RENNES. LE SPECTACLE VIVANT FACE AU CONFINEMENT, LE PONT SUPÉRIEUR

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Le pôle d’enseignement en spectacle vivant, Le Pont Supérieur, a su répondre aux nouvelles problématiques liées à la crise sanitaire en permettant à ses étudiants de continuer à suivre les cours dans les meilleures conditions possibles.

Les formations artistiques favorisent l’échange et le contact. Une proximité qui rend la présence du corps fondamentale dans l’apprentissage des arts : lorsque le confinement a été annoncé au mois de mars 2020, celle-ci est devenue impossible et c’est tout un enseignement qui a dû s’adapter rapidement. Comment réussir à recréer un environnement favorable à l’apprentissage artistique lorsque l’on est confronté aux contraintes d’espace et d’isolement ? Nous nous sommes entretenus avec l’équipe du Pont Supérieur afin d’en savoir plus sur ces nouveaux aménagements et leurs conséquences.

PONT SUPERIEUR RENNES

Le Pont Supérieur, pôle d’enseignement supérieur spectacle vivant en Bretagne et Pays de Loire, est un établissement public de coopération culturelle. L’établissement est divisé en deux départements, danse et musique. Le département danse propose une formation d’enseignement supérieur qui prépare à l’examen du diplôme d’État de professeur de danse. Le département musique forme au Diplôme National Supérieur Professionnel (DNSP) de musicien adossé à la licence de musicologie de l’Université de Rennes 2 et au Diplôme d’État (DE) de professeur de musique. Une diversité de formations dans un établissement à taille humaine qui accueille seulement une centaine d’étudiants.

D’après la directrice générale, Catherine Lefaix-Chauvel, l’adaptation au confinement a été un succès, car « la taille modeste de notre établissement l’a permis ». Cette force favorise un lien de qualité avec les étudiants : chaque réaménagement s’est fait en concertation avec eux, avec la volonté forte de les accompagner de manière régulière. Cet investissement collectif a aujourd’hui participé à la réouverture de l’établissement, une co-responsabilité vis-à-vis des règles sanitaires, car si quelqu’un défaille, c’est tout le monde qui en pâtit. Les étudiants qui ont désormais terminé leur année, ont d’ailleurs tenu à remercier les équipes pour cet accompagnement individuel fort.

DERRIÈRE NOS MASQUES – création d’Adrien OUAKI
LA PORTE – création de Roberta Fontana
avec et pour les danseur·euse·s en prépa EAT du Pont Supérieur.
Deux partitions chorégraphiques auxquelles une trentaine de danseur·euse·s en formation PREPA EAT au Pont Supérieur ont pu être associés. 3 semaines de travail autour des univers d’Adrien OUAKI et de Roberta FONTANA.
Découvrez en vidéo la restitution de ces rencontres artistiques inédites et privilégiées. Captation par Gabriel Sengès pour Moonview Prod.

Département danse

La préparation au diplôme de professeur de danse est une formation de transmission et de pédagogie. Elle trouve ainsi matière dans l’aspect chorégraphique. Alors comment apprendre à enseigner des chorégraphies à distance, derrière un écran ?

Les étudiants ont été brutalement privés de studios de danse aménagés pour leur enseignement. Confinés dans de nouveaux espaces contraignants et variables. Certains étudiants se sont retrouvés dans une chambre de 25m², d’autres dans un salon chez leurs parents : poussés à adapter leurs propositions avec les moyens dont ils disposaient, certains auraient pu renoncer. Afin que personne n’abandonne, l’établissement a travaillé avec le Ministère de l’Éducation Nationale pour faire en sorte que les modes d’enseignement et d’évaluation s’adaptent à la situation.

MAURICE COURCHAY PONT SUPERIEUR

Maurice Courchay, directeur du département danse nous explique que « les enseignements ont migré sur les outils numériques et principalement la plateforme zoom, une plateforme qui permettait aux formateurs de conserver des liens individuels mais aussi collectifs avec les étudiants. Partant de cela, les formats des travaux ont été ajustés afin qu’ils puissent s’en saisir et poursuivre leur progression dans le contexte particulier du confinement. Ils recevaient ainsi des séquences à réaliser qu’ils devaient reproduire et envoyer sous forme de vidéos. Après avoir analysé ce travail, les formateurs faisaient des retours en direct via la plateforme zoom. »

Cette nouvelle forme d’enseignement a entraîné une « sur-activation » de certaines compétences liées au support particulier. Sans la présence physique directe, les étudiants ont développé une maîtrise importante de la parole pour véhiculer et amorcer des états de corps.

Auparavant, la voix était annexe par rapport au corps. Là, elle EST DEVENUE le véhicule principal des déclenchements ciblés par leur composition.

Maurice Courchay, directeur du département danse.

Une compétence « vocale » difficile à acquérir lorsque le corps est au premier plan et qu’il fait appel en priorité à la vue et au toucher pour créer et reproduire. En présentiel, les étudiants montrent l’exemple sans avoir à mettre en mots. Mais avec les vidéos, ils ont dû travailler la formulation de la pensée et enrichir leur vocabulaire. Un approfondissement qui a apporté une véritable plus-value par rapport aux compétences professionnelles attendues pour enseigner.

C’était un vrai foisonnement. C’est une génération unique qui a déployé des compétences que NOUS n’AVIONS jamais observéES auparavant.

Catherine Lefaix-Chauvel, directrice générale.

Le développement de ces compétences a fait réagir les formateurs qui se sont demandés comment réussir à les intégrer dans la formation en situation « normale ». Maurice Courchay souligne « qu’il faut aussi être réaliste sur le fait que cette méthode d’enseignement à distance a pu être élaborée parce qu’il y avait une situation de nécessité absolue, il n’est pas certain qu’elle puisse perdurer. »

En effet, les étudiants avaient tout de même pu, heureusement, bénéficier avant le confinement de plusieurs mois d’enseignement et d’une immersion professionnelle totale lors de quatre semaines de tutorat. L’enseignement « confiné » a pu donc porter ses fruits via les plateformes numériques parce qu’il y a eu au préalable une base en présentiel.

PONT SUPERIEUR RENNES

Département musique

Pour les musiciens, la première difficulté liée au confinement a été bien entendu les potentielles « nuisances sonores » en l’absence de lieu de répétition insonorisé : comment répéter tous les jours dans son appartement sans déranger les voisins ou même son conjoint ou ses enfants ? Ludovic Potié, directeur du département musique, explique ainsi que les professeurs ont « eu des témoignages forts, certains étudiants étaient coincés et ne pouvaient répéter car leur compagne ou compagnon télétravaillait dans un même espace, certains se retrouvaient dans un espace ouvert, mais il faisait froid, d’autres encore n’avaient d’autres solutions que de répéter dans une voiture. Nous avons pu au moment du déconfinement ouvrir tout doucement quelques espaces dans un cadre très strict de protocole sanitaire. »

L’équipe d’enseignants et d’enseignantes a été très bienveillante envers les étudiants, alertant dès qu’un étudiant semblait décrocher. L’établissement a prêté des ordinateurs et a permis aux étudiants de venir chercher du matériel. Tout s’est bien passé dans l’ensemble, malgré quelques ruptures peu nombreuses, mais difficiles, lorsque certains se sont retrouvés confinés sans leur instrument.

Le parcours des études musicales est un parcours personnalisé voire sur mesure. Bien que les étudiants aient des moments collectifs, tout est adapté dans chaque discipline avec une multitude d’intervenants qui viennent les voir afin de rendre les contacts plus faciles dans un milieu professionnel. Ils ont pu continuer à parler avec eux à distance, les intervenants ont aussi trouvé qu’il y avait eu un travail nouveau de la part des étudiants.

lorsque l’étudiant devait envoyer une vidéo, il la refaisait plusieurs fois avant de l’estimer prête. C’est un travail d’auto-évaluation QUI POUSSE AUTOMATIQUEMENT À S’éCOUTER BEAUCOUP CE QUI EN FAIT UN très bel outil. C’est un exercice qui n’a jamais été pratiqué avant et certains enseignants souhaitent garder cet élément pédagogique.

Ludovic Potié, directeur du département musique.

Le département musique accueille trois formations différentes : musique traditionnelle, musique actuelle et musique classique/lyrique. Les formations ont lieu dans divers endroits : au Nouveau Pavillon (Bouguenais, 44), à l’Antipode (Rennes) et à l’Opéra (Rennes). Un intérêt majeur de ces formations musicales est d’avoir des liens avec les structures professionnelles qui demain accueilleront et embaucheront les musiciens. L’établissement accorde ainsi beaucoup d’importance dans le développement et le maintien des partenariats avec les milieux professionnels.

C’est dans cette optique que se fait l’évaluation majeure pour l’obtention du diplôme : une prestation artistique en milieu professionnel. Or, dans le contexte sanitaire, cette prestation initialement prévue au mois de juin n’a pas pu avoir lieu. Afin de faire face à ces contraintes, les professeurs, avec l’accord du Ministère de l’Éducation Nationale, ont mis en place un contrôle continu en lieu et place de cette prestation. Les concerts de fin d’année ont malgré tout pu être reportés à la rentrée grâce à l’engagement des partenaires artistiques professionnels.

Les nouveaux étudiants que NOUS vENONS d’accueillir onT tous vécu une procédure de sélection à distance, avec eux aussi des vidéos à produire sur lesquelles ils ont été évalués. De nouveaux outils apparaissent dont une nouvelle génération est obligée de s’emparer.

Catherine Lefaix-Chauvel, directrice générale.

Suite aux vidéos, un entretien a été fait sur zoom, grâce à des jurys experts possédant une forte expérience du son. Des postulants de la France entière se sont présentés et Catherine Lefaix-Chauvel, estime que « cette modalité de sélection à distance a finalement permis à de nombreuses personnes de postuler. La sélection « traditionnelle » engendre des coûts liés au transport et à l’hébergement qui ne sont pas à la portée de tous, cette méthode est finalement plus égalitaire. »

Cette épreuve aura surtout montré la nécessité d’un grand plan numérique d’équipement de l’enseignement supérieur Culture et de l’enseignement général plus largement, afin de s’adapter à ces nouveaux contextes. Le pont supérieur a démontré qu’il était possible de surmonter un obstacle et même d’en faire un outil positif. L’établissement a su utiliser la contrainte comme un enjeu pédagogique permettant de nouvelles possibilités de création. Un nouvel enseignement possible grâce au soutien des structures professionnelles et du réseau des Écoles supérieurs de la culture. Cette année 31 étudiant(e)s ont obtenu le diplôme d’État de professeur de musique et 23 professeurs de danse malgré le contexte complexe et inédit.

Le Pont Supérieur : ÉTABLISSEMENT PUBLIC DE COOPÉRATION CULTURELLE

Réunissant le Ministère de la Culture, les régions Bretagne et Pays de la Loire, Brest Métropole, les villes de Nantes, Rennes et Angers, les Universités de Nantes, Rennes 2 et Angers.

LE SITE DE RENNES

DÉPARTEMENT MUSIQUE  02 30 96 20 10. musique[@]lepontsuperieur.eu

DÉPARTEMENT FORMATION CONTINUE  02 30 96 20 11. formationcontinue[@]lepontsuperieur.eu

Le Pont Supérieur 74 E rue de Paris 35000 Rennes.

LE SITE DE NANTES

DIRECTION / ADMINISTRATION 02 40 89 90 50. contact[@]lepontsuperieur.eu

DÉPARTEMENT DANSE 02 40 89 94 71. danse[@]lepontsuperieur.eu

Le Pont Supérieur 4 bis rue Gaëtan Rondeau 44200 Nantes.

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