Rennes d’hier, aujourd’hui : la gare. Le paysage urbain de la capitale bretonne évolue sans cesse. Aujourd’hui, zoom sur la gare de Rennes et ses trois architectures qui ont traversé le temps.
Un beau mois d’avril 1857, entre Brest et Paris-Montparnasse, à un point kilométrique précis, les Rennais sont en fête. Cavalcade, musique, feux d’artifice, loteries, bals et grands discours se succèdent trois jours durant : Les trois joueuses, comme on les nommera plus tard. La raison de ce joyeux bazar ? L’inauguration d’une gare ferroviaire à Rennes, permettant aux habitants de rejoindre la capitale française en “seulement” 10 h. Les lignes de chemin de fer viennent scinder Rennes d’est en ouest.
À cette époque où l’évêque bénissait encore les locomotives, c’est une révolution. Si l’idée est lancée en 1846, le projet se concrétise en 1849, mais fait tout de même vif débat entre les hommes politiques et les institutions de l’époque qui souhaitent construire la gare au nord de la ville, pour être “au plus près des commerçants et des quartiers populaires”. Les murs sont tout de même inaugurés au sud de la Vilaine afin de développer la ville vers le sud. La gare se trouve alors bien loin du centre-ville. Difficile aujourd’hui d’imaginer cette halte en pleine campagne, entourée de champs. L’arrivée du chemin de fer permet pourtant une modernité inattendue.
La ville se développe et, rapidement, les champs laissent place aux habitations et à une urbanisation de la ville. L’architecte de la compagnie des chemins de fer de l’ouest, Victor-Benoît Lenoir, prend le pli d’une architecture néo-classiciste. La gare est alors construite en forme de U et la cour (au nord) est fermée par une grille. Si la gare subit des dommages collatéraux durant la Seconde Guerre mondiale, en 1943 et 1944, l’architecture extérieure ne changera pas avant la fin du XXe siècle.
Pendant plusieurs années, la gare de Rennes fracture la ville en deux, entravant l’accès au sud. En 1989, c’est l’occasion d’une nouvelle ère pour la gare : l’arrivée du TGV atlantique. Celle-ci est alors redessinée par Thierry Le Berre. L’idée de cette nouvelle architecture : créer une passerelle au-dessus des voies afin d’assurer une meilleure communication entre Rennes nord et Rennes sud. Cette nouvelle gare sera achevée en 1992. Six ans plus tard – et ce, jusqu’en 2002 – les travaux pour la première ligne de métro démarrent.
En 2017 la ligne LGV s’installe en Bretagne : Paris n’est maintenant plus qu’à 1h30 de la capitale bretonne. Un véritable progrès pour l’anniversaire des 160 ans de la gare. La nouvelle architecture (sol en bambou et toit en éthylène tétrafluoroéthylène – ETFE – à la manière d’un nuage) fait place à de nombreuses améliorations : la passerelle Anita Conti ouvrant un meilleur accès entre le nord et le sud de la ville – ouvert 24h/24h, la deuxième ligne de métro, un réaménagement de la gare routière, l’ouverture de nouveaux commerces et l’ajout d’une nouvelle voie. À ce jour, la gare de Rennes est toujours en travaux, mais de nombreuses infrastructures sont sorties de terre pour faire fleurir des bureaux d’acier et de verre et faire de ce quartier Eurorennes, un pôle de compétitivité à l’échelle européenne. Preuve que les différents plans d’urbanisation changent autant le quotidien des Rennais que le paysage de la ville.