Le spectacle Mule des circassiennes Hélène Leveau et Aviva Rose-Williams se déroulera mercredi 12 octobre 2022 au Triangle – cité de la danse, boulevard de Yougoslavie à Rennes. La performance mêlant acrobatie et théâtre clownesque retrace l’évolution de la relation des deux personnages qu’elles incarnent respectivement. Les tableaux se suivent et dépeignent le processus de domination qui s’installe progressivement entre les deux protagonistes. L’œuvre expose une fresque émotionnelle et physique, à la portée de tous.
C’est avec le spectacle Mule que le Triangle – Cité de la danse ouvre sa saison 2022-2023. Avec cette représentation, la voltigeuse Hélène Leveau et la porteuse Aviva Rose-Williams explorent leur symbiose artistique dans le cadre d’une représentation en duo.
Les deux circassiennes se sont rencontrées lors de leur formation professionnelle à l’école supérieure de cirque au Québec. Aviva Rose-Williams se spécialise en art chinois et Hélène Laveau en corde molle. Avec d’autres artistes de leur promotion, elles fondent le collectif A sens unique et composent leur premier spectacle, un spectacle de rue appelé Léger démêlé. Le duo féminin constate alors la compatibilité de leurs jeux physiques. Léger démêlé, fort de ses six artistes, tourne pendant cinq ans, jusqu’en 2019. Le collectif tente également d’autres formats créatifs. Aviva Rose-Williams et Hélène Laveau décident, dans ce cadre, de composer en duo.
C’est ainsi que les deux artistes se lancent dans la création de ce qui deviendra Mule. Elles pensent le processus créatif du spectacle selon une démarche expérimentale. « La création consiste au départ en de la recherche physique autour d’invention de figure et de manière d’être l’une sur l’autre », décrit la voltigeuse. Hélène Lavaud explique par ailleurs la volonté du duo de laisser parler leur spontanéité créatrice, de ne rien déterminer par avance, jusqu’à se rendre compte « de l’évolution personnelle et physique des personnages qui se forme au fur et à mesure de la fatigue [celle des artistes] » comme le formule Aviva Rose-Williams. Les deux artistes extraient de leurs corps des éléments physiques et émotionnels qu’elles polissent et organisent de manière à créer une cohérence d’ensemble.
Cette harmonie globale est cristallisée dans le titre à double sens du spectacle : Mule. D’un côté, la référence à l’expression « charger la mule » renvoie à l’implication physique des artistes poussée à l’extrême, « une proximité invasive » comme la qualifie Hélène Lavaux. De l’autre, le clin d’œil à l’expression « faire sa tête de mule » connote le versant psychologique du terme, l’obstination absurde des personnages à laisser la situation dégénérer et perdre le contrôle de leurs émotions. Mais en parallèle de tout ça, la mule est avant tout un animal. Le déchaînement physique et émotionnel des artistes amené à son paroxysme transcende les personnages qui se trouvent métamorphosés, « avec la fatigue physique je deviens bête, méchante, horrible », confie Aviva Rose-Williams.
Cette transformation relevée par la voltigeuse a été la cible d’un bon nombre d’interrogations de la part des scolaires qui ont vu Mule et auprès desquels les artistes ont animé des ateliers. Pour eux, la limite entre la réalité et le jeu théâtral était par moment troublée. Cette réaction est compréhensible par le souhait artistique d’Hélène Leveau et d’Aviva Rose-Williams « de faire tomber le quatrième mur », comme l’explicite cette première.
Le spectacle résonne différemment auprès du jeune public. À travers la performance des thèmes tels que le harcèlement, la moquerie, la manipulation sont abordés. Le spectacle induit donc la notion de limite et invite à une réflexion sur celle-ci. Cette réflexion se prolonge avec les ateliers auxquels peuvent participer les élèves, et au cours desquels sont reprises les bases des tableaux qui composent la représentation. En plus d’encourager une mémoire physique qui renforce l’immersion des élèves dans le spectacle, quand les ateliers ont lieu en amont de celui-ci, les exercices proposés par les circassiennes engagent un « travail en duo, sur la confiance : comment la donner, comment reconnaître les limites, communiquer… ». Ces exercices sont également un moyen d’établir un dialogue entre les filles et les garçons, souvent timides à ces âges-là.
Ainsi, Mule propose une performance qui découle d’un désir d’expérimenter à deux et montre au public le rapport de force qui s’installe entre les deux personnages au cours des 50 minutes de la représentation. Un modèle de relation finalement très éloigné de celui de nos deux artistes. Venez les admirer sauter, tomber, rigoler, s’énerver et voltiger le mercredi 12 octobre au Triangle, à 19 h.
Pour plus d’informations sur le spectacle
Retrouvez également le collectif A sens unique