À l’initiative de Simon Gauchet et l’École Parallèle Imaginaire, le Musée des beaux-arts de Rennes a ouvert ses portes prestigieuses à un public d’une nature nouvelle. Si l’on allait au-delà de la simple flânerie entre les siècles et plus loin que la grave et docte contemplation des tableaux ? Voilà le credo du musée recopié : un événement unique en France. Les 30 et 31 janvier, 120 habitants de la métropole rennaise ont reproduit les pièces du musée. Le vernissage de l’exposition aura lieu à l’hôtel Pasteur le jeudi 4 février. Esquisse d’une approche singulière…
À une époque où l’on s’attache à penser les institutions culturelles et artistiques, à les ouvrir, les décloisonner, où l’on prône le caractère transgénérationnel et transdisciplinaire des pratiques, où l’on insiste sur la co-construction et le vivre-ensemble, une initiative comme le Musée recopié aurait pu s’avérer redondante et consensuelle. Non seulement cet événement rempli d’intelligence pratique a pleinement réalisé son pari, mais il a rencontré le succès qui’l méritait.
« Pendant deux jours, 60 habitants de la métropole rennaise recopieront à la main toutes les œuvres du musée des beaux-arts de Rennes ». Voilà donc l’objectif visé en amont ; au final, face à la demande croissante des inscriptions, la performance a accueilli le double de personnes !
Pourquoi un tel succès ? Louons d’emblée la frucutueuse intuition de Simon Gauchet et de l’École Parallèle Imaginaire, « école utopique, organique, polymorphe, qui sans cesse se transforme ». L’organisateur le rappelle : « durant la période classique, l’élève-peintre passait des heures dans les musées à recopier les tableaux de maîtres ». Si cette pratique existe encore, il s’agissait hic et nunc de la restituer à un public plus large et d’une manière informelle et ouverte. En contrepoint, cela incite le musée à ne pas se muséifier avec une nouvelle tâche pédagogique originale. Laurence Imbernon, conservatrice au musée, s’en félicite. Selon elle, les risques et difficultés techniques encourus sont largement compensées par l’importance artistique, psychologique et civique de l’événement.
Qu’une pratique de recopiage paraisse à ce point innovante, voilà qui revisite l’histoire des arts et en bouscule les lignes ! La performance sous entendait de laisser libre cours à son imagination, le résultat est là : d’une galerie à l’autre, on croise des reproductions qui se veulent fidèles ou, inversement, décalées, inspirées, parodiques… Durant un week-end, le Musée des Beaux-Arts de Rennes s’est transformé en un espace insolite, où se croisaient visiteurs et participants, les uns absorbés, à leur chevalet, assis, allongé, les autres curieux, promeneurs, attentifs. Si les performeurs, enfants, adultes, jeunes ou vieux, n’étaient pas tous des artistes ou des étudiants en arts, il était cependant rare de rencontrer de complets novices. Bien souvent, les participants s’aidaient mutuellement, s’épaulaient pour un détail technique particulier. On a pu croiser un artiste graffeur travailler le pastel, ou une adepte de la marine s’attaquer à une fresque religieuse…
Chacun était libre de choisir une œuvre à son goût. Le Musée des beaux-arts, heureusement, couvre de longues périodes et propose des collections de peinture et sculpture allant du XIVe au XXIe siècles. Certaines des grandes fresques historiques ou religieuses ont donné lieu à des représentations in situ, sur fond blanc. L’expérience aura permis d’observer un work in progress, la structure narrative d’un tableau, sa profondeur, sa perspective, etc.
Pour l’exposition, quoi de mieux que l’hôtel Pasteur ? Ce lieu situé en face du musée, sur les quais, se veut ouvert, expérimental et constamment en mouvement. À l’image, donc, de l’École Parallèle Imaginaire. Le vernissage aura lieu ce jeudi 4 février et inaugurera une exposition jusqu’au 21 février. Un événement à recopier sur votre tablettes…
École Parallèle Imaginaire
Musée des beaux-arts de Rennes
Hôtel Pasteur