En cette période de la Toussaint, les tombes fleurissent dans les cimetières et les couleurs éclatantes des chrysanthèmes égayent cette période où « sanglots longs des violons de l’automne blessent [nos] coeur(s) d’une langueur monotone ». Lieux de recueillement et partie intégrante du patrimoine rennais, les cimetières de l’Est et du Nord de Rennes accueillent des calèches mises à disposition par la ville jusqu’au 2 novembre.
Pour la troisième année consécutive au cimetière de l’Est et pour la première fois au cimetière du Nord, la calèche, ce moyen de transport on ne peut plus vintage, est mis à l’honneur à l’initiative de la mairie de Rennes qui souhaite ainsi mettre en valeur des lieux emblématiques du patrimoine rennais.
Quentin Meunier, chargé de l’événementiel pour les cimetières rennais explique :
Proposer un moyen de transport original pour visiter les cimetières rennais est une façon de valoriser le patrimoine funéraire de Rennes, tout en permettant aux visiteurs de mieux connaître ces lieux qui sont porteurs de l’Histoire de la ville et qui regorgent de mémoire.
Au cimetière de l’Est, les quatre chevaux de trait bretons arrivent tout droit de la commune de Luitré, à proximité de la ville de Fougères (35133). Ils appartiennent à monsieur Francis Taligot, un cocher passionné qui connaît les moindres recoins du cimetière et ne semble pas s’en lasser !
Accompagné de son petit-fils de 9 ans à qui il apprend à tenir les rênes, Francis Taligot fait découvrir aux Rennais tous les petits mystères que recèlent ce cimetière. Sa calèche fait également office de taxi (gratuit) et amène les visiteurs auprès de la sépulture de leur choix.
Ainsi, pendant une petite demi-heure, les chevaux se déplacent à travers les nombreuses allées du cimetière et le cocher en profite pour renseigner ses passagers sur les différents espaces du cimetière. On y découvre le Carré juif, le Carré musulman, le Carré allemand ou encore le Carré du souvenir français.
Le Carré juif existe depuis 1971, après que le maire de Rennes de l’époque, Henri Fréville (maire de 1953 à 1977), eut répondu favorablement à la sollicitation des membres de l’association du culte juif. Aujourd’hui, il s’étend sur 500 m2. Quant au Carré musulman, il a vu le jour en 1985 et, sur plus de 1000 m2, les tombes y sont toutes orientées vers la Mecque. Le Carré allemand regroupe lui les 95 soldats allemands morts sur le sol rennais pendant la Première Guerre mondiale. Le Carré du souvenir français est un lieu emblématique du souvenir militaire où reposent les anciens combattants de la guerre de 1870 et les soldats de la garnison de Rennes, décédés juste avant la guerre 1914-1918.
Le cimetière de l’Est a été construit en 1887 par les architectes Jean-Baptiste Martenot et Emmanuel Le Ray. Il s’étend sur plus de 16 hectares et comprend pas moins de 31 000 emplacements, dont 27 500 funéraires (destinés à l’inhumation des personnes), 1 500 cinéraires (destinés à l’inhumation ou dépôt d’urnes) et 2 000 dédiés aux militaires. La première inhumation a été celle d’Eugène Carfantan, curé de Saint-Hélier, le 30 août 1887.
Le cimetière de l’Est est aussi connu sous le nom de “Roque Mignon”. Au XVIIIE siècle, lorsque que les condamnés à mort y étaient pendus, les badauds criaient “Roque Mignon” ce qui signifie “Grimpe mon mignon”, funeste allusion à leur destinée : la mort par pendaison.
Fortes de leur succès au cimetière de l’Est, les visites en calèche sont également proposées au cimetière du Nord pour la première fois cette année. Si les chevaux de trait sont aussi des Bretons (élevage de Bouyère à St Erblon), l’ambiance qui y règne est délicatement différente, beaucoup plus intime et romantique selon Quentin Meunier. Moins de sépultures militaires, mais de nombreuses tombes de personnalités rennaises remarquables, le cimetière constituant ainsi un véritable musée à ciel ouvert sur 8 hectares. Les balades en calèche proposent un parcours « riche en découverte, en histoires et en émotion » et le pas chaloupé des chevaux se prête bien au lieu.
On y trouve par exemple les tombes d’Edgar Le Bastard, maire emblématique de la ville de Rennes de 1880 à 1892 et celle du Général Auguste Julien Bigarré, un symbole de l’armée napoléonienne.
Et pour les férus d’histoires personnelles admirables, la tombe de la Sainte aux petits pochons est un bel exemple : Dame Philippe Hélène de Coëtlogon, née en 1630, épouse de René de Coëtlogon, gouverneur de la ville de Rennes, meurt en 1677 et est enterrée dans la chapelle des Carmes démolie en 1798. Le corps de la Dame est transféré au cimetière du Nord, appelé à l’origine le cimetière de l’Espérance (créé en 1789 et portant le nom de la statue de Jean-Baptiste Barré qui orne l’entrée du cimetière). Au moment de l’inhumer pour la seconde fois, on s’aperçoit que, malgré les 121 ans écoulés, le corps est intact. Depuis lors les croyants viennent pour apaiser toutes sortes de maladies : ils remplissent un pochon de terre issue de la sépulture, le portent pendant neuf jours (sans omettre naturellement de prier) et le rapportent sur ladite sépulture.
Il est également possible de venir rendre hommage au sculpteur Adolphe Léofanti (1839-1890). Après avoir terminé deuxième au Prix de Sculpture de Rome parce que son œuvre, La Résurrection, fût jugée trop osée pour l’époque, celui-ci s’est suicidé pendant son voyage retour en train. Il aurait laissé une lettre derrière lui où il signifiait son désir que cette sculpture figure sur sa tombe. Chose faite ! Qui n’attend donc plus que vos regards pour être admirée…
Les visites en calèche sont gratuites et se déroulent jusqu’au 2 novembre inclus, de 10h à 17h au cimetière de l’Est. Au cimetière du Nord les balades prendront fin le 1er novembre. Des départs sont prévus toutes les demi-heures.
Visites virtuelles des cimetières
Pour en savoir plus sur l’histoire du cimetière du nord : ici
Toutes les informations sont à retrouver ici
Site pour le cimetière de l’Est
Le site du service funéraire de la mairie de Rennes
Cimetière de l’Est
1 place du Souvenir Français – Rennes
Bus : ligne 11
Cimetière du Nord
36 avenue Gros Malhon – Rennes
Bus : ligne 12