Carnaval est l’un des seuls jours de l’année où les codes tentent collectivement de se renverser. Et les Rennais en profiteront encore le 16 mars 2024, mettant tout leur cœur à l’ouvrage. Un cortège d’enfants rejoindra celui des adultes, six fanfares et des costumes qui iront du très farfelus au plus pointus. C’est avec chaleur qu’ils chasseront la morosité des esprits chagrins.
Le samedi 16 mars 2024, de 15h à 18h, les rues du centre-ville de Rennes vont revivre la folle ambiance du carnaval, pavées de déguisements insolites et d’orchestres colorés. En musique avec le Bagad de Cesson Sévigné / AC Balata / Takadidoum / Les Tambours du Maracatu / Toucouleurs (batucada). L’occasion très attendue de réinstaller un événement fédérateur et populaire dans la capitale bretonne.
C’est La Pulse qui est à l’origine de ce grand retour carnavalesque. L’association met en avant la pratique des percussions au travers d’événements dont le maître mot est la diversité culturelle et le brassage. Elle a été fondée par Sarra Neji, percussionniste amatrice déjà impliquée dans plusieurs associations et groupes de batucada et de musiques brésiliennes, dans la continuité de la Biennale internationale de la percussion qu’elle organise à Rennes depuis 2019.
Profitant de cette bonne dynamique, La Pulse a aussi souhaité s’emparer du carnaval, qui défile traditionnellement au rythme des percussions. Rennes n’a jamais été connue pour son carnaval, pourtant un Mardi gras était organisé de 2004 à 2019 par différentes associations, notamment l’Élaboratoire, les Ateliers du vent et le Village d’Alphonse. Après 15 ans de bons et joyeux services, Mardi gras ne renfile pas son tablier au sortir de la pandémie. La Pulse décide donc de prendre le relais. « Carnaval est un des moments où les associations de percus peuvent prendre part à la vie de la ville et se montrer. Il se passe plein de choses à ce niveau à Rennes, mais pour différentes raisons, le bruit notamment, ce n’est pas souvent mis en avant », explique Sarra Neji.
Les fanatiques de Carnaval seront peut-être déçus : point de chars ni de monsieur Carnaval brûlé en fin de défilé, faute d’autorisation. La Pulse s’est donc concentrée sur l’organisation d’un défilé avec des orchestres de percussions. Car dans toute parade, tout commence par le rythme. « On veut avant tout relancer la dynamique de Carnaval, montrer qu’il y a une volonté et une capacité à s’organiser. Et on espère que les gens, les maisons de quartier et les associations rejoignent le mouvement les prochaines années », affirme la percussionniste.
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Contextualisation antique et annexe :
“Quand elle eut fini de lui fournir ses informations, elle se jeta de nouveau à leurs pieds et supplia de nouveau l’élu de la mettre dans un endroit sûr de R.. Postumius demanda alors à sa belle-mère Edmonda Appara d’évacuer une partie de la maison pour qu’Hispala puisse y séjourner. On lui donna un petit studio à l’étage ; on barra en haut les escaliers menant sur le boulevard de la Liberté et on fit une entrée par l’intérieur de la maison pour accéder à la pièce. Tous les effets de Faecenia furent immédiatement transportés dans cet appartement ainsi que ses domestiques. On ordonna à Aebutius de s’installer chez un client d’un adjoint au maire.
Les deux témoins étant maintenant en sécurité, Postumius alla faire rapport à la Direction générale de la Vie associative de R. Métropole. Il raconta les faits dans l’ordre commençant par les premières délations puis fournissant les informations résultant de sa propre enquête. Les membres de la Direction générale de la Vie associative de R. Métropole furent saisis d’une grande panique pour la sécurité publique. Ils craignaient que ces réunions nocturnes et ces conspirations n’amènent des crimes cachés et soient un danger pour la sécurité de la Ville. Ils craignaient aussi chacun pour son propre compte paniquant que leurs propres relations et amis soient impliqués dans ces horribles affaires.
Cependant, la Direction générale de la Vie associative de R. Métropole remercia l’adjoint au maire d’avoir si soigneusement investigué sans créer le moindre désordre. Les membres de la Direction générale de la Vie associative autorisèrent alors tous les élus à mener une enquête spéciale sur les cérémonies bachiques et sur ces rites nocturnes (leur demandant de s’assurer que les informateurs Aebutius et Faecenia ne souffrent aucun dommage) et à rechercher d’autres témoins en leur offrant des récompenses.
La Direction générale de la Vie associative décréta que les prêtres de ces rites, hommes et femmes, devaient être recherchés, non seulement à R. mais sur tous les forums en ligne et tous les marchés de la Métropole aussi bien que tous les endroits où l’on se réunissait afin d’être livrés à la police municipale. En outre, on devait faire des proclamations dans la ville de R. (et des édits devaient être envoyés dans l’ensemble de la Métropole) pour interdire aux personnes qui avaient été initiées aux rites bachiques d’essayer de se réunir ou de se rassembler pour célébrer les mystères ou exécuter des rites semblables. Et plus précisément on décréta qu’une enquête devait être faite sur les personnes qui s’étaient réunies ou qui avaient conspiré pour introduire cette immoralité criminelle. Tels étaient les décrets de la maire de R. Edmonda Appara.
Les adjoints au maire ordonnèrent aux élus et membres de leur clientèle de rechercher tous les prêtres de ce culte et de les garder sous bonne garde durant l’enquête. La police municipale et tous les informateurs de la mairie devaient s’assurer qu’aucune célébration des rites ne se fasse en secret. En plus des policiers municipaux, les salariés d’associations privilégiées adeptes de Mercure comme Bugus et Mycosus furent autorisés sous la houlette du mythologeux armoricain Maëlus Goofus à effectuer en chars Teslus des rondes dans toute la ville afin de s’assurer qu’aucun rassemblement nocturne ne se tienne et empêcher les rassemblements animés. Cinq représentants qualifiés devaient aider les informateurs ; chacun d’eux étant responsable des bâtiments dans sa propre zone des deux côtés du fleuve.”
TITE-LIVE, Histoire romaine, l’affaire des Bacchanales, XXXIX, 14 (revisitée par Nicolas Roberti)