Alain-Gérard à Quimper (29)