Avant que les travaux de réhabilitation du bâtiment Pasteur à Rennes ne connaissent un tournant décisif, le lieu sera investi le temps d’un week-end festif les 17 et 18 février 2018. Au programme : grande braderie du réemploi, hackathon, exposition de l’EESAB et performances des élèves du TNB. Un week-end consacré au réemploi, à la création et à l’art. Seront montrées les premières images du projet et les maquettes de l’avenir de l’hôtel Pasteur. Ouverture avec Sophie Ricard, architecte nomade et coordinatrice du projet Pasteur.
À la rentrée 2019, le bâtiment Pasteur accueillera l’actuelle école des Faux Ponts, l’Hôtel Pasteur et un Edulab. Pouvez-vous nous rappeler la raison d’être de l’Hôtel Pasteur, ses activités et ce qu’est un Edulab ?
Sophie Ricard : L’Hôtel Pasteur est né d’une commande un peu particulière en 2012 de l’Université Foraine née de la confiance de Daniel Delaveau et Patrick Bouchain afin de mener une « école des situations » et de travailler sur le non-programme en vue de questionner ce qu’on pourrait faire de notre patrimoine inoccupé. L’Université Foraine est une école des situations en acte. Le but était de rouvrir le lieu aux besoins et aux envies de la population. Pendant ces deux ans de mise à l’épreuve, nous avons testé et expérimenté une somme d’activités variées non programmées au point de départ qui n’étaient pas censé rentrer dans une architecture non dédiée à cela au point de départ : des cours de boxes, des terrains de tennis alors qu’il n’y a pas la place de mettre en place un vrai terrain de tennis. On est dans une ancienne faculté des sciences qui a plus d’un siècle ; un objet architectural qui avait été construit pour accueillir une université scientifique et qui a prouvé sa mutation à moindre coût. Cela a donné lieu à la commande de réhabilitation du bâtiment.
Nathalie Appéré arrive au pouvoir en 2014 et décide de passer à une nouvelle phase dans la fabrication de ce lieu d’un nouveau genre et décide de mettre une école maternelle au rez-de-chaussée. On savait que le centre de soins dentaires devait partir en février 2018 pour rejoindre le site de Pontchaillou et sur un bâtiment neuf. Nous avions dès le départ dit qu’il fallait absolument que le socle de ce bâtiment reste d’utilité publique. Quand elle (Nathalie Appéré) dit « je mets une école maternelle », elle sanctuarise la notion d’enseignement. Nous, on peut dire que l’on continue sous la forme d’un hôtel à projets dans les étages comme une école buissonnière. C’est un lieu laboratoire puisque l’idée est d’accueillir une diversité de projets qu’on n’arrive pas encore à reproduire ou à faire ailleurs. Ce sont plutôt des projets en phase émergente, mais pas que, des projets qui ne trouvent pas forcément leur place au sein des institutions classiques qui sont très cadrées et codifiées et qui auraient besoin d’espaces tests dans la ville pour s’essayer, expérimenter un projet pour le reproduire ailleurs à plus grosse échelle. On accueille des projets éphémères pour bien faire en sorte que tout le monde puisse avoir la chance de passer à un moment donné par Pasteur et d’être reconnus sur le territoire en vue qu’il n’y ait pas que les gens qui habitent au centre-ville qui puissent se sentir avoir la chance d’occuper ce lieu. Pasteur doit réagir dans un réseau de lieux, de gens, d’institutions, d’associations et de personnes sur un territoire entier.
On pense que le projet de l’école maternelle est assez fort puisque c’est l’enseignement pour les plus petits, et dans les étages, c’est un peu l’enseignement autrement. L’Edulab est un lieu d’enseignement et d’éducation aux pratiques numériques, mais pas que. L’idée n’est pas de faire du tout numérique, mais bel et bien de faire un lien entre la question numérique et les savoir-faire concrets. Par le biais de notre chantier, on va préfigurer l’arrivée de l’Edulab, car l’idée est de monter un certain nombre de chantiers école, d’application et d’insertion sociale tout au long du chantier de l’Hôtel à projets Pasteur, surtout sur la question d’Hôtel à projets. L’idée est de préfigurer son arrivée par le chantier et de commencer à faire ces partenariats comme on le fait depuis des années avec l’école des beaux-arts et son LabFab avec les Compagnons Bâtisseurs… Ces jeunes vont peut-être pouvoir toucher à des outils pour la petite menuiserie et en même temps toucher à une fraiseuse numérique. Derrière le numérique, il y a toujours la main qui est présente. C’est aussi raccrocher la tête et la main.
L’événement Le Chantier Ouvert est l’occasion de s’approprier le lieu le temps d’un week-end avant sa réhabilitation. De nombreuses activités seront proposées au cours de ces deux jours. Une grande braderie de réemplois aura notamment lieu à partir du mobilier collecté lors du déménagement du centre de soins dentaires. Quel type de mobilier pourrons-nous trouver et de quelle façon pourra-t-il être réemployé ?
Sophie Ricard : Il y a la braderie, qui est une braderie « lambda », le mobilier type tables, chaises, vitrines hospitalières, petits bureaux vont être revendus comme une braderie pour que le particulier puisse l’acheter et le mettre chez lui. Ensuite, un partenariat a été fait avec plusieurs chantiers en dehors du chantier Pasteur qui aurait besoin aujourd’hui de se resservir des choses qui vont être démolies dans le cadre de l’aménagement futur pour leur propre chantier. On est en partenariat avec une association qui s’appelle Bâti récup’, Sarah Fruit qui est maître d’œuvre pour réaliser cinq recycleries en Bretagne. L’idée est qu’elle puisse de servir des choses qui vont être démolies dans le cadre de l’aménagement de l’école maternelle pour ses recycleries. On ne le montrera pas pendant le chantier, mais on le dira publiquement.
Le collectif des Indiens Dans La Ville monte un hackathon. Ils vont se servir de quelques éléments qu’on va démonter et qui seront normalement voués à la destruction en vue de l’aménagement futur de l’école maternelle pour essayer de tester à la fois leur propriété et voir si on pourrait leur donner une seconde vie. Il va permettre de travailler ce que pourront être demain les dalles de faux plafond, par exemple.
On va aussi faire une micro-vente aux enchères burlesque. Nous n’avons pas un vrai commissaire-priseur. On aimerait que sur la partie grand mobilier – deux grands amphithéâtres par exemple -, des villes, des collectifs ou des associations s’en emparent. L’idée est de dire que ce n’est pas une vente aux enchères pour faire monter les prix, mais c’est plutôt une vente aux enchères et aux projets. Si on voit que deux personnes seraient intéressées par cet amphithéâtre, de façon collective on va voter qui a le projet le plus intéressant et d’intérêt général.
On va parler de tous les objets qu’on va réemployer nous-mêmes dans le cadre de l’aménagement. On a 50 % des objets du centre de soin dentaire qu’on ne vendra pas en braderie et qui ont été sélectionnés pour meubler en 2019 l’appel à projets Pasteur par exemple. Là ce sont vraiment des tables, chaises, petits équipements. Pour faire la future cuisine collective de l’Hôtel à projets Pasteur on va se servir des éviers, des petits mobiliers récoltés dans l’hôpital. On se sert 50 % des ardoises qui sont sur l’aile nord afin de pouvoir faire la future cuisine collective de Pasteur.
Un hackathon « Réemploi de matériaux » prendra également place avec le Collectif d’artistes rennais pluridisciplinaire les IDLV (Indiens Dans La Ville). Il s’agira de développer le prototype d’un objet, une première version logiciel entre samedi et dimanche. Qui seront les participants à cette partie de l’événement ? Le thème du réemploi de matériaux est-il un thème nouveau pour un hackathon ?
Sophie Ricard : Pas forcément le prototype d’un objet. Le hackathon dure deux jours. L’idée est que dimanche soir il y ait un rendu de ce qui s’est passé pendant ces deux jours et de voir si, par exemple, les dalles de faux plafond peuvent avoir une nouvelle propriété de type isolation. L’idée est de trouver des solutions lors de ces 24h, de savoir ce qu’on pourrait faire de certains matériaux qui lors d’une démolition sont voués à la destruction, car on n’arrive pas à leur donner une seconde vie. Ce sont des grands ateliers qui vont mélanger petits et grands. Il y a presque trente inscrits de tous genres, femmes et hommes mélangés et de 7 à 47 ans. Cela mixe des publics différents qui vont réfléchir ensemble pendant ces 24h. Là on vise à donner une seconde vie à des matériaux issus spécifiquement du bâtiment. On est pas sur le mobilier sur cette partie de l’événement. C’est ouvert à tous. Il n’y a pas besoin d’être un pro de l’informatique ou du bâtiment. Les inscriptions sont clôturées, mais on peut venir accompagner, aider, être présent.
Le thème du réemploi est un terme nouveau dans l’architecture, pour tout, pas que dans les hackathons. Le réemploi d’objets existe depuis des années, des générations. C’est un phénomène de société qui peut donc entrer dans le hackathon. Il s’agit de mettre un hackathon au service de ce problème-là. Le propre d’un hackathon est de trouver une solution à un problème de façon créative en favorisant l’intelligence collective. Là il n’y a pas de problème, mais par contre il y a un sujet qui nous concerne tous.
Pour cet événement, les élèves des sections Arts, Design et Communication de l’EESAB (École européenne supérieure d’art de Bretagne) exposeront les « projets-écoles » pour l’aménagement futur de l’Hôtel Pasteur. Est-ce un travail en groupe et l’un des projets sera-t-il sélectionné pour l’aménagement final du bâtiment ?
Sophie Ricard : Pendant toute la durée du chantier, on a fait un partenariat « chantier d’application » : on fait sortir les savoirs des écoles en vue de les faire œuvrer sur un sujet concret c’est-à-dire la réhabilitation d’un lieu. On a une somme fabuleuse d’écoles à Rennes et d’universités et de savoir-faire, on trouve ça dommage pour un diplôme de faire des choses qui ne sont pas concrètes et reprises après. Depuis le début, l’école des beaux-arts travaille avec nous. Nous nous sommes dit qu’on allait se servir du chantier comme alibi pour faire travailler les designers, les arts et la section communication autour de ce chantier.
La section communication va travailler autour d’un fanzine de chantier, d’un journal de chantier. Cette section a déjà commencé avec Nicolas Chambon qui est l’architecte de la première phase de travaux. Ils ont déjà commencé à travailler sur le suivi du chantier. Ils vont voir les artisans, faire des portraits, prendre des photos de l’avancement du chantier, etc. On va présenter publiquement samedi les prémisses de ce journal de chantier pour cette section Communication-Graphisme avec Caroline Cieslik.
Il y a la section Art, accompagnée par Christelle Familiari, qui s’occupe d’encadrer ses étudiants sur la matérialité et la future colorimétrie de l’Hôtel à projets Pasteur. Elle va proposer un parcours déambulatoire de deux fois deux heures samedi et dimanche. Les élèves ont travaillé sur les prototypes de matérialité de ce que pourrait être la matérialité future des peintures, des couleurs, comment on essaye de garder peut-être certains murs écaillés. On aimerait aussi garder la spécificité du lieu, c’est-à-dire son histoire. Il y a certains murs avec des peintures écaillées qui sont très belles. On a une étudiante qui travaille avec du papier japonais, technique de conservation d’œuvres d’art, de peinture pour conserver une peinture écaillée et éviter qu’elle continue de se désagréger.
Il y a les étudiants en design suivis pas les enseignants Tony Côme et Manon Leblanc qui vont travailler sur des prototypes de petits aménagements futurs dans le cadre du chantier. Il s’agit de luminaires, « comment réemployer certains luminaires, néons pour faire un gros luminaire dans le hall de l’accueil par exemple ? ». Il y aura des prototypes en démonstration.
À la fin de l’année, on sélectionnera, les prototypes qui pourront rester et gagner leur place au sein de l’aménagement de l’appel à projets Pasteur.
S’il y a un moment à ne pas manquer c’est sans doute le temps programmé samedi 15h à 17h : les avancées du projet de réhabilitation et les premières images du projet d’architecture de Nicolas Chambon et Encore Heureux seront présentées. Les nombreux partenaires du projet et l’association collégiale qui pilotera le futur lieu seront également présents. De quelle façon les différents acteurs du projet apportent-ils leur pierre à l’édifice ?
Sophie Ricard : L’idée est d’ouvrir à tous les Rennais lors d’un temps fort pour démontrer que ce n’est pas parce qu’on rentre au chantier que le bâtiment sera complètement fermé pendant deux ans. L’idée est de présenter tous les partenaires qui tournent autour du chantier est de prouver que l’Hôtel Pasteur va continuer de vivre. Les nouveaux hôtes vont être tous les artisans, les étudiants de l’école des beaux-arts, du lycée Saint-Exupéry, Compagnons Bâtisseurs… je ne vais pas tous les citer, mais il y en a énormément. On va continuer de faire de ce lieu, dans le cadre du chantier, un bâtiment d’application, d’enseignement et d’insertion sociale. Cela continuera d’être un lieu de vie qui ne pourra pas être ouvert au grand public puisqu’il est ouvert spécifiquement aux projets liés au chantier.
Tous les compagnons et les artisans sont sur site. À côté du bureau de la maîtrise d’ouvrage, il y aura la maîtrise d’œuvre demain puisque Margot vient d’arriver et elle va suivre le chantier. C’est rare dans le processus de fabrication d’une architecture qu’on ait ce trio main dans la main, ensemble, sur site, 7 jours sur 7. C’est ce qu’on appelle la permanence de manière générale. On aura finalement presque plus besoin de réunions de chantier puisqu’on est tous ensemble sur site donc les problèmes vont se régler au fur et à mesure de manière incrémentale.
L’incrémentalisme est une notion qui est très chère à toute la fabrication de ce projet. C’est une notion qui est apparue avec un de nos maîtres : Lucien Kroll qui est un architecte belge et qui a toujours dit « Je ne construirais pas sans habitants ». Sa grande phrase est « pas d’habitants, pas de plans ». Il fait ses projets d’architecture de manière très incrémentale de la même manière que s’est construite la commande de l’appel à projets de l’école maternelle du bâtiment Pasteur. On a testé ce bâtiment par la mise à l’épreuve des usages. De ces usages est née une commande. Il y avait un grand besoin dans la ville qui était de continuer d’agrandir les écoles maternelles dans la ville.
Le chantier c’est aussi un moment fort dans la ville où peuvent se réunir l’élu, l’aménageur, l’artisan comme l’étudiant de l’école des beaux-arts, les jeunes qui vont être dans le chantier de remobilisation avec les Compagnons Bâtisseurs. C’est vraiment un grand moment de mixité sociale et de mixité des pratiques. On veut aussi le mettre en avant peut-être par l’intermédiaire du fanzine de chantier. On a aussi un autre collectif qu’on va présenter lors du discours à 15H qui font un fanzine de chantier, mais de façon fictive. Il travaille autour de la fiction de la ville, du territoire. Ce collectif a nommé son journal L’oeilleton qui va sortir un numéro tous les trimestres.
Dans le cadre du chantier on monte deux A.T.E (Action Territoriale d’Expérimentation). La première est avec les Compagnons Bâtisseurs sous forme de remobilisation des jeunes et moins jeunes. L’idée est de rouvrir les trois étages du bâtiment Pasteur, de l’Hôtel à projets Pasteur, pour en faire une vraie plate-forme de sensibilisation, de remobilisation et d’initiation aux métiers du bâtiment.
La première A.T.E est portée par les Compagnons Bâtisseurs avec tous nos partenaires qui sont Breizh Insertion Sport, l’association D’ici ou d’ailleurs qui donne des cours de français pour les demandeurs d’asile. Il y a certainement Les Petits Débrouillards qui vont entrer dans la boucle, les CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) qui sont partenaires…Les associations qui sont dans notre conseil collégial vont être actives au sein du chantier par l’intermédiaire de cet A.T.E et l’hôpital Guillaume Régnier avec l’équipe mobile Précarité Psychatrie qui va suivre ces ateliers de remobilisation. L’objet de cet A.T.E va être la rénovation et le réemploi des paillasses, de certains luminaires, les chantiers de peinture.
Une autre A.T.E va être montée par les GRETA et l’AFPA et va concerner les BTS électricité, plomberie, plaquiste. Ils vont avoir pour sujet la future cuisine collective qui va se trouver en plein milieu du bâtiment Pasteur, sur l’aile centrale au premier niveau adossée à une terrasse. Cette cuisine collective va faire l’objet d’un vrai sujet d’expérimentation en architecture puisque l’idée est que la maîtrise d’œuvre dessine le toit de cette cuisine, mais laisse la conception de cette cuisine à un jeune designer qui est sorti de l’école qui s’appelle Pierre Brongniart. Il a passé son diplôme sur le sujet de la cuisine collective. Il va être parrainé par la maîtrise d’œuvre en vue de faire la conception de cette cuisine autour d’un grand chantier-école avec les BTS électricien, plomberie…
Un deuxième jeune collectif va travailler sur le projet d’architecture, le collectif Made Paysage. Ils vont travailler sur la conception et une partie de la réalisation de l’aménagement des cours d’écoles maternelles. Ils vont être parrainés par les architectes d’Encore Heureux. Ils ne vont pas tout dessiner. Notre volonté était forte dès le départ de dire que ce sujet doit être sujet d’expérimentation pour des jeunes qui n’auraient pas forcément accès à la commande publique classique telle qu’elle est faite aujourd’hui. La future cour de l’école et la cuisine pourraient être des sujets de jeunes qui viennent de monter leur agence, qui sortent tout juste de l’école pour avoir accès à une commande parrainée par une maîtrise d’ouvrage et une maîtrise d’œuvre.
Rien à jeter est aussi un partenaire qui présentera son fanzine sur le réemploi avec notamment une cartographie des initiatives bretonnes sur ce thème. La Belle Déchette est également un partenaire important du projet, pour la braderie, par exemple, mais pas uniquement. Les bénévoles de cette association nous viennent en appui.
On va solliciter toutes ces personnes à 15h, on va raconter tous les partenariats qu’on a menés, la philosophie générale de ce chantier ouvert acte culturel dans la ville, lieu d’enseignement. On va faire parler tous les partenaires pour qu’ils racontent pourquoi ils vont travailler sur ce chantier. On va programmer des temps culturels et artistiques au sein du chantier.
C’est fondamental pour moi de sublimer un chantier par l’acte artistique. Juste après les discours et en vue de préfigurer l’Hôtel des ventes Pasteur, la compagnie chorégraphique Múa d’Emmanuelle Huynh en partenariat avec Les Tombées de la Nuit et dans le cadre de Dimanche à Rennes va performer le déménagement en chorégraphiant l’acheminement d’objets, de matériaux pour la braderie et pour l’hôtel des ventes. L’idée est qu’elle suive tout le long du chantier sur des temps forts, le chantier de la rénovation du bâtiment Pasteur. Pour nous l’acte artistique dans le chantier est un moment important qui va permettre de déplacer le sujet, le mettre en abyme ou de sublimer la gestuelle qui de temps en temps pourrait paraître répétitive lors d’un chantier alors que là elle ne va pas l’être, car on est en réhabilitation. On n’est pas de l’uniformisation de la chose et de l’architecture ni dans la production architecturale. On est quand même dans un chantier plus artisanal. L’acte artistique va venir questionner l’acte plus dicté, l’acte ouvrier.
Dans le cadre des Dimanches à Rennes en partenariat avec Plateforme Múa -Emmanuelle Huynh, les étudiants du TNB (Théâtre National de Bretagne) et de l’ENSAB (École nationale supérieure d’architecture de Bretagne) animeront la journée en mettant en scène la grande braderie notamment. Différentes performances ponctueront la journée. De quelle façon cette journée permettra-t-elle de créer des ponts entre les arts, la communication et la danse ?
Sophie Ricard : On n’est pas pour les mariages forcés. On crée l’espace qui est capable de rassembler les gens. Il se passe ou il ne se passe pas des choses. La philosophie générale depuis ses débuts est de se dire qu’on ouvre à tous et chacun peut se mettre à sa juste place dans l’alibi de ce grand chantier ou de ce bâtiment-là. L’idée est de se faire rencontrer des mondes qui ne se rencontrent pas d’habitude.
On est dans un processus. Ce week-end est juste un événement, l’événement qui va montrer toutes les personnes qui sont intéressées par ce chantier, qui sont très différentes. Quand on a l’équipe mobile Précarité Psychatrie et un étudiant des écoles des beaux-arts, on ne se dit pas forcément que ces deux mondes se rencontrent tout de suite, les Compagnons-bâtisseurs non plus. Il y a une somme d’individualités et d’associations qui sont intéressées pour faire quelque chose dans le cadre de ce chantier avec des intérêts particuliers tous très différents avec tous en vue cet intérêt global qui est la réhabilitation de ce lieu ouvert à tous. C’est important de laisser s’exprimer les intérêts particuliers en vue d’un intérêt plus commun.
L’Hôtel Pasteur est sélectionné parmi dix lieux ensemble pour faire partie du projet « Lieu infini » porté par Encore Heureux à la biennale d’architecture de Venise. L’inauguration a lieu fin mai 2018. Il a été reconnu en France par le Ministère de la Culture qu’il y a une autre manière de faire de l’architecture en travaillant sur la réversibilité de son patrimoine et en travaillant sur différentes formes de mises à l’épreuve de ces bâtiments par l’usage.
En parallèle du chantier, l’association collégiale de l’Hôtel Pasteur, accompagnée par Territoires Publics avec l’arrivée de Lise Buisson au sein de la conciergerie continue de travailler sur les modalités de gestion future de l’appel à projets Pasteur et son modèle économique.
L’Hôtel Pasteur déclare le chantier ouvert. Hôtel Pasteur, Rennes. Le 17 et 18 février 2018
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