L’association Comptoir du Doc invite à la 22e édition du festival Ré.Elles du 9 au 16 mars 2025, en partenariat avec Les Champs Libres. Entre projections, rencontres et débats, cet événement met à l’honneur le cinéma documentaire et les droits des femmes, avec un objectif clair : faire entendre les voix trop souvent marginalisées et inverser le rapport de force.
Soutenu par la Ville de Rennes, le Festival Ré.Elles, anciennement Docs aux Féminin, célèbre le cinéma documentaire tout en résonnant avec les multiples facettes des luttes féministes : « Ce nouveau nom est plus explicite et il fait un clin d’oeil à l’écriture inclusive et à toutes les “elles” qui sont dans le spectre du féminisme », confie Natalia Gómez-Carvajal qui est chargée de la programmation du festival.

La sélection des films de la programmation est le resultat de longues recherches de Natalia, notamment en assistant à des festivals et en échangeant avec des sociétés de production. Les adhérents de l’association prennent ensuite le relais en intégrant les comités de sélection. « Notre objectif avant tout, c’est de vulgariser le cinéma documentaire pour le partager au plus grand nombre. Ainsi, il est important d’avoir plusieurs profils et pas seulement des cinéphiles qui sont très calés. » Cette diversité enrichit le dialogue entre différentes perceptions et sensibilités. Le documentaire, quant à lui, explore une pluralité de formes narratives, oscillant entre tradition et singularité, avec une empreinte à la fois intime et universelle.
Le festival donne de la visibilité à des documentaires qui ne passent qu’une fois à la télévision et qui n’ont ainsi pas toujours la chance d’être suffisamment reconnus. Il n’y a pas forcément de thématique, le souhait est avant tout de montrer plusieurs visions du féminisme, de dénoncer les discriminations et les violences de genres qui se perpétuent. Garder une certaine cohérence entre les documentaires sélectionnés est parfois intéressant pour créer des parallèles dans les discussions et les débats.

Une programmation universelle et puissante
Les festivités commencent avec la projection de Si c’est ça le destin de Helga Reidemeister dimanche 9 mars au FRAC Bretagne. La protagoniste est Irene Rakowitz et la réalisatrice suit ses conflits avec ses filles, avec son ex-mari. C’est un documentaire vrai et brut, dans lequel le spectateur est amené à s’interroger sur la question de déterminisme. Mardi 10 mars, au cinéma Arvor, vous pourrez découvrir Bye Bye Tibériade de Lina Soualem. L’histoire de Hiam Abbass qui quitte son village palestinien, laissant sa famille derrière elle, pour réaliser son rêve d’être actrice en Europe. Elle revient sur ses pas trente ans plus tard avec sa fille, à la découverte des générations de femmes qui l’ont précédée. Il s’agit par ailleurs de la seule séance payante du festival.
Nicole Zeizig, réalisatrice du documentaire Les Silencieuses, sera à la bibliothèque Lucien Rose mercredi 12 mars à 18h30 pour assister à la diffusion et échanger avec le public. Elle donne la place et le moyen de s’exprimer à des femmes faisant partie d’une minorité invisible. Les comédiennes sont sourdes ou malentendantes, elles n’ont pas d’enfant, par choix ou non, et communiquent par le corps et la voix pour enfin être entendues. Le débat qui suit la projection sera traduit en langue des signes.
Samedi 15 mars, Trans Memoria de Victoria Verseau et Les Sirènes de Dieppe de Nicolas Engels et Nicolas Birkenstock apporteront un regard commun sur la transidentité. Trans Memoria, c’est l’histoire de Victoria qui s’interroge sur sa transition et sur ce qui la définit en tant que femme. À travers le deuil qu’elle doit faire de son amie, elle retourne en Thaïlande, où elle s’était fait opérer avec cette amie et entame un double voyage, au sens propre, mais également un voyage dans le temps. Cette histoire, pourtant personnelle, parle à un public universel qui se questionne sur la quête de nos rêves les plus fous et le sentiment qui découle de leur réalisation. Les Sirènes de Dieppe apporte une note un peu plus joyeuse et festive. Sous l’ambiance festive et colorée d’un cabaret à Dieppe se cache une réflexion plus profonde qui s’articule autour de luttes et de résistances contre les violences multiples. La projection du documentaire sera suivie d’un temps d’échange avec les deux cinéastes.
Pour clôturer ce riche après-midi, l’écoute collective du documentaire sonore Le Chien dans la maison de Pauline Nulle Part sur les travailleuses du sexe est prévue au Café des Gallets.
Le festival se termine dimanche 16 mars avec deux projections qui invitent le spectateur à découvrir une autre culture, à s’ouvrir au monde autour de thématiques toujours aussi universelles. Le premier documentaire est Les Miennes de Samira El Mouzghibati. La réalisatrice met en avant les conflits intergénérationnels et les femmes musulmanes qui quittent parfois leur pays d’origine avec leurs enfants pour aller en Europe et se retrouvent confrontées à des chocs culturels. La réalisatrice sera présente pour échanger avec le public. Ma Planète volée de Farahnaz Sharifi, c’est le récit d’une vie après la révolution iranienne et l’arrivée de l’Etat islamique qui opère une scission entre l’intime et la vie publique. La réalisatrice met en dialogue ses archives personnelles qui retracent son enfance en Iran et des archives de familles en exil pour raconter une autre histoire de son pays, touchante et authentique.
Par ailleurs, plusieurs courts-métrages seront projetés lors du festival jeudi 13 mars. L’un d’eux se verra décerner le Prix Jeune Public Ré.Elles, remis vendredi 14 mars par les élèves des classes d’horlogerie du lycée Jean Jaurès.
Infos pratiques :
Si c’est ça le destin, Helga Reidemeister : dimanche 9 mars à 16h au FRAC (19 avenue André Mussat), Rencontre avec la programmatrice de la Cinémathèque du Documentaire à la BPI, Marion Bonneau. Gratuit
Bye Bye Tibériade, Lina Soualem : lundi 10 mars à 20h15 au Cinéma Arvor (11 rue de Chatillon). Payant
Jeudi 13 mars : Séance courts-métrages de 19h à 22h30 au Musée des Beaux-Arts. Gratuit
Les Silencieuses, Nicole Zeizig : mercredi 12 mars à 18h30 à la Bibliothèque Lucien Rose (11 Square Lucien Rose), Débat avec la réalisatrice traduit en langue des signes. Gratuit
Trans Memoria, Victoria Verseau : samedi 15 mars à 14h30 à l’auditorium des Champs Libres. Gratuit. Public averti.
Les sirènes de Dieppe, Nicolas Engels et Nicolas Birkenstock : samedi 15 mars à 17h à l’auditorium des Champs Libres. Rencontre avec les deux cinéastes. Gratuit. Public averti.
Les Miennes, Samira El Mouzghibati : dimanche 16 mars à 14h30 à l’auditorium des Champs Libres. Rencontre avec la réalisatrice. Gratuit.
Ma planète volée, Farahnaz Sharifi : dimanche 16 mars à 17h à l’auditorium des Champs Libres. Rencontre avec les distributeurs. Gratuit.