Le musée des Beaux Arts de Quimper dans le Finistère expose 200 œuvres du peintre Pierre de Belay (1890-1947), à la renommée nationale, jusqu’au 30 septembre 2024. Elles sont pour la plupart peu connues, voire inédites. Toutes les toiles de l’exposition Tourbillon de la couleur sont issues des collections du musée qui conserve près de 1 000 œuvres de l’artiste quimpérois grâce aux généreux dons de sa veuve.
Pierre de Belay compte parmi les artistes les plus talentueux de sa génération. Comme le romancier et peintre Max Jacob, avec lequel il côtoie les plus grands artistes du début du XXe siècle, il est témoin de l’effervescence qui agite le monde de l’art dans les quartiers parisiens, à Montmartre puis à Montparnasse. Le peintre traverse les grands mouvements de la modernité avec une approche réaliste et un style reconnaissable. Il assimile à la fois l’expressionnisme, le cubisme et le fauvisme avec l’utilisation de ses couleurs vives qui commencent à se développer en ce début de XX e siècle.
Les sujets de Pierre de Belay sont très nombreux : d’une part, la vie bretonne, l’essentiel de son inspiration, avec ses marchés ; ses scènes de ports dans le Finistère ; ses danses ; ses pardons et processions. D’autre part, la vie urbaine parisienne avec ses cafés, ses restaurants, ses théâtres et spectacles ; ses jardins ; avec les quais de la Seine et les bouquinistes, etc.
Portrait de Pierre de Belay
Eugène Pierre Savigny (son vrai nom) est né à Quimper le 12 décembre 1890. Son père est négociant en vin et peintre à ses heures perdues. Amateur, il aime peindre les paysages des bords de la rivière Odet et le port de Quimper. En 1900, le jeune Pierre se découvre une vocation de peintre alors qu’il n’a que dix ans. Max Jacob (1876-1944) est un ami de la famille : il remarque très tôt les talents de dessinateur de Pierre et devient son mentor. Il lui enseigne à diriger, à contrôler sa nature, mais à ne pas lui désobéir. Adolescent, Pierre de Belay peint déjà de nombreux portraits de notables quimpérois et en 1905, il fait la rencontre d’écrivains et d’artistes : le poète Apollinaire, les peintres espagnol Juan Gris et Pablo Picasso. Après la Grande Guerre, il s’installe à Paris à Montmartre, au Bateau-Lavoir où se trouve, entre autres, l’atelier de Pablo Picasso. Bien introduit par Max Jacob dans les milieux artistiques d’avant-garde, il ne se laisse toutefois pas influencer et garde son indépendance.
À partir de 1923, Pierre de Belay revient chaque année pendant deux mois en Cornouaille. Il aime beaucoup se rendre à Penmarc’h. Il réalise aussi, en 1923, une fresque de cinq toiles pour l’hôtel Ker Moor de Bénodet, ce manoir transformé en hôtel restaurant devenu une véritable institution locale pour les villégiatures dans la région. La réalisation vaut la notoriété à l’artiste ! L’hôtel a fermé ses portes en 2020.
À partir de 1931, il se place en tant qu’observateur du monde judiciaire : il se consacre donc aux croquis d’audience, autour des procès au moment où l’actualité judiciaire secoue la société française de l’Entre-Deux-Guerres.
À la fin des années 1930, le peintre invente et pratique le treillisme, une technique proche de la gravure qui va l’orienter à inventer un style pictural sans équivalent. Il s’agit d’une manière curieuse et originale de peindre à l’huile par touches entrecroisées.
Pendant l’occupation allemande, Pierre de Belay séjourne dans le Midi. Victime d’une crise cardiaque, il meurt le 30 juin 1947 à Ostende, venu en Belgique pour une exposition. Il repose au cimetière parisien de Bagneux dans les Hauts-de-Seine.
Pierre de Belay a peint plus de mille toiles, des gouaches et des aquarelles et a dessiné des milliers de croquis. A Paris, il a exposé entre 1920 et 1928 au Salon d’Automne ; de 1927 à 1935 au Salon des Tuileries et de 1926 à 1945 au Salon des Indépendants
INFOS PRATIQUES
Exposition Tourbillon de la couleur du peintre Pierre de Belay – Red al livioù, jusqu’au 30 septembre 2024
Musée des Beaux Arts
40, place Saint Corentin à Quimper (29)
02 98 95 45 20
Visite guidée – Gweladenn henche : les dimanches 1er et 15 septembre à 15h, tous les dimanches du 7 juillet au 25 août à 16h (sauf le 21 juillet). Réservation : www.mbaq.fr (places limitées à 25)
Du lundi au samedi du 8 juillet au 24 août : visites flash en 15 min, découverte à la carte d’une ou plusieurs œuvres de l’exposition : rendez-vous à 15h, 15h30, 16h et 16h30, sans réservation.