L’exposition Aérosol, une histoire du graffiti est à découvrir au musée des Beaux-Arts de Rennes jusqu’au 22 septembre 2024. Dans le cadre d’Exporama, une plongée dans l’univers du graffiti est proposée, des années 1960 à nos jours. Des œuvres rares et inédites de pionniers français révèlent l’usage de la bombe aérosol à des fins artistiques.
Une exposition qui traite du graffiti dans un musée des Beaux-Arts ? Celui de Rennes a relevé le défi. L’exposition Aérosol, une histoire du graffiti commence avec une frise chronologique illustrée de la vie de la bombe aérosol, de son invention par le chimiste norvégien Erik Rotheim en 1926 aux années 2000, en passant par commercialisation en France à la fin des années 50. Elle est alors dénommée fréquemment “peinture presse-bouton” par la publicité. Au milieu des années 90, les fabricants de peinture aérosol décident de revendiquer son usage (initialement destiné à repeindre une voiture, un radiateur, etc.) et d’éditer des bombes spécialement destinées à un usage artistique…
Aérosol, une histoire du graffiti est une remontée dans le temps dans l’utilisation de l’outil dans une nouvelle pratique populaire et urbaine dont se sont saisis nombre d’artistes, aujourd’hui reconnus par le milieu et marché de l’art, dès la fin des années 60. On retrouvera notamment de la bombe aérosol sur les affiches publicitaires lacérées de Jacques Villeglé.
Qu’il s’agisse de bombage à main levée, de pochoir ou de graffiti-writing, la création s’est d’abord développée dans la rue (palissades, rames de métro) avant de trouver sa place en atelier. L’aérosol s’est imposé comme l’outil phare d’une forme d’expression artistique libre, rudimentaire, mais aujourd’hui acceptée par l’histoire de l’art. Une pratique entrée dans des galeries spécialisées, des collections muséales ; des festivals consacrés au graffiti, ou plus largement l’art urbain, rassemblent un public toujours plus important.
Le public est guidé par les pionniers tels Blek Le Rat, Jef Aérosol, Miss-Tic, Dee Nasty et bien d’autres, mais « les premiers exemples de graffiti à la bombe aérosol apparus dans les rues sont des slogans revendicatifs. Ils sont tracés par des personnes anonymes et désireuses de prendre position dans les débats publics ». Gérard Zlotykamien dit “Zloty”, aux premières loges quand le mouvement est né à Paris il y a 60 ans, y trouve bien évidemment une place. Après tout, ce pionnier de l’art urbain n’a-t-il pas rapidement choisi la bombe aérosol comme outil de prédilection pour faire vivre ses “éphémères” sur les murs des villes ? Loin de la revendication politique, son oeuvre trouve sa source dans la mémoire. Il habite les murs de la ville de ses figures fantomatiques et essentielles que le temps ou l’action des hommes effaceront inéluctablement.
À la fin de la première partie de l’exposition, on revient en Bretagne. Des photos et des pochoirs utilisés dans les rues de Rennes s’exposent et montrent, dans les visuels et la touche graphique, la dynamique rock caractéristique de la ville rouge au milieu des années 80. Ces œuvres ainsi exposées soulignent aussi la prédominance de ce médium – le pochoir – dans la capitale bretonne. On retrouve les noms de Yeman, Lolypop ou encore Moustache Club, et des Parisiens Miss-Tic, Blek Le Rat et Marie Rouffret qui débarquent en fin d’année 1986.
Deux films sont diffusés en boucle dans l’auditorium, Mad-Bad-deal de Zoow24 et Buka buff de Marco Mendia. On y voit en accéléré des artistes à l’œuvre dans les rues et sur les trains. Une transition parfaite avec ce qui va suivre dans le patio. Dans le deuxième volet de l’exposition, l’univers du Subway Art est en effet à l’honneur. Elle révèle la diffusion des pratiques à travers le train et le métro de 1978 à 2020.
Pour ceux qui souhaitent prolonger la plongée, rendez-vous au MUR de Rennes, rue Vasselot. L’artiste Jef Aérosol y a poché une œuvre qui y restera tout l’été. Puis destination le mur rue de l’Échange, au couvent des Jacobins, pour découvrir le travail d’Olivier Chaos qui fait écho à la pratique du Subway Art.
Jusqu’au 22 septembre 2024, exposition Aérosol, une histoire du graffiti au musée des Beaux-Arts de Rennes, 20 quai Emile Zola.
Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 18h.
Fermé le lundi et les 14 juillet et 15 août
Nocturnes les 7 août et le 4 septembre : Ouverture jusqu’à 22 h