Le 1er janvier 1930, Yves Floch viole et étrangle une mère et sa fille. Pour ce double meurtre, il est condamné à la peine de mort et guillotiné le 5 août 1930 à Quimper. Ce fut la dernière exécution publique dans le Finistère. Attention : contenu sensible et choquant.
La peine de mort a été abolie le 9 juin 1981 en France au début du premier mandat du président de la République François Mitterand (1916-1996), faisant suite au projet de loi porté par Robert Badinter (1928-2024) alors ministre de la justice. Pourtant, le dernier condamné à avoir eu la tête tranchée dans le Finistère est le Plouhinécois Yves Floch, le 5 août 1930 à 5h30 du matin. Elle a eu lieu devant la prison de Mesgloaguen à Quimper et sous les yeux de dizaines de curieux venus assistés à l’exécution.
Yves Floch est né le 13 avril 1896 à Kerfendal, commune de Plouhinec dans le Finistère. Il est le second d’une fratrie de cinq enfants dans une famille de cultivateurs inculte et illettrée. Yves Floch est un enfant avec un retard dans son développement intellectuel. De caractère brutal et irascible, il n’apprend rien à l’école qu’il fréquente peu, pour aller travailler sur les terres de ses parents.
Le 19 février 1911, Yves Floch, alors âgé de quinze ans, entraîne Daniel Vigoureux, huit ans, dans un champ en prétextant poser des collets à lièvres avec lui. En réalité, il passe le collet de fil de fer autour du cou du jeune garçon, serre et lui porte cinq coups de couteau dans le dos. La raison : une vieille rancune qu’il entretient, où il avait été question de boutons et menue monnaie ! Déjà fragilisé par une tuberculose, Daniel Vigoureux décède des suites de ses blessures. Yves Floch est arrêté par les Gendarmes de Pont-Croix (29) puis écroué à la maison d’arrêt de Mesgloaguen à Quimper (29). L’accusé s’enfonce dans le mutisme n’ayant aucune empathie pour la victime. Une expertise psychiatrique reconnaît son entière responsabilité. Yves Floch comparaît devant le Tribunal Correctionnel. Il est condamné à être enfermé au bagne des enfants de Belle-Île-en-Mer (56) jusqu’à sa majorité. En cas de manquement à la discipline, les punitions sont : régime au pain sec, piquet à genoux, cachot, etc. Les mauvais traitements sont nombreux. Étonnamment, Yves Floch semble s’amender et son intelligence semble s’éveiller au cours des années passées à la colonie pénitentiaire de Belle-Île-en-Mer. Il est même un bon élève, susceptible de faire un bon marin de commerce. Il est admis dans la section maritime de la colonie.
Quand la Grande Guerre éclate, Yves Floch s’engage dans l’armée : il devient un soldat, sans blessures et sans gloire, qui se limite à nettoyer les tranchées des cadavres. À sa démobilisation, il travaille sur des paquebots de la Compagnie Transatlantique ou sur des chalutiers de Dieppe et du Havre, en Seine-Maritime.
En janvier 1929, Yves Floch, 33 ans, revient à Plouhinec et habite chez son frère Corentin et sa femme Marie-Louise, des cultivateurs. Il s’emploie aux travaux de la ferme et s’achète un bateau pour pêcher en mer. Yves Floch est solitaire, ne cherche pas la compagnie. Les habitants de Plouhinec le trouvent sournois et dangereux, s’en méfient et l’appellent « l’homme au couteau »…
Le 1er janvier 1930, en fin d’après-midi, Yves Floch se rend Au biniou breton à Plouhinec, un café tenu par les époux Gueguen. Le propriétaire est absent, mais sa femme sert les nombreux clients. Yves Floch se montre entreprenant vis-à-vis d’elle. Par chance, deux marins pêcheurs s’interposent, calment les tensions et Yves Floch quitte le bar. Mais à la nuit tombée, sur le chemin de Kerfendal, Yves Floch voit la maison de Marianne Colin, née Le Berre. Veuve, elle vit seule avec sa fille Marie-Anne, âgée de quatre ans. Prise d’une pulsion, Yves Floch pénètre chez la veuve pour trouver avec elle ce que la propriétaire du café vient de lui refuser. Il escalade le mur, s’approche de la fenêtre et découvre la mère et sa fille endormies dans leur lit. Quand il pénètre dans la chambre, la petite fille le voit et se met à pleurer ce qui réveille sa mère qui cherche à s’enfuir, mais Yves Floch l’empoigne et lui frappe la tête contre le mur. Il saisit une paire de ciseaux qui se trouvait sur la table de chevet et martèle le visage de la mère avant de lui serrer le cou jusqu’à la mort et de profaner son corps, avec la fillette cachée sous les draps. Le meurtrier ne voulant pas laisser de témoin vivant, il l’étrangle avant de la violer à son tour.
Avant de quitter la maison, il s’empare des 930 francs qu’il trouve sur une étagère, puis met le feu au matelas pour incendier la demeure. Yves Floch cache l’argent volé dans un moulin abandonné et rentre chez lui se coucher.
Les cadavres des deux occupantes sont retrouvés carbonisés le lendemain soir. Bien que le sinistre semble accidentel, la Gendarmerie de Pont-Croix est chargée d’enquêter par le Parquet de Quimper. Le Maréchal des Logis Chef Kerrien et le Gendarme Labous trouvent des pièces de literie tachées de sang. En poursuivant leurs investigations, ils découvrent aussi une pièce d’or sous le lit et des traces de pas dans le jardin. Pour eux, il ne s’agit plus d’un incendie accidentel, mais d’un double meurtre. Yves Floch est soupçonné, mais il nie malgré les taches de sang sur ses vêtements et les griffures au cou. Il finit par avouer en précisant : « Je n’ai pas de regret, mais inscrivez le quand même dans votre rapport, cela sera toujours en ma faveur ». Yves Floch est condamné à la peine de mort le 12 avril 1930… (source Serge Cariou)
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Quant au dernier condamné à la peine de mort en Bretagne, il a exécuté le 29 juin 1951 dans la cour de la prison de Saint-Brieuc dans les Côtes d’Armor. Il s’agissait de Gustave Maillot domicilié à Prat (22), surnommé « le loup de la lande », jugé coupable d’avoir tué un cultivateur, son domestique et son fils.
Le 24 février 1950 au petit matin, Auguste Irène, François Geoffroy son ouvrier agricole et son fils de quinze ans sont sauvagement assassinés dans les écuries de la ferme, alors que l’ouvrier s’apprêtait à donner de l’avoine aux deux chevaux et que le fermier tentait de lui porter secours. Les trois victimes gisent dans une marre de sang avec les crânes fracassés et les gorges perforées par des coups de couteau : un carnage ! Rapidement, les soupçons se portent sur Gustave Maillot, 29 ans, marié, ancien champion de lutte bretonne. Il exerce le métier de marchand forain qui vend des tissus et du linge, mais il est criblé de dettes ! Sa femme demande rapidement le divorce dénonçant la violence de son époux…