Rennes Métropole. Agression d’Anton Burel à Cintré, subterfuge ou déni de réalité ?

Anton Burel
Anton Burel

Le samedi 22 février 2025, Anton Burel, élu municipal à Cintré, a déclaré avoir été agressé à la sortie d’un bar de la commune d’Ille-et-Vilaine par des militants néo-nazis. Les résultats de l’enquête contredisent sa version des faits.

Les faits se seraient déroulés lundi peu avant minuit. Anton Burel, militant de la gauche indépendantiste bretonne, passait la soirée avec une trentaine d’habitants de Cintré dans un bar de la commune. Selon son témoignage, l’ambiance était bonne jusqu’à ce qu’un groupe de six jeunes hommes, extérieurs au village, attire l’attention par leur comportement.

« Vers 23 heures, le gérant nous a dit qu’il allait fermer car il avait déjà eu maille à partir avec eux et qu’il ne voulait pas que ça dégénère », raconte Anton Burel à Libération. Une fois à l’extérieur, la situation a rapidement pris une tournure inquiétante. « Le groupe s’est mis à lancer des slogans nationalistes comme La France aux Français et à faire des saluts nazis devant tout le monde », poursuit l’élu. « Je me suis approché de celui qui avait fait le salut hitlérien et je lui ai dit que ce genre de geste et leurs propos racistes n’avaient rien à faire ici. » C’est à ce moment-là que l’agression a eu lieu.

Anton Burel décrit une scène rapide et brutale : « J’ai pris un coup de poing dans l’œil et un autre à la mâchoire. Je suis tombé à la renverse et j’ai percuté le trottoir. Ma tête a cogné et j’ai perdu connaissance. » Lorsqu’il revient à lui, il est sonné et encore confus sur les circonstances exactes de l’attaque. Les témoins présents sur place confirment que plusieurs individus ont participé à l’agression et que la scène s’est déroulée en quelques instants avant que les agresseurs ne prennent la fuite.

Deux plaintes ont été déposées, et une enquête a été ouverte pour identifier les auteurs des violences et déterminer les circonstances exactes des faits.

L’enquête de la gendarmerie, sous la supervision du parquet, a abouti à une conclusion très différente des propos rapportés par l’élu. Après analyse des images de vidéosurveillance et recueil de plusieurs témoignages, le procureur de la République de Rennes a affirmé qu’aucun salut nazi ni chant raciste hitlérien n’a été observé avant ou pendant l’agression.

Les enquêteurs évoquent plutôt une altercation à la sortie du bar, sans motivation politique avérée, avec des personnes qui semblent issues de la communauté du voyage, une communauté qui est fort peu adepte des thèses d’extrêmes-droites eu égard à sa persécution par les nazis durant la Seconde guerre mondiale. Ils reconnaissent qu’Anton Burel a bien été frappé, mais contestent l’existence des éléments liés à une idéologie d’extrême droite.

Malgré ces conclusions pourtant étayées, Anton Burel maintient son témoignage et dénonce un déni de réalité ; déni de réalité que certains lui renvoient en l’accusant d’avoir volontairement arguer d’une agression extrémiste afin d’attirer les feux médiatiques sur sa personne. L’affaire suscite une importante réaction publique.