Vidéo. Rennes a accueilli l’organisation Nihon Hidankyo, prix Nobel de la Paix 2024

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De gauche à droite : Flavie BOUKHENOUFA, Adjointe à la Maire de Rennes, déléguée aux Relations internationales, aux relations publiques, aux cultes et à la laïcité ; Roland NIVET, coresponsable du Mouvement de Paix à Rennes et porte-parole national du mouvement ; Tanaka Shigenmitsu, vice-président de Nihon Hidankyo ; Adrien BECAM, traducteur interprète japonais-français

La Ville de Rennes, en présence de l’adjointe à la maire Flavie Boukhenoufa, a reçu l’organisation japonaise Nihon Hidankyo, prix Nobel de la Paix 2024 au musée des Beaux-Arts de Rennes samedi 27 janvier 2025. Depuis 1956, elle lutte pour la disparition de l’arme atomique. Le vice-président Tanaka Shigenmitsu, rescapé de Nagasaki, a livré un témoignage poignant sur l’horreur qu’il a vécu alors qu’il n’avait que 4 ans.

Dans le contexte tendu actuel, le danger de l’utilisation de l’arme nucléaire est plus que réelle que jamais. Depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, Moscou a à plusieurs reprises menacé l’Occident d’utiliser l’arme nucléaire pour la dissuader d’apporter de l’aide militaire à l’Ukraine. Certaines puissances avouent être dépendantes de l’arme atomique. Mais en ce début 2025, alors que sera commémorera dans quelques mois les 80 ans de la fin la Seconde Guerre mondiale, remettre ce prix Nobel à un mouvement tel que Nihon Hidankyo est un message fort. Le combat est certes laborieux, avoue l’organisation, mais elle reste résolue à le mener et fait de la transmission de cette parole un enjeu crucial.

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Tanaka Shigenmitsu, vice-président de Nihon Hidankyo ; Flavie BOUKHENOUFA, Adjointe à la Maire de Rennes, déléguée aux Relations internationales, aux relations publiques, aux cultes et à la laïcité ; Adrien BECAM, traducteur interprète

L’organisation nippone a été fondée en 1956 et rassemble les survivants des bombes nucléaires larguées par les États-Unis à Hiroshima et Nagasaki le 6 et 9 août 1945. « L’être humain avait utilisé le meilleur de l’intelligence humaine pour accomplir le pire. L’apogée des avancées scientifiques et technologiques mises au service de la destruction », souligne l’adjointe à la maire Flavie Boukhenoufa et déléguée aux Relations internationales, aux relations publiques, aux cultes et à la laïcité. Il est difficile d’identifier le nombre exacte de pertes humaines, mais l’« arme du démon », pour reprendre les mots du Vice-Président Tanaka Shigenmitsu, a fait entre 103 000 à 220 000 morts.

Peu avant 1956, les rescapés des bombes atomiques, appelés « les Hibakusha », se sont réunis pour s’entraider, ce qui a conduit à la fondation de l’organisation Nihon Hidankyo en 1956. L’association lutte en faveur de la paix, du désarmement et de la suppression de l’arme nucléaire, « d’encourager un monde sans guerre et sans arme nucléaire ». Son but est de faire vivre la mémoire des personnes disparues et des rescapés en témoignant et informant le monde entier de ce qu’il s’étaient passés à Nagasaki et Hiroshima.

« Je veux rappeler cette vérité : L’arme atomique et le genre humain ne peuvent pas coexister. Il n’y a rien qui puisse justifier son existence », Tanaka Shigenmitsu

Témoignage de Tanaka Shigenmitsu

Quand la bombe nucléaire a explosé à Nagasaki le 9 août 1975, Tanaka Shigenmitsu n’avait que 4 ans. Mais il se souvient d’un bruit d’un avion qui traverse le ciel, d’une lumière blanche qui jaillit dans le ciel et d’avoir interpellé son grand-père pour lui montrer ce qu’il se passait. « Quelques jours après, ma mère, qui était aide-soignante, s’est rendue dans le campement de fortune et les écoles mobilisées pour prodiguer les premiers soins aux victimes directes de l’explosion. C’était un environnement effroyable : les gens étaient défigurés, on ne pouvait plus distingue s’ils étaient des humains ou non », raconte-t-il.

« Mon père, engagé dans l’armée et sur le front des opérations, à aider comme il le pouvait, a été lui-même exposé. Il est décédé en 1957, à l’âge de 56 ans, parce qu’il avait été trop exposé et contracté des maladies suite aux radiations. Je n’étais qu’un lycée à l’époque et j’essayais de reconstruit ma vie comme je le pouvais pour me libérer du traumatisme infligé. » 

« À l’époque dans la société japonaise, les hibakusha [rescapés des bombes atomiques de Nagasaki et Hiroshima.ndlr] étaient considérés comme des parias et exploités. On formait une communauté et formait une famille ensemble. J’ai épousé une jeune femme qui était elle-même rescapée, nous avons eu un enfant, mais il est décédé au bout de trois jours à cause d’une malformation du cœur. C’était une expérience traumatisante évidemment. »

« L’explosion de la bombe a été instantanée, ça n’a duré que quelques secondes, mais ça a bouleversé la vie de centaines de milliers de personnes pour des décennies et plus encore, des générations qui ont suivi. Ça détruit des vies, anéantit deux villes avec Hiroshima. » 

« L’armée américaine n’a pas reconnu immédiatement la gravité et l’effroi de ce qu’elle a pu produire. Nous n’avions à l’époque aucune information sur la nature de cette bombe là et ce que les radiations allaient provoquer. Nous sommes restés dans l’inconnu pendant longtemps. Il a fallu beaucoup de temps pour que nous puissions rétablir un dialogue avec les États-Unis. »

« Les hibakusha sont aujourd’hui en nombre limité, mes camarades ayant disparu. Nous sommes les derniers à avoir vécu ce traumatisme, mais notre mission est aussi de transmettre aux jeunes générations un message, que les jeunes reprennent le flambeau et continue la lutte lorsque nous ne serons plus là. »

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Au Japon, l’éducation à la paix a été intégrée dans les programmes pour une sensibilisation dès le plus jeune âge. « Des associations comme Nihon Hidankyo en existe plusieurs et sous différentes formes. Elles s’impliquent auprès des écoles pour organiser des ateliers et des rencontres », informe le Vice-Président. « Il y a un échange pour faire vivre cette mémoire là. » Avant la fin des études, des voyages scolaires permettent justement cette sensibilisation, ainsi qu’une programmation de travail. 1 300 écoles sont partenaires des Mouvements de la Paix et de Nihon Hidankyo, ce qui représente environ 70 000 élèves.

Chaque année, Tanaka Shigenmitsu et ses camarades organisent des visites scolaires des vestiges de la bombe atomique. L’essentiel a été reconstruit, mais certains sites comme un bâtiment à Hiroshima sont laissés en l’état pour la mémoire. Les jeunes japonais sont aussi emmenés dans des rencontres dans des institutions européennes. « Un travail de fond est fait au quotidien. »

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