« L’espoir meurt, l’action commence » (« Hope dies, action begins »). C’est un des slogans de Extinction Rebellion, mouvement mondial de désobéissance civile en lutte contre l’effondrement écologique et le réchauffement climatique. Lancé à Londres en octobre 2018, le jeune mouvement a vu ses graines germer partout dans le monde et en France, où sont apparus une multitude de groupes locaux. À Rennes, nous avons pu entrer en lien avec les militants de « XR ».
Leur logo représente le rond de la Terre et le sablier « du temps qui nous est compté ». La couleur verte est celle de l’écologie, le noir celle de la gravité et du deuil, « celui des espèces qui disparaissent chaque jour ». Le deuil, également, d’une réaction politique spontanée et à la mesure du défi écologique.
Le mouvement Extinction Rebellion (XR), né à Londres en octobre 2018, prône la désobéissance civile non violente. Il s’est répandu comme une traînée de poudre dans 25 pays différents, réunissant en 6 mois plus d’une centaine de milliers de militants. Un chiffre qui augmente chaque semaine. Le mouvement a le vent en poupe. Comme le résume le quotidien Reporterre : « Leurs actions ne visent pas à influencer l’orientation du gouvernement ou à lui demander d’agir : cela a déjà été fait et a largement échoué. Leurs actions visent à obtenir que la vérité scientifique sur les risques d’effondrement soit dite au grand public, la mise en place d’une économie zéro carbone d’ici 2025, et que celle-ci soit placée sous le contrôle d’une assemblée de citoyens. »
Extinction Rebellion (XR) porte 4 revendications, parmi lesquelles « la reconnaissance de la gravité et de l’urgence des crises écologiques actuelles et une communication honnête sur le sujet », ainsi que la « création d’une assemblée citoyenne chargée de décider des mesures à mettre en place pour atteindre ces objectifs ; et garante d’une transition juste et équitable ».
De « XR U.K. » à « XR France », et plus…
Initialement lancé par l’organisation Rising up ! en 2016, Extinction Rebellion devient un mouvement indépendant en 2018. Le 31 octobre, il annonce son lancement à Londres devant le Parlement britannique, en présence d’un millier de personne dont Greta Thunberg.
Le 17 novembre 2018, Extinction Rebellion lance une grande action à Londres, avec le blocage des cinq principaux ponts londoniens, causant des embouteillages pendant plusieurs heures. Il s’agit du « plus grand mouvement de désobéissance civile depuis des décennies » selon le journal The Guardian.
Dès novembre 2018, suite à l’appel d’Extinction Rebellion UK pour la diffusion internationale du mouvement, Extinction Rebellion France se crée. Apparaît un forum en ligne où le mouvement s’organise et accueille ses nouveaux militants. Dans le même temps, des groupes locaux émergent dans toute la France. À la mi-janvier 2019, le collectif comptait 900 membres en France. Ils sont plus de 3000 au début du mois d’avril.
Le 24 mars, à Paris, se tient la « Journée de déclaration de rébellion » (JDR) d’Extinction Rebellion France. Une journée ponctuée d’actions non violentes qui consista notamment en un die-in* au Musée d’Histoire naturelle de Paris, « pour proclamer notre rébellion symbolique contre notre extinction et notre rébellion politique contre tout ce qui nous y mène à grands pas », déclare le collectif. Fin avril, diverses actions sont menées en France, dont une par le groupe de Morlaix, le 28 avril. Il s’agissait là de la première action bretonne de XR.
*N.D.L.R. : forme de manifestation dans laquelle les participants simulent la mort.
À Rennes, comme à Nantes, Lorient, Brest ou Morlaix, une communauté de « rebelles » a rapidement émergé. Totalement autonomes les unes des autres, ces branches locales apparues ex nihilo ont en commun d’être citoyennes, de respecter les dix principes du mouvement et de soutenir ses quatre revendications. Les membres de XR ne sont ni répertoriés, ni encartés « Extinction Rebellion ».
Extinction Rebellion à Rennes
Dans la capitale bretonne, c’est Sarah et son compagnon Matthieu qui ont « lancé » le groupe local. Elle nous raconte : « Moi je ne suis pas une militante, à la base. Je suis une maman, bien rangée, avec un métier, une vie qui ressemble un peu à Desperate Housewifes. » À l’automne 2018 pourtant, les choses changent pour elle : « J’ai assisté à une conférence, à propos des chiffres du GIEC d’octobre 2018. Et ça m’a mise par terre ».
*N.D.L.R. : Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
C’est au même moment que Sarah et Matthieu découvrent le forum d’Extinction Rebellion France, une fourmilière où s’échangent les connaissances et les idées d’initiatives. « On nous a proposé d’intégrer un groupe de travail, ce qu’on a fait. C’est difficile de s’impliquer dans plusieurs groupes parce qu’on a chacun un boulot qui nous prend beaucoup de temps. »
En janvier, accompagnés de leurs deux enfants — de jeunes adultes — ils commencent à tracter dans les manifestations rennaises pour le climat. « On a créé des fanzines ; on a fait dix t-shirts et on a embarqué les gens qu’on connaissait pour qu’ils viennent nous aider ». Pari réussi, le mouvement attire l’attention. Le graffeur WAR ! accepte de leur confectionner une banderole, derrière laquelle ils paradent lors de la marche pour le climat du 16 mars 2019. « Elle a été photographiée comme aucune autre. Notre page Facebook a grossi. On est passé de 0 en janvier à 300 personnes en avril. Depuis, le groupe s’agrandit chaque semaine. »
Banderole de WAR! pour les militants de XR Rennes. Ici le 16 mars 2019. photo via Rennes ma ville.Beaucoup de ces nouveaux « rebelles » n’ont jamais milité par le passé. « Ce sont des gens qui ont vu ce que les autres faisaient, c’est à dire marcher pour le climat par milliers et qui ont constaté que ça ne servait à rien, qu’on n’était pas entendus ». Dans ce contexte de surdité des classes dirigeantes, le discours frontal d’Extinction Rebellion et son mode d’action convainquent.
Bien que non militants jusqu’ici, nombre de nouveaux participants à XR se disent prêts à employer la désobéissance civile comme mode d’action, pour un enjeu qu’ils jugent d’intérêt supérieur. D’autres comme Sarah préfèrent ne pas prendre ce risque : « Chacun cherche sa place et son niveau d’engagement. Moi je vais faire des conférences, j’organise le forum de formation. Mais je ne m’impliquerai pas dans les actions illégales, même non violentes : hors de question de faire de la garde à vue avec des enfants à charge ».
La désobéissance civile non violente
Extinction Rebellion est un mouvement qui se définit autant par sa cause que par son mode d’action : la désobéissance civile non-violente.
La désobéissance civile consiste, selon Robin Celikates (chercheur allemand) en « un acte de protestation collective, enfreignant délibérément le droit et basé sur des principes, qui poursuivrait le but politique de changer certaines lois, certains dispositifs ou bien certaines institutions ». Ceux qui pratiquent la désobéissance civile sont prêts à encourir les peines, dont l’emprisonnement, qui pourraient leur être infligées pour avoir enfreint la loi.
Si l’expression (civil disobedience) est attribuée à Henry David Thoreau, qui fut notamment jeté en prison pour avoir refusé de payer ses impôts, elle s’est popularisée grâce aux actions de Gandhi puis de Martin Luther King. Tous deux prônaient, comme Extinction Rebellion aujourd’hui, une désobéissance civile non-violente.
« En réalité, c’est une escalade progressive vers la désobéissance civile. Ce n’est pas la désobéissance pour la désobéissance, ça n’aurait pas d’intérêt », nous explique Sarah. Une « escalade » consiste en une montée en intensité des actions menées. Les actions de désobéissance civile n’arriveraient in fine que dans le cas où les appels précédents n’auraient pas été entendus.
« Chacun a la responsabilité morale de désobéir aux lois injustes. »
Martin Luther King
Le collectif rennais a d’ailleurs choisi sa première cible : le projet Open Sky à Pacé, centre commercial construit sur des terres arables. L’objectif de XR Rennes serait de « s’assurer que ce projet ne verra jamais le jour ». La première marche de l’escalade a consisté en l’envoi d’une simple lettre, réclamant l’arrêt du projet. « La désobéissance n’arrivera que si personne ne veut nous entendre. De la même manière que n’ont pas été entendues les milliers de personnes qui ont manifesté dans la rue contre ce projet ni les 7300 personnes qui ont signé la pétition ».
Si la désobéissance civile est un moyen de se faire entendre, il nécessite d’en maîtriser les codes et principes. Pour cela, Extinction Rebellion forme ses membres, et à Rennes aussi. « On a fait venir un membre des Désobéissants de Nantes pour nous former à l’action non violente et à la désobéissance civile. » Au programme de la formation, initiation au déroulement d’une action : coordination, communication avec les médias, techniques de blocage et de résistance à une évacuation, gestion du stress ou encore connaissance des droits du citoyen en cas d’arrestation par la police. Une formation nécessaire au bon déroulé d’actions non violentes qui peuvent s’avérer musclées et aboutir à des arrestations massives comme ce fût le cas à Londres, où plus de 1000 personnes ont été arrêtées lors de la « Semaine internationale de la rébellion », du 15 au 21 avril 2019.
Une arrestation consentie par les manifestants qui savent bien ce qu’ils risquent. Comme l’explique Sarah : « La personne qui a décidé d’être arrêtée manifeste par là que la situation est suffisamment grave pour mériter cet engagement ».
Lors d’une réunion d’accueil d’Extinction Rebellion Rennes, les membres accueillants ont spécifié qu’aucune violence physique ou psychologique à l’égard d’êtres humains n’était tolérée dans les actions de XR.
Portrait d’un rebelle
Nous avons désiré échanger plus longuement avec trois « rebelles » d’Extinction Rebellion Rennes, afin de comprendre leur parcours ainsi que leur perception du mouvement. Voici leurs portraits, tirés de leurs propres paroles.
N. B. Par souci de confidentialité, nous avons utilisé des pseudonymes.
Alexandre, 52 ans
« J’ai 52 ans. Je suis marié avec deux enfants. Je suis informaticien. C’est un boulot dans lequel je m’éclate, globalement, malgré des hauts et des bas. À la maison, on a toujours été un peu écolo, à réduire notre consommation, manger bio, on a installé un récupérateur d’eau dans le jardin, un compost, etc. de petits gestes.
Jusqu’à maintenant je n’avais aucune activité militante et que très peu d’intérêt pour la politique. Ça me posait quelque cas de conscience de temps en temps, c’est tout.
Le déclic est venu en prenant mon café, un matin. Comme d’habitude, je lisais une revue de presse, et c’est là que je suis tombé sur un article qui parlait du rapport du GIEC d’octobre 2018. En lisant les conclusions de ce rapport… je me suis effondré. J’ai découvert deux choses : premièrement, qu’on allait complètement dans le mur, écologiquement parlant. Que notre planète allait devenir à peine vivable. Deuxièmement, qu’il nous restait très peu de temps avant que ces choses-là arrivent. J’avais bien conscience qu’on ne prenait sans doute pas la bonne direction, mais je voyais les problèmes à un horizon de 200 ans, minimum…
Suite à cette prise de conscience, j’ai fait une dépression. Je suis resté des semaines au lit, à regarder le plafond. J’étais perdu, je ne savais plus quoi faire. Et puis petit à petit les antidépresseurs ont fait effet.
Comme mon médecin me l’a conseillé, j’ai cherché sur internet des associations. Assez rapidement je suis tombé sur Extinction Rebellion (XR) notamment via les actions menées par leur branche londonienne. Ça m’a tout de suite plu, car ils faisaient des actions, ils se bougeaient, ils ne faisaient pas simplement des marches ou des appels aux politiques. En gros, ils foutaient le bordel pour se faire entendre. Selon moi, c’est précisément ce qu’il faut faire et plus ça va, plus j’en suis persuadé. Parce qu’il faut se rendre compte que la maison brûle et que nous sommes dedans. Ensuite, j’ai vu passer sur le forum XR une annonce pour une formation à la désobéissance civile. Je m’y suis inscrit.
Le premier avantage d’être dans un mouvement comme XR, c’est qu’on peut discuter librement de ces questions d’effondrement, de catastrophe… C’est un vrai problème que l’on a, de ne pas pouvoir en parler. Par exemple, à la maison, je n’ose pas en parler à mes enfants, pour ne pas leur plomber le moral. Le second avantage, c’est le sentiment de faire quelque chose, même à petite échelle.
Le vendredi 19 avril, j’ai été hyper content de passer à l’action. Avant ça je n’avais jamais milité activement. Pendant quelques minutes j’ai eu une petite boule au ventre. Comme un soldat qui va pour la première fois au combat. Un acteur qui entre sur scène. Quand on est briefé, on nous dit qu’il peut y avoir quelques coups donnés, qu’on peut finir en garde à vue. Mais on est prêt à prendre ces risques. Le fait qu’on ait pu réunir 2000 personnes prêtes à prendre des risques judiciaires, je crois que c’est une première. Mais je ne suis pas dupe : ni Total, ni EDF, ni la Société Générale, ni le Ministère — nos cibles ce jour-là — ne changeront rien à leurs politiques pour si peu.
Concernant les risques d’arrestations, je peux me permettre de faire de la garde à vue. Mes filles sont grandes et je suis dans une situation professionnelle et financière suffisamment confortable pour pouvoir me permettre ça. C’est un privilège que j’ai, que d’autres n’ont pas. Alors je dois, le premier, prendre ce risque.
Et puis de toute façon il faut que je fasse quelque chose. Je ne peux pas rester sans rien faire, ce n’est pas possible. »
Mélanie, 18 ans
« J’ai récemment eu 18 ans. J’ai quitté le lycée en avril 2017.
J’ai acquis une conscience politique, écologique et féministe très jeune, notamment auprès de ma mère et de son entourage. On participait à des manifestations, des A.G., des ciné-débats, etc.
Au collège, je me suis trouvée frustrée de ne pas pouvoir partager cela avec les personnes de mon âge. Je sentais un profond décalage, qui s’est accentué jusqu’en troisième. C’est là que j’ai “ implosé ”. Après le brevet, j’ai sombré dans une dépression existentielle. D’énormes questionnements m’assaillaient : quel est le sens de tout ça ? Pourquoi sommes-nous sur Terre ? Au vu de ce qui s’annonce pour la planète, ma vie a-t-elle une utilité ? Et je trouvais ça une telle injustice d’être née dans un monde aussi pollué…
C’était très difficile. J’ai dû faire le deuil d’une certaine vision de l’avenir, de l’espoir de vivre dans un monde apaisé, serein, vivable. L’état du monde m’a rendu littéralement malade.
Après un certain temps, ce qui m’a permis de trouver du sens et de reprendre goût à la vie, ça a été, entre autres, de me lancer dans la démarche “ zéro déchet ”. Ça m’a permis de trouver du sens. J’ai pu me sentir utile quotidiennement.
Seulement, je voulais aller vers plus loin dans l’activisme et la sensibilisation. Alerter de manière choc et informer un maximum de monde. Il y a plein de personnes qui ne sont pas au courant de plein de choses et j’avais peur de l’entre-soi des milieux militants.
Comment je suis arrivé à Extinction Rebellion ? Je voulais aller vers l’activisme depuis un certain temps, alors j’ai cherché “ activisme France ” sur internet, tout bêtement. Je suis d’abord tombé sur Deep Green Resistance (DGR). Seulement, sur le forum de DGR ça ne bougeait pas des masses. C’est vraiment le fait que XR affiche son mode d’action, la désobéissance civile, qui m’a intéressé.
Ça ne me fait pas peur, au contraire. On est prêt à tout quand on a des valeurs et des convictions qui nous animent, qui nous transcendent. Je pense qu’aujourd’hui on n’a plus le choix que de désobéir. C’est presque un devoir. Les marches militantes, ça fait des décennies qu’on en fait et aucune décision politique n’est prise. Et puis les gens qui marchent ce sont des personnes déjà sensibilisées, alors qu’aujourd’hui il faut aller à la pêche aux personnes qui sont actuellement hors de ces débats-là, de ces enjeux-là.
Ce que j’aime aussi chez XR c’est la bienveillance, le lien humain. On s’écoute beaucoup et ça fait du bien. Et le caractère inclusif de XR me plaît, ainsi que le fait que ce soit très intergénérationnel. J’ai participé au blocage du 19 avril, à Paris et il y avait vraiment toutes les tranches d’âges présentes. J’y ai été avec beaucoup de détermination. De la colère, aussi. Je pouvais aller jusqu’à la garde à vue, voire risquer mon intégrité physique. J’aimerais maintenant que les actions aillent plus loin. Il faut déstabiliser ce système. »
Sylvain, 25 ans
« J’ai 25 ans, je suis né à Marseille. J’ai fait des études d’ingénieur, comme mes parents. Depuis 6 mois j’ai un poste d’employé dans le bio. Ça ne me plaît qu’à moitié.
Quand j’étais en prépa’ biologie, j’ai commencé à lire les bouquins de Pierre Rabhi et à m’intéresser à l’agroécologie. Ça ne m’a pas quitté depuis. Je suis fasciné par les cultures natives. Notamment les liens qu’ils entretiennent entre leur spiritualité, leur société et la médecine naturelle, à base de plantes ou de psychotropes. Ça me passionne.
Je n’ai pas vraiment de passé militant. Les quelques engagements que j’ai eus ont tous un lien avec l’écologie. Politiquement, je suis anarchocommuniste.
Une autre idée qui me porte c’est l’idéal démocratique, tout simplement. Pour moi, nous ne sommes pas en démocratie. L’élément clé de la démocratie, c’est la participation des individus. Quand tu fais de la représentation, tu cèdes ta participation quotidienne à quelqu’un. Démocratie ? On se fait voler nos mots, comme le dit Frank Lepage.
Aujourd’hui, nous sommes dans la 6e extinction de masse de l’Histoire de la Terre… Et nous, on se bat contre ça. On ne défend pas la nature, on est la nature qui se défend. Notre société est dans une relation viciée à cette nature. On considère que l’on peut la consommer, l’exploiter. On n’a pas la dimension écosystémique, voire sacrée, qu’on devrait placer dedans.
Actuellement, il n’y a pas de politique écologique. C’est l’inertie. Nous sommes face à la plus grande crise de l’Histoire de l’humanité et nous ne faisons rien. Il ne faut plus que ce soit les politiques qui disent quoi faire. Ils sont en conflit d’intérêts permanents. Donc, nécessairement, ils font de mauvais choix.
J’ai rejoint Extinction Rebellion (XR) en mars, c’est à dire il y a un mois. Les revendications correspondaient tout à fait aux miennes, c’est donc naturellement que ça s’est fait. On était une petite vingtaine en mars, aujourd’hui on est plutôt cinquante. On ne signe pas, on n’a pas de carte. En fait t’es dans XR si tu participes à XR : de la vraie démocratie selon moi. Pour moi, XR n’est pas écolo, c’est avant tout un mouvement humain.
L’ambiance est très bonne. Il y a un bon partage entre le sérieux et la détente. C’est un mouvement très inclusif. Qui se donne les moyens de l’être, notamment en interne par ses outils de communication. Moi qui ai tendance à accaparer la parole, ça me permet d’évoluer. On travaille sur la démocratie, sur l’équité du temps de parole.
Je ne sais pas si révolte ou rébellion sont des termes qui me correspondent. Mon engagement politique s’inspire de ma philosophie, qui elle-même s’inspire de mes spiritualités. J’essaie d’être dans la conscience, le lâcher-prise, l’acceptation des choses. Je fais ce que ma conscience m’indique qu’il est juste de faire.
Il ne faut pas désespérer, il faut se dire “C’est génial, tout est à faire, tout est à imaginer !”. Il faut se mettre ensemble, discuter, créer, inventer, c’est la seule chose à faire en fait. Il y a de l’optimisme, du courage, de l’espoir, de la joie de vivre. Et de la sérénité, pour ma part. »
Les moyens du changement
En interne, le collectif se veut horizontal et procède selon un principe « holacratique ». L’holacratie consiste en un système d’éléments auto-régulés, comme des écosystèmes indépendants qui fonctionnent à la fois comme entités autonomes et comme parties d’un tout. Ni leader, ni porte-parole, ni dépendance d’un groupe vis-à-vis de l’autre. Extinction Rebellion France ne dépend donc pas de son cousin anglais, de même que Extinction Rebellion Rennes, Montpellier ou Poitiers ne dépendent pas de Extinction Rebellion France. Chaque groupe est autonome et chaque individu au sein de chaque groupe l’est également.
Chaque membre et chaque groupe ont en commun d’œuvrer à la même finalité — les 4 revendications de XR — et de respecter les mêmes principes, au nombre de 10, consultables sur le site internet du mouvement.
« La fin est dans les moyens comme l’arbre est dans la semence », Gandhi.
Un fonctionnement qui, couplé aux procédés de bienveillance et de non-violence entre les membres du mouvement, a convaincu plus d’une personne d’adhérer au mouvement. Comme Kriska, présente à une réunion d’accueil de XR Rennes : « ce que j’ai aimé, c’est l’engagement radical, la non-hiérarchie ainsi que le “prendre soin”, qui manque dans le milieu militant. »
« On pourrait faire les choses de manière très hiérarchique, comme partout dans la société actuelle. Sauf que, nous, on voudrait que demain la société soit différente, donc on ne va pas chercher à pousser un système pour remettre le même en place », explique Sarah.