Le musée des Beaux-Arts de Rennes propose une exploration virtuelle de l’histoire de la momie à tête de Chat qui incarne la déesse Bastet grâce à un dispositif numérique en réalité virtuelle. Accessible tous les mercredis sur réservation, le dispositif gratuit révèle les faces cachées de la momie et la démarche scientifique qui a permis de mieux savoir ce qu’elle renferme.
Au rez-de-chaussé du musée des Beaux-Arts de Rennes, le public commence généralement sa visite en pénétrant dans l’espace à droite de l’accueil. Il fait un saut dans le temps et se retrouve au cœur des coutumes funéraires de l’Égypte ancienne. Il découvre, grâce à la collection majoritairement issue du dépôt du musée du Louvre en 1923, les habitudes de cette ancienne civilisation. C’est la momie du Chat Bastet qui ouvre le bal et, depuis plus d’un an, le musée propose un nouveau type de médiation, numérique et innovant, pour cet objet particulier : l’exploration virtuelle « Le Secret de Bastet ».
La médiation autour de cette momie ne date pas d’hier. En 2015, l’Université de Manchester (Angleterre) dévoile les résultats de l’étude par radiographie d’un corpus de momies égyptiennes animales. Les résultats évoquent trois catégories de contenus : certaines contiennent le corps complet d’un chat, d’autres une accumulation d’ossements de félins et les dernières sont vides. Grâce à une première radiographie effectuée chez un vétérinaire rennais, le musée découvre, en 2017, que leur momie fait partie du deuxième type. « La radio évoquait une zone lacunaire au niveau de la tête, qui s’est révélée être une pelote de fibres », renseigne Odile Hays, médiatrice culturelle-Pôle Visiteurs au musée des Beaux-Arts de Rennes. Chez les Égyptiens, donner une forme à l’objet suffit à le faire exister. « La momie de chat représente bien une momie, si elle était vide serait également le cas », explique-t-elle. « Elle représente une réalité visible qu’elle fait exister. De la même manière, les défunts sont représentés vivants et en bonne santé, alors que dans notre culture on a, par exemple au Moyen-Age, réalisé des gisants. C’est à dire des représentations des défunts avec l’apparence des défunts. »
Un module est alors imaginé puis imprimé en 3D afin de rendre visible ces nouvelles données pour enrichir la muséographie de la section égyptologique. Cet outil de médiation autonome est une première mondiale.
C’est sur cette base d’informations qu’a été conçu le dispositif de réalité virtuelle le « Secret de Bastet », projet lauréat de l’appel à projet Créativité croisée de Rennes Métropole. « Ces projets ont pour intérêt de faire travailler et collaborer des structures ou sociétés du territoire », précise-t-elle. « Le but n’était pas de remontrer l’image de la momie, nous l’avons physiquement dans les collections. Je voulais transmettre un contenu qui n’est pas visible d’emblée, que ce soit du plus et pas une redite. »
Le scénario a été conçu à partir des données internes, non accessibles au public afin d’expliquer le processus de recherche de manière ludique. Cordonné par Odile Hays, le projet est accompagné par Valérie Gouranton (enseignante-chercheuse INSA Rennes), Ronan Gaugne (Ingénieur de recherche INSA Rennes) et Théophane Nicolas (Archéologue à l’INRA). C’est la société Polymorphe à Pacé qui a été en charge de la conception de l’interface.
Placé au milieu des collections permanentes, le public est projeté dans un décor muséal à l’aide de lunettes 3D. Une voix le guide dans différents laboratoires de recherche et, en compagnie d’un adorable félin qui ne demande qu’à être caressé, il assiste aux examens dont a fait l’objet la momie dans le but de mieux faire comprendre l’objet archéologique. Il n’est pas nécessaire d’être un fin connaisseur de V. R. pour tenter et apprécier l’aventure, le but est avant tout de proposer un outil facile à appréhender. « On peut l’utiliser en étant assis ou debout. »
L’exploration virtuelle est disponible en anglais et en version sous-titrée. Pas conçu pour à l’origine, le dispositif a aussi été proposé à la prison des hommes de Vern-sur-Seiche et des résidents d’EHPAD. « L’expérience avec les détenus a été très étonnante », raconte la médiatrice. « En enlevant le masque, deux m’ont dit qu’ils avaient oublié où ils se trouvaient... » C’est ce que souhaite le lieu : proposer une ouverture, un moment d’évasion, même à ceux et celles qui ne peuvent pas se déplacer, à travers un dispositif technologique innovant qui enrichit la muséographie du musée.
Coordination du projet :
Valérie Gouranton (enseignante-chercheuse INSA Rennes)
Ronan Gaugne (Ingénieur de recherche INSA Rennes)
Théophane Nicolas (Archéologue à l’INRA)
Jérémy Lacoche (développement Orange Innovation, Cesson)
Fabrice Guichard (Polymorphe, Pacé)
Odile Hays (Médiatrice, Musée des beaux-arts de Rennes)
INFOS PRATIQUES
Musée des Beaux-Arts de Rennes, 20 quai Emile Zola, 35000 Rennes
Ouvert du du mardi au dimanche : 10h – 18h
Fermé le lundi et les jours fériés
À partir de 11 ans
Tout public
Durée : 30 min
Gratuit – Quasiment tous les mercredis après-midi – Sur réservations mba-reservations@ville-rennes.fr