Rennes. L’association Basalt partage ses sons et ses curiosités à la galerie Daphné Oram

basalt radiosthésie
Au premier plan : Ondoscope, Claire Williams ; Second plan : Haunted Telegraph de Véronique Béland

L’association Basalt : sons et curiosités, anciennement Le Bon Accueil REVERB, vous invite à découvrir Radiosthésie jusqu’au 17 mai 2025. Avec cette première exposition dans la toute nouvelle galerie Daphné Oram, au rez-de-chaussée de l’espace mutualisé La Longère, la structure de diffusion et de promotion d’œuvres affirme une ligne artistique dont la culture musicale et la curiosité en sont le cœur.

Nouveau lieu, nouveau nom et nouvelle identité visuelle pour Le Bon Accueil REVERB : l’association devient Basalt : sons et curiosités et a élu domicile à La Longère, espace mutualisé sur le halage des Prairies Saint-Martin à Rennes, depuis novembre 2024. Avec cette nouvelle identité, elle confirme son goût pour la musique, l’étrange savoir et le mystère ingénieux, comme le démontre la première exposition collective, Radiosthésie, à découvrir dans la galerie Daphné Oram.

basalt sons curiosités rennes
© Basalt : sons et curiosités

Pourquoi Basalt : sons et curiosités ?

Le terme “Basalt” évoque les curiosités géologiques comme les pierres sonnantes de Guildo dans les Côtes-d’Armor. Le mot allie son et visuel et enveloppe de son aura la nouvelle philosophie de l’association, qui suit des lignes principales :

« Sons », d’abord. Ils étaient un fil conducteur expérimental du temps du Bon Accueil, mais s’affirment aujourd’hui comme une véritable ligne artistique. « On a toujours été très influencés par l’écoute de disques et la découverte de groupes », souligne Damien Simon, en charge de la direction artistique.

« Curiosités », ensuite. Avec la culture musicale comme clé d’entrée, Basalt souhaite partager cette curiosité qui l’anime au quotidien et montrer comment la musique s’ouvre à d’autres pratiques culturelles afin d’inviter le public à développer sa propre curiosité. Pour cela, elle proposera des expositions originales dont les œuvres révèlent un goût prononcé pour le mystère, les univers fantastiques et étranges qui éveillent l’imaginaire, toujours avec un pied semble-t-il dans l’expérimentation et les sciences.

Une charte graphique avec des codes musicaux

Basalt affirme sa connexion avec le son dans une nouvelle identité visuelle qui reprend les codes du milieu musical. Avec Grégory Delauré à la conception, elle puise sa source dans les visuels de labels discographiques. L’artiste et graphiste des Ateliers du Vent, à Rennes, a notamment exploité les visuels de SYR (Sonic Youth Records) et de Factory Records dans le but de prolonger visuellement l’identité de Basalt.

Sans tomber dans le patrimonial, l’association inscrit dans son ADN la manière dont on diffuse une culture qui existe déjà, mais qui est transformée puis partagée de nouveau. « Plus que d’être dans l’innovation, on trouve intéressant l’idée d’une culture qu’on reçoit et qu’on transmet », explique Damien Simon avant de donner un exemple : « En art contemporain, on crée parce qu’on a vu un détail, un élément qui nous a interpellés, et on le reproduit en le modifiant ». Cette aspiration se traduit dans la charte graphique : « La charte de Sonic Youth est elle-même reprise de la charte graphique de Perspectives musicales, une collection de disques des années 70 ». Le travail du graphiste Peter Saville de Factory Records, auteur de pochettes pour Joy Division notamment, compte aussi parmi les inspirations. « Il faisait lui-même référence aux futuristes des années 50 pour créer des pochettes ou des visuels pour des groupes des années 80 ».

« En musique, tu peux avoir des propositions très pointues, mais cela reste une culture pop. On aimerait bien qu’il y ait une culture pop de l’art contemporain. »

Radiosthésie, l’exposition signature de Basalt

Au cœur de la galerie Daphné Oram, nommée en hommage à la pionnière des musiques électroniques, Basalt inaugure la salle Daphné Oram avec sa première exposition collective, Radiosthésie. Abordant les mystères de la radioélectricité, elle tire son nom des mots « radio » et « radiesthésie » (procédé de détection par les fréquences émises de tous corps en équilibre dans l’univers) comme une évocation textuelle des sensibilités de l’association : les sons s’entrelacent avec l’étrangeté qu’a pu offrir la découverte de la radioélectricité. La thématique est aussi un clin d’œil au médium qui annonça à Oram qu’elle aurait un grand avenir dans la musique.

basalt radiosthésie
Au premier plan : Ondoscope, Claire Williams ; second plan : Haunted Telegraph de Véronique Béland

Si une photographie des expériences sur la radioélectricité du physicien Heinrich Hertz (1857-1894) est le point de départ de l’exposition, Basalt a souhaité présenter, à travers cette proposition, la direction qu’a prise l’association. Elle plonge le public dans un laboratoire prométhéen moderne où l’électricité devient transmetteur d’un savoir scientifique et mystique.

Radiosthésie s’ouvre sur des pochettes de disques. Parmi elles, celles du professeur en psychologie Konstantin Raudive (1909-1974), persuadé que l’on pouvait entendre la voix des morts dans les ondes radio. « Des musiciens, comme DJ Spooky, se sont déjà servis des voix que Konstantin a détectées dans les ondes radio comme matériaux pour créer leur propre musique ». Ça et là, des objets issus des collections scientifiques de l’Université de Rennes et de la collection privée d’Estelle Chaigne, notamment des éléments d’un appareil de radiothérapie du professeur Arsène d’Arsonval. « Ce professeur a fait partie des personnes qui ont étudié Eusapia Palladino, une célèbre médium italienne », nous apprend le programmateur. « Elle a accepté d’être raccordée à des instruments de mesure de l’époque pour savoir d’où venait son pouvoir et si elle n’était pas une fraudeuse ». Les informations s’imbriquent les unes aux autres et se transmettent de la même manière que les énergies circulent dans les œuvres. Estelle Chaigne s’est d’ailleurs servie de ces éléments pour réaliser Les Mains négatives, la seule œuvre créée spécialement pour l’exposition.

Haunted Telegraph de Véronique Béland est l’œuvre la plus imposante et interactive : elle invite le public à une séance de spiritisme. Face à une table ouija circulaire mécanique, il joue le rôle d’antenne afin de capter la voix des esprits. « L’installation révèle et décrypte, dans un bain de modulations sonores, de possibles messages liés à l’activité électromagnétique du lieu, avant de les consigner sur papier. »

basalt radiosthésie
Elektra, Charlotte Charbonnel

En face, Ondoscope de Claire Williams puise son inspiration dans l’aura psychique. Grâce à un système de cordes tendues, l’installation permet de visualiser la présence d’ondes de toutes sortes (électromagnétiques, magnétiques, etc.). « Les cordes sont accordées pour vibrer de manière précise. » L’installation Elektra de Charlotte Charbonnel fait quant à elle écho à l’expérience de Heinrich Hertz. Cette sculpture de verre et de métal, composée de deux tubes, met en avant des présences par des arcs électriques. « Image évocatrice de tout bon laboratoire prométhéen, Elektra rejoue l’étincelle de vie primordiale, le feu électrique chargé de vie. »

Infos pratiques :

Exposition Radiosthésie avec Véronique Béland, Estelle Chaigne, Charlotte Charbonnel et Claire Williams, jusqu’au 17 mai 2025

Basalt : sons et curiosités
La Longère
66 – 68 canal St-Martin
35 700 Rennes

Ouvert du mercredi au samedi de 14h à 18h